Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

La dérive

Après avoir mis sa gauche KO, le Parti québécois a une nouvelle cible : les deux députés de Québec solidaire. En 24 heures, Jean-François Lisée a publié trois billets s’attaquant à Amir et Françoise. Nous avons visiblement l’entière attention du ministre des Relations internationales. Ça n’arrive pas aussi souvent au Salon bleu !

Histoire de ne pas être en reste, Gilles Duceppe a traité « Amir Kadir » de « faiseux » sur Twitter, réagissant à une allusion à René Lévesque faite par M. Khadir en point de presse, ce matin. Avec dignité, Amir lui a répondu ce que M. Duceppe sait très bien : le Parti Québécois d’hier n’aurait jamais choisi la voix du fédéralisme pétrolier en déroulant le tapis rouge à Enbridge et en refilant aux gens ordinaires la facture de décontamination des sites miniers de l’Abitibi.

Quand il s’agit de colporter des ragots sur les solidaires, le Parti Québécois est très bavard. Dommage qu’il soit aussi silencieux sur les dérapages de ses candidats. Récapitulatif :

Mardi : Louise Mailloux persiste et signe en assumant pleinement ses propos sur le baptême et la circoncision (« un viol ») et sur la certification cachère (« une taxe servant à financer des guerres religieuses »). La « taxe cachère » est une théorie du complot maintes fois discréditée.

Mercredi : Une fouille exhaustive de la page Facebook de l’ex-candidat du PQ dans Lafontaine, Jean Carrière, révèle ses affinités pour Marine Le Pen et sa haine pour l’islam. Il démissionne jeudi matin. Silence du Parti Québécois, qui ne répond pas aux demandes d’entrevues.

Jeudi : Le député péquiste d’Argenteuil, Roland Richer, salue M. Carrière sur son Facebook, le qualifiant de « grand homme » qui ne « mérite pas ça », qui a « toute mon estime et mon admiration ». Silence du Parti Québécois, qui ne répond pas aux demandes d’entrevues.

Vendredi : Invoquant la liberté d’expression, Mme Marois dit « respecter » les propos de Mme Mailloux. « J’ai dit qu’il y avait une orientation du Parti Québécois (sur la Charte de la laïcité) qui avait été endossée par notre candidate, et tant qu’à moi, c’est ça qui est important. »

En somme, l’appui à l’une ou l’autre des orientations du Parti québécois permet de dire n’importe quoi. Malheureusement, ses orientations sont floues. Jamais ont-elles été aussi éloignées du Parti québécois des premières heures. 18 mois d’austérité et la candidature de Pierre-Karl Péladeau ont eu raison de ses fondements progressistes ; le fédéralisme pétrolier et les hésitations référendaires ont eu raison de ses fondements souverainistes.

Déjà, en 1971, Pierre Bourgault mettait son parti en garde contre une fausse respectabilité, fondée sur l’image et l’appui des gens d’affaires. « La respectabilité » disait-il, « ça n’est pas une image. C’est ce à quoi on arrive quand après des années, on se retrouve fidèle à ses objectifs du début, fidèles à ses principes du début, fidèles à ses rêves du début ». Quatre décennies plus tard, que reste-il du début ?

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