27 janvier 2021 | Forum social panamazone
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L’article a été rédigé par Vaneza Ferreira de la Commission FOSPA Guyane française
La Guyane est un département français d’Outre-Mer, créé par la Loi du 19 Mars 1946 régi par la législation française et européenne. Tous les textes nationaux sont applicables en Guyane mais ils doivent être adaptés à la particularité du territoire (article 73 de la constitution).
La Guyane représente un territoire riche en diversité naturelle, culturelle et économique. Malgré les frontières définies pour protéger le territoire français, les flux migratoires informels causés par le gradient de développement, l’ancienneté des flux et les relations entre les deux rives aboutissent au contraire à la constitution de régions transfrontalières informelles qui font des interfaces avec un ensemble géographique amazonien auquel longtemps la Guyane a tourné le dos.
Ce sont également des zones de contact entre le Nord et le Sud, avec toutes les conséquences des flux migratoires informels que ces frontières essentiellement politiques sont bien incapables d’enrayer.
Selon les dires de l’état qui souhaite développer la Guyane, le département rencontre des problèmes bien spécifiques au territoire guyanais. Nous allons décliner les principaux dans les points suivants :
Accès à la Terre en Guyane
Nous devons rappeler l’attache des Peuples Autochtones à la terre, en citant le discours de Félix Tiouka : “ Pour les Peuples autochtones, la terre est leur Mère, source de tous les biens nécessaires à leur survie et qu’il faut en conséquence protéger et respecter ; de plus, leurs “ institutions, [ leur] langue, [ leur] culture, ont été élaborées à travers les millénaires en parfaite symbiose avec les lois de la nature” (TIOUKA F., 1984)
Les Peuples premiers de Guyane demandent la restitution des terres au titre d’une réparation du méfait de la colonisation et dans le but de préserver leur mode de vie. 21 Avril 2017 : Les Peuples Premiers demandent 400. 000 hectares “ d’attribution”en urgence”, soit moins 5% du territoire guyanais.
Grande difficulté pour les peuples amérindiens d’avoir accès à la terre. Nous avons l’exemple de la commune d’Iracoubo : ayant émis une première demande en 1992, l’État attribuera la concession, 28 ans après.
En 1998, l’État établit un rapport sur la problématique de l’accès à la terre en Guyane. Le Conseil d’État et le Conseil des Ministres, la consultation des collectivités locales permettent la régularisation de la situation juridique de certains agriculteurs qui exploitent des terres. En 2020, l’État réalise des commissions pour définir l’utilisation des terres qui seront accordées aux Guyanais.
Impact de l’Orpaillage illégal
Depuis les années 1990, suite à des hausses importantes du cours de l’OR qui permettent l’exploitation rentable de gisements plus pauvres ou déjà écrémés, la Guyane subit de plein fouet une nouvelle ruée vers l’or. Cette ruée est caractérisée par la forte proportion d’exploitation illégale : les estimations d’exfiltration annuelle pour l’orpaillage illégal vont de 10 à 12 tonnes, tandis que la production annuelle déclarée est entre 1 et 2 tonnes !
L’exploitation minière en Guyane est encadrée par la législation française, parmi les plus exigeantes à l’échelle de l’Amérique du Sud. Les impacts de l’activité minière restent importants mais certaines dispositions visent à limiter ces impacts : Interdiction de l’usage du mercure depuis 2006, gestion de l’eau en circuit fermé, obligation de revégétalisation, obligation pour chaque négociant de renseigner un livre de police etc.
Néanmoins les activités des garimpeiros illégaux ne sont soumises à aucune loi et contrôle. A court ou long terme les dégâts sur l’environnement et la société sont colossaux. L’orpaillage détruit aussi les réserves amérindiennes, les endroits connus pour être utilisés par les peuples premiers.
Les conséquences désastreuses de l’orpaillage illégal
Les rivières, fleuves et forêts pollués par l’activité aurifère illégale : la forêt primaire guyanaise est une forêt connue pour être intacte mais dans l’espace de 20 ans, l’orpaillage incontrôlé est devenu la première cause de déforestation en Guyane.
Déforestation à cause de l’activité d’orpaillage illégal. D’après Alain Coppel, responsable de l’unité spéciale Nature : “ la majorité des rivières et tous les grands fleuves de Guyane sont impactés par cette activité”
Malgré la mise en place de la mission Harpie, l’état n’arrive pas à éradiquer l’orpaillage du territoire guyanais
Le danger de l’orpaillage illégal
Le mercure est utilisé par les orpailleurs illégaux, ce produit s’accumule dans les milieux naturels. Quand il coule dans un milieu aquatique, des bactéries le transforment en méthylmercure, facilement assimilable par les êtres vivants et un neurotoxique puissant. La contamination mercurielle, on la retrouve à la fois d’origine naturelle et liée à l’orpaillage illégal, elle peut aussi se concentrer le long de la chaîne alimentaire aquatique, atteignant des concentrations particulièrement élevées pour les poissons carnivores.
Immigration et seuil de pauvreté de la Guyane
Le dernier rapport de l’INSEE a été publié le 01 juillet 2020, plus de 60 000 Guyanais, soit 30 % de la population, vivaient sous le seuil de pauvreté en 2011. Un résultat inquiétant, malgré la prise en compte d’un seuil de pauvreté local établi localement à seulement 420 euros par mois, contre 1015 euros dans l’Hexagone. “En Guyane, les inégalités se sont accentuées entre 2001 et 2011 “pointe l’Insee, “les familles monoparentales sont, comme ailleurs, les plus touchées “. En Guyane, les inégalités sont plus marquées. Les individus sous le niveau de vie médian ne détiennent que 21 % de l’ensemble des moyens d’existence. Les 20 % les plus aisés en détiennent 47 %, soit 10,5 fois plus que les 20 % les plus pauvres.
La Guyane : Immigration cubaine et syrienne
La Guyane a connu plusieurs ondes d’immigration sur son territoire. Il existe une immigration dite “ normale,” celle qui vient de nos frontières. Mais la Guyane représente une porte d’entrée pour l’Europe. Depuis plusieurs mois, elle connaît un flux migratoire très grand, c’est la première étape avant d’aller en Europe pour les demandeurs d’asile.
Le principal problème vient bien du manque d’infrastructures, du manque de logements pour loger toutes les familles. Actuellement les migrants ont un camp de fortune pour se loger au bord de la plage de la Pointe Buzaré.
Les familles peuvent passer jusqu’à deux mois pour avoir une réponse de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides ( OFPRA). Les associations humanitaires tentent d’aider les familles, les enfants ne sont pas scolarisés en attendant. Il y a juste 30% des demandeurs qui ont une réponse favorable de l’État français.
Le Réseau Education sans Frontière ( RESF) a saisi le tribunal de Cayenne pour dénoncer le fait qu’il existe des milliers d’enfants guyanais qui ne sont pas scolarisés, ils ont présenté 20 procédures en urgence pour atteinte grave et manifestement illégale au droit de l’éducation et à l’instruction.
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