Dans l’enceinte du salon rouge où ont lieu les cérémonies, on peut voir à l’avant-plan une magnifique sculpture aux emblèmes monarchiques sur laquelle on peut lire l’inscription « Dieu et mon droit », une immense couronne chapeaute l’ensemble de l’œuvre. Tout au-dessus une immense peinture reproduit une scène parlementaire où le cardinal siège à droite du gouverneur, les autres murs sont parsemés de couronnes incrustées. Le salon bleu, siège de l’Assemblée nationale, offre l’ajout du crucifix au-dessus du siège de la présidence d’assemblée.
Ainsi s’opère la finalité d’un processus civil qui se veut démocratique et qui l’est en bonne partie ; devant la monarchie, l’église et dieu. Manon Massé avait bien raison de décrire cet exercice comme un rituel archaïque et franchement désagréable. Nos dix élues députéEs ont prêté allégeance au peuple québécois, mettant également à l’écart le drapeau du Canada, mais ont décidé de limiter au minimum l’importance de l’allégeance à la reine en s’y conformant, mais en privé. Sol Zanetti, avec son humour bien connu a pointé du doigt la peinture seigneuriale où le rôle de l’église s’impose.
François Legault vient conforter cette omniprésence du crucifix en prétextant l’importance des valeurs patrimoniales. Il promet du même souffle de restreindre le droit au port de signes religieux. Semble-t-il que le port de vêtements, en l’occurrence le hijab puisque c’est de ça dont il est question, aurait une propension ostentatoire pour les personnes en autorité. Mais qu’en est-il donc de notre institution au sommet de l’autorité, le Parlement ? Dans ce cas ce serait une question de culture. Mais ce n’est pas le cas pour les autres communautés, chez qui le port du hijab par exemple serait automatiquement ostentatoire.
Certaines personnes ont reproché à la députation de Québec solidaire d’avoir prêté serment en cachette. Régine Laurent a déclaré qu’elle trouvait ça hypocrite et pissou. L’analyste Emmanuelle Latraverse a décrit les règles constitutionnelles comme les règles fondamentales de la démocratie, lesquelles doivent être protégées.
Pourtant s’il y a des comportements secrets qui devraient être dénoncés ce sont les placements offshores qui entravent notre économie, ce sont les liens entre les dirigeants politiques et les institutions financières à tous les niveaux. Le gouvernement de la CAQ sera un gouvernement de banquiers. Péladeau avait placé une partie de ses avoirs dans des paradis fiscaux, Paul Martin avait inscrit ses navires au Panama, le ministre des Finances Bill Morneau avait défendu les intérêts de la firme Morneau/ Sheppel à laquelle il appartient, dans le dossier des régimes de retraite qui faisait l’objet du projet de loi C-27.
Cet empêtrement de règles et symboles monarchiques et chrétiens nous rappelle que nous avons encore un bout de chemin à faire pour réaliser une société démocratique et inclusive. Si on convient que le pouvoir suprême n’est plus à Londres, les règles héritées de la monarchie sont demeurées. La gouverneure générale a autorité au-dessus du parlement. Le premier ministre du Québec, à la tête d’un gouvernement majoritaire avec seulement 25% des voix, a tous les droits de décision sur son conseil des ministres.
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