Mais voici venir le sauveur : M. Prentice, premier ministre de l’Alberta ! Il va sortir de sa prairie pour venir énoncer comment les positions de l’Ontario et du Québec seront nuisibles à sa province et, par conséquent, au montant de péréquation que nous recevrons. Il est habilement aidé dans sa croisade par un lieutenant majeur d’Ottawa, nul autre que le ministre fédéral des Finances, M. Joe Oliver, qui a ouvert la voie lundi en clamant que le transport du pétrole est absolument nécessaire à la vitalité économique du pays. Décidément, on y met de l’ardeur du côté politique ! Économie, croissance, sécurité d’approvisionnement, emplois par milliers, respect de l’environnement sont les lignes directrices de nos dirigeants. Que de la bonne gouvernance quoi !
De son côté, la compagnie TransCanada ne chôme pas non plus pour séduire les Québécois. On envahit littéralement les médias sociaux et les hebdos régionaux d’annonces publicitaires bien propres et léchées qui vantent le transport du pétrole par pipeline. Encore là, nous entendons économie, croissance, sécurité d’approvisionnement, emplois par milliers et, surtout, respect de l’environnement et de la population ! Là encore que de la bonne gouvernance !
Pendant ce temps, les vraies affaires commencent à surgir et doivent certainement donner froid dans le dos aux promoteurs des sables bitumineux. Voici quelques exemples de vraies affaires qui ne sont jamais reprises par nos dirigeants.
On nous apprend que le béluga est en voie de disparition dans le Saint-Laurent (1), que le procédé d’extraction dans les champs pétrolifères est plus polluant que prévu et occasionne de temps à autre des irruptions dévastatrices sur l’environnement immédiat (2), qu’il serait pratiquement impossible de réparer les dégâts causés par un déversement de pétrole lourd dans le Saint-Laurent en hiver comme en été, que des centaines de kilomètres de rives seraient dévastées (3), que de plus en plus de financiers hésitent à investir dans les sables bitumineux, que plusieurs élus municipaux se positionnent contre la venue de ce pipeline dans leur municipalité, qu’il faut commencer sérieusement à contrer les changements climatiques et, finalement, que les pays producteurs de pétrole maintiennent leur production afin de contrer l’émergence des pétroles plus couteux à exploiter.
Comment nos politiciens feront-ils pour changer le tempo ? Quelle nouvelle valse inventeront-ils pour nous faire danser dans le tourbillon noir du pétrole ? Auront-ils le courage de tourner le dos à l’augmentation de la consommation et verront-ils enfin la voie des énergies nouvelles que toute la population attend ? Faut-il encore leur dire que chaque dollar investi dans les énergies du millénaire passé est un dollar de moins pour l’avenir ?
Jacques Tétreault
Coordonnateur général et porte-parole du RVHQ
(1) Guillaume BOURGAULT-CÔTÉ. « Les bélugas en voie de disparition. Un rapport fédéral force TransCanada à réviser ses plans », ledevoir.com, 2 décembre 2014.
(2) Andrew NIKIFORUK. « Next Oil Sands Threat : Cracking Caprock. Risks of steam-assisted bitumen recovery are too little discussed, experts say », TheTyee.ca, 7 octobre 2013.
(3) Alexandre SHIELDS. « Projet Énergie Est. Scénarios du pire. Un déversement de pétrole à Cacouna souillerait la rive Sud », ledevoir.com, 29 novembre 2014.