Édition du 17 décembre 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet

L’insoutenable hypocrisie de la politique extérieure du Canada

Violation de droits et business en Égypte.

Pendant que la Syrie, l’Irak et le Yémen s’engouffrent dans des conflits en apparence sans fin, l’Égypte s’enfonce par une spirale de violences. La situation actuelle en Égypte du point de vue des droits est pire que celle qui sévissait avant la révolte populaire de 2011.

Répression tout azimut

Il y a deux semaines, des militants des droits humains ont été accusé d’actes « dommageables aux intérêts nationaux. En fait depuis 2003, le gouvernement n’a cessé de s’en prendre aux organismes de droit et aux ONG. Des dizaines d’organismes ont dû fermer leurs portes. Les militants de ces groupes sont arrêtés et plusieurs sont soumis à la torture. Tout cela est mené par la main de fer de Magdy Abd el Ghaffar, ministre de l’intérieur actuel et ancien chef du Service de renseignement de la sûreté de l’État (sous Moubarak). Entre-temps, les syndicats indépendants se font rentrer dedans. Ainsi à la Compagnie navale d’Alexandrie, 1200 ouvriers ont été arbitrairement licenciés à la suite d’une grève de protestation contre les accidents de travail qui se multiplient dans cette entreprise. Actuellement, 26 ouvriers sont actuellement en attente de leur verdict par un juge militaire.

L’Égypte, « partenaire » des puissances

Les États-Unis et l’Union européenne continuent à appuyer le gouvernement égyptien. L’idée étant que l’Égypte est un « partenaire » dans la « lutte contre le terrorisme ». Juste avant de vendre des avions militaires à l’Égypte en 2015, le premier ministre français déclarait qu’il fallait se dresser contre le « fascisme islamique ». Pour sa part, l’aide militaire des États-Unis à l’Égypte monte à plus de deux milliards de dollars (canadiens) par année. Cette aide avait été suspendue au moment du coup d’état, mais elle a été rétablie depuis, faisant de l’Égypte le deuxième récipiendaire (après Israël).

L’ami canadien

Le Canada s’inscrit dans cette politique d’appui au gouvernement égyptien. Sur le site d’Affaires globales Canada, on dit que « la relation bilatérale entre le Canada et l’Égypte est un partenariat profitable fondé sur le respect mutuel et des intérêts communs à l’égard de la paix, de la stabilité et de la sécurité au Moyen-Orient, la coopération en matière de développement, la compréhension interculturelle et les relations commerciales croissantes ». Lors de la dernière visite officielle en Égypte en janvier 2015 le ministre conservateur John Baird avait réitéré l’engagement canadien envers le « développement de la gouvernance démocratique, le pluralisme et les droits de la personne, de même que la promotion des droits des citoyens, des droits de la femme et des filles et la liberté d’expression et d’association ». On aurait pu penser que Justin Trudeau aurait amorcé un tournant, mais en réalité, les questions de business ne sont jamais loin de la diplomatie canadienne, au moment où le commerce entre les deux pays dépasse $1,2 milliard de dollars. Fait à noter, plusieurs associations de droits actuellement dans le collimateur ont dans le passé été appuyées par l’Agence canadienne de développement international, tels l’Institut des études des droits humains du Caire, le Centre juridique Hisham Mubarak, le Center sur le droit à l’éducation et le Réseau arabe d’information sur les droits humains. A ma connaissance à la suite des attaques contre ces centres, on n’a rien pas entendu d’Ottawa.

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