Édition du 15 octobre 2024

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Opinion

La centrale nucléaire Gentilly 2 : Un danger pour nous tous ?

On sait qu’à moins d’une réparation majeure de près de 2 milliards, la centrale nucléaire de Gentilly 2 sera fermée en 2013. Un tel investissement nous donne raison de croire que cette centrale est actuellement non sécuritaire et possiblement dangereuse pour la population.

Le 3 avril dernier, la Direction de la santé publique (DSP) de l’Agence de santé et services sociaux de la Mauricie et du Centre du Québec a émis un communiqué complaisant pour insister sur le faible danger de la présence de la centrale nucléaire de Gentilly-2. (réf : http://www.agencesss04.qc.ca/communiques/2009/com0304091.pdf)

Est-ce pour répondre à un appel pressant du Ministre de la santé et/ou d’Hydro-Québec que le conseiller en promotion de la santé de la DSP a bien fait ses devoirs et s’est transformé en promoteur du nucléaire en mettant les pendules à « l’heure normale d’Hydro-Québec » dans le dossier très controversé de l‘environnement sécuritaire de Gentilly-2.

Le conseiller rabâche les mêmes vieilles rengaines copiées chez ses prédécesseurs de l’ex-DSP en concluant au faible risque de Gentilly-2 tout en se basant sur des paramètres contestables. Rappelons-nous qu’en 1994, interrogée dans le contexte de présence de malformations congénitales près de G-2, Mme. Abbey Lippman, professeur agrégée du Département d’épidémiologie et de biostatistique de l’université Mc-Gill, a qualifié le modèle utilisé par la DSP ( MÉD-ÉCHO…) de système qui sert surtout l’administration et manque de détails essentiels pour servir de base à un système de suivi efficace…

Malgré ces lacunes, la DSP de l’époque osait affirmer que les problèmes de malformations congénitales chez les humains vivant près de la centrale de G2 ne pouvaient mettre en cause cette centrale. Pour documenter de telles conclusions, la DSP n’avait pas lui-même procédé à la collecte des informations pertinentes, mais s’était plutôt fiée aux données du promoteur de G-2 ainsi qu’aux normes douteuses de l’ex-commission canadienne de contrôle de l’énergie atomique, maintenant désignée : Commission Canadienne de Sûreté Nucléaire (CCSN).

Si les prétentions actuelles de la DSP continuent à être basées sur les mêmes données discutables et partisanes fournies par les “responsables” de G-2, cela dénote un manque de rigueur scientifique alarmant de sa part surtout lorsqu’on sait pertinemment bien que de nombreuses analyses scientifiques indépendantes établissent des relations entre les gens habitant près d’une centrale nucléaire et l’augmentation du taux de cancers, de leucémies et de malformations congénitales. À cet effet, rappelons qu’au fil des ans, ces études exhaustives et coûteuses concluent que l’exposition aux doses radioactives est plus nocive que prévue et qu’il n’y a pas de doses sécuritaires en matière de radiations. Il est bien connu que les réacteurs CANDU (comme celui construit à Gentilly-2) émettent plus de tritium que tout autre modèle de réacteur nucléaire au monde et que ce radio-isotope est reconnu cancérigène, mutagène et tératogène.

Plusieurs études scientifiques récentes peuvent très bien instruire les fonctionnaires de la DSP en la matière, s’ils prétendent rester à l’affût de tout développement des connaissances dans ce domaine. La consultation de l’abécédaire du Tritium ( http://www.tapcanada.org/fr/?page_id=11) pourrait éclairer leur lanterne !

Alors que leur devoir de protection du public devrait être basé essentiellement sur le principe de précaution, la DSP leurre systématiquement les citoyens en prétendant à nouveau suivre les normes qui ont été édictées unilatéralement (il y a bien longtemps) par le gouvernement fédéral pour le bénéfice financier et corporatif de l’industrie nucléaire canadienne (EACL). En rejetant du revers de la main, tout comme l’ont fait le ministre Bolduc et le maire Richard de Bécancour l’automne dernier, les récentes études scientifiques internationales sur l’environnement dangereux de nombreuses centrales nucléaires, la direction et les fonctionnaires de la DSP se discréditent eux-mêmes. En fait la DSP devrait plutôt questionner la pertinence de la norme réglementaire « périmée » jugée acceptable par le gouvernement canadien. Que doivent comprendre les québécois lorsqu’ils réalisent que la Californie tolère la présence de 15 becquerels au litre d’eau alors que le Canada en permet 7,000 ?

La DSP devrait recouvrer son objectivité transparente en remplissant sa mission de protéger, en toute indépendance, les citoyens qui doivent être très bien informés sur tous les aléas cachés dans la poursuite du nucléaire québécois, y compris en cas d’accident avec émissions radioactives dans l’environnement. Cela éviterait toute équivoque possible… car le genre de communiqué partial qui a été diffusé laisse douter de leur neutralité et donne l’impression de protéger l’industrie nucléaire.

Alain Charest

Mots-clés : Opinion

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