Édition du 12 novembre 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet du 3 septembre

La haine des dominants, l’insolence des dominés

Si François Legault ne réussit pas son pari mardi, c’est que son discours de haine aura finalement été rejeté par la majorité de la population. Cela ne serait pas rien.

Regardons cela de plus près. Ce n’est pas la première fois qu’une telle agression verbale se profile au Québec. En 1996, c’est ce que Lucien Bouchard veut imposer avec sa restructuration « lucide » (malheureusement endossée par certains mouvements populaires et syndicaux à l’exception plus qu’honorable de la Fédération des femmes du Québec et du FRAPRU). « Travaillez plus, demandez moins et mettez de côté l’idée qu’il peut y avoir plus de justice sociale », nous disait mononcle Lulu.

Quelques mois plus tard cependant, le « cheuf » prend ses cliques et ses claques, car il ne contrôle même plus son PQ en attendant de se (re)mettre au service des patrons et des pillards. En 2003, Charest après avoir gagné l’élection promet de tout casser, mais il est surpris par l’ampleur de la mobilisation des papas et les mamans des CPE et des résistances syndicales qui bloquent le port de Montréal, rien de moins. En 2005, la même insolence du peuple s’exprime lors de la grève étudiante, appuyée rappelons-le par la majorité de la population. Résultat : étudiantEs : 1. Charest : 0.

En 2011 et 2012, les confrontations se multiplient. Une sorte d’intifada gentille éclate sur la rive-sud de Montréal contre les projets de gaz de schiste. Avant cela, des mobilisations inédites forcent le retrait de projets absurdes et criminels comme la construction d’une centrale au Suroît et la privatisation du Parc Orford. Chaque fois les dominants reculent, la queue entre les deux jambes.

Et on ne reparlera pas du printemps érable.

Devant ce blocage, les dominants ont de sérieux maux de tête. Ils mènent avec leurs médias-poubelles une puissante bataille des idées, appuyée par de nombreux intellectuels de service friands d’« ordre », de « respect de la hiérarchie et de la propriété » et nostalgiques de la grande noirceur d’avant la révolution-pas-si-tranquille. Des classes moyennes en difficulté, des retraités non-pensionnés, des gens des régions périphériques excédés par tout ce qui leur tombe sur la tête se font répéter le même discours à longueur de journée par les Mario Dumont, Éric Duhaime, Richard Martineau et d’autres roquets de service. Des « personnalités » médiatiques et universitaires en remettent, tels les Denyse Bombardier, Éric Bédard et Mathieu Bock-Côté qui semblent tellement affolés devant la colère, l’auto-organisation et la défiance du peuple.

Ce qui est rassurant cependant est que ce discours, en dépit des formidables appareils qui le relaient, ne passe pas tant que cela. Un reportage de Radio-Canada de dimanche soir sur l’ambigüité du vote des immigrantEs « révèle » que ces communautés sont attachées aux CPE, à l’accessibilité des études et de la santé. C’est révélateur parce que pour toutes sortes de raisons dont leur sentiment d’exclusion, ces communautés se replient généralement sur le PLQ. La CAQ les courtise également via des businessemen et businesswomen de service qui disent que dans la vie, il faut travailler 24 heures sur 24 et ne rien attendre du service public. Mais cela ne semble pas annihiler un certain instinct de classe, ce qui doit donner des cauchemars aux « experts » de l’Institut économique de Montréal.

Il faut dire que dans Parc-Extension et d’autres quartiers fortement immigrants, des candidatEs de QS comme Andrés Fontecilla font un excellent travail. Andrés est un pilier dans son coin de ville. Qu’il gagne (ce n’est pas impensable si le vote des jeunes sort en masse) ou qu’il perde, il a réussi à construire un puissant réseau qui fait exploser le mythe que les immigrantEs sont un « poids mort » pour la société québécoise et ceux et celles qui veulent la changer.

Pour ne pas conclure : rabattre le caquet à cette droite agressive et vulgaire que l’Empire Québecor a mobilisé au service des dominants serait certainement une bonne chose le 4 septembre. En attendant le lendemain, un gouvernement du PQ majoritaire ou minoritaire saura qu’il va entendre les casseroles et plus d’une fois lorsqu’il ressortira ses vieilles recettes « lucides ». Au cas où il serait dur d’oreille, il y aura quelques députés solidaires pour tirer la sonnette…

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