Édition du 18 juin 2024

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Médias

Le Journal de Montréal "rides again"

Depuis plusieurs années déjà, le quotidien de Québecor, piloté par Pierre-Karl Péladeau, a mis le cap sur la promotion tous azimuts de la souveraineté du Québec. Tous ses commentateurs sont de service, par conviction ou par opportunisme (ou encore les deux à la fois).

Des populistes de droite comme Richard Martineau, Joseph Facal, Sophie Durocher, Mario Dumont, Mathieu Bock-Côté à d’autres, moins nombreux, de centre-gauche comme Josée Legault ou Réjean Parent, ex leader syndical se partagent ses pages.

L’ancienne feuille de chou, devenue "respectable" au fil des ans ne manque pas une occasion de promouvoir l’indépendance du Québec, comme si elle tentait d’amorcer un mouvement en ce sens. Cette orientation n’a rien de surprenant quand on sait que le grand patron de Québecor, Pierre-Karl Péladeau a été chef du Parti québécois (mai 2015-mai 2016). Il défend tenacement son idéal.

Il faut admettre que le journal, peut-être grâce à l’influence syndicale, publie régulièrement des dossiers sociaux qui font l’actualité, comme dernièrement celui, substantiel sur le crise du logement. Bien sûr, les chroniques financières s’adressant tant aux familles qu’aux entreprises y occupent une place importante, comme celles tenues par Michel Girard et Emmanuelle Grill.

René Lévesque se serait peut-être reconnu dans ce quotidien de centre-droit, lequel promeut une souveraineté plutôt favorable au monde des affaires "bien de chez nous" et à la défense du français, un dossier toujours crucial.

On retrouve dans les pages du Journal de Montréal du meilleur comme du pire. Les analyses de la politique québécoise comme celles de Philippe Léger et Marie-Ève Doyon, canadiennes comme celles de Philippe-Vincent Foisy y côtoient la présentation des affaires internationales, tels les textes fouillés de Loïc Tassé, Pierre Martin et Normand Lester. Ceux portant sur la situation internationale en particulier m’apparaissent souvent pertinents.
Mais la tonalité dominante du Journal est à droite, surtout aux plans économique et financier. Elle fait contraste avec l’orientation du journal Le Jour, publié par le Parti québécois sous forme de quotidien de 1974 à 1976, puis d’hebdomadaire de 1977 à 1978. La première version du Jour se situait clairement à gauche. Sa publication a cessé le 25 août 1976 en raison de conflits idéologiques entre les journalistes et la direction, qui les jugeait trop à gauche. Il a ressuscité sous forme d’hebdomadaire entre février 1977 et janvier 1978 avant de sombrer pour de bon par manque de fonds et de soutien du Parti québécois, alors au pouvoir.

Le Journal de Montréal est carrément une entreprise et Pierre-Karl Péladeau un patron radin. Il perd par exemple plusieurs techniciens à Bureau en gros (qui appartient à Québecor, directement ou indirectement) à cause des modestes salaires qu’il leur verse. Dès qu’ils trouvent mieux ailleurs, ceux-ci le quittent.

Péladeau s’imagine en même temps qu’en soutenant sans faillir l’idéologie indépendantiste, il va influencer l’électorat en faveur le "l’option" vu le rayonnement de son canard ; cette influence peut jouer en ce sens, mais sans être décisive, quoi qu’il advienne.
À sa manière, le Journal de Montréal reflète bien de façon diffractée par son populisme les contradictions et incertitudes qui caractérisent la société québécoise, plus que le Devoir, le journal si bien léché de l’intelligentsia.

Le journal de Péladeau, lui, se veut rassembleur, mais il fait plutôt penser à un ramassis.

Jean-François Delisle

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