Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

L’écologie pour qui ?

J’ai regardé les arbres de ma rue ce matin en marchant : des squelettes rachitiques. Les branches sont moins fortes, les feuilles plus éparses. Le feuillage est par conséquent comme moins touffu et plein de trous.

J’ai regardé les journaux ce matin et j’ai lu :

Pétrole de schiste extrait par méthane à Île Anticosti, cimenterie en Gaspésie dispensée du BAPE, pollution de la Chaudière suite au désastre du Lac Mégantic, BPC à Pointe Claire, tracé du pipeline de Trans Canada sur la rive Nord.

J’ai regardé mes arbres et j’ai mis mon bac de récupération au chemin. J’ai aussi réfléchi aux autres formes de pollution que connaît le Québec :

 perte des milieux humides à Laval au profit des entreprises de construction
 mine d’or en plein cœur de la ville de Malartic
 forêt boréale détruite par les industries papetières
 pollution des cours d’eau en phosphores par les engrais et les pesticides des entreprises agricoles
 pollution de l’air et des sols par l’industrie porcine
 pollution des sols et sous-sols par les mines et désertion des sites sans réhabilitation des milieux naturels
 exploitation du gaz de schiste en Estrie par l’industrie pétrolière et gazière
 site polluant de déchèterie par des multinationales du déchet
 transport de matières dangereuses à la fois sur le fleuve et à travers les villes et villages du Québec avec l’aval du gouvernement fédéral
 exploitation de l’uranium à Sept-Îles par le lobby du nucléaire
 acidification des lacs par la pollution des fumées des industries américaines du Bassin des Grands Lacs
J’ai regardé mon bac de récupération par la fenêtre. Et non ! Ce n’est pas ainsi que nous protégerons réellement la planète car les vrais pollueurs ce sont les industriels.

Que fait le PQ  ?

Quand vous avez lu la question, j’espère que vous avez hésité deux secondes, car c’est dans le secteur environnemental que le PQ a le plus hésité avant de faire connaître ses vrais couleurs.
Avec des promesses électorales comme l’électrification des transports et deux vedettes issus des mobilisations écologiques : Martine Ouellet et Réjean Breton, le PQ a créé bien des illusions chez nombres de militants et militantes.

Mais une fois au pouvoir le discours sur la séparation entre le développement économique et le respect de l’environnement a refait surface. Le résultat a été une relance du Plan Nord mais avec moins de brio que monsieur Charest et surtout une promesse à l’industrie minière de ne pas être gourmand dans les redevances et aucune obligation de payer pour dépolluer les sites endommagés par l’industrie.

Madame Marois est apparue avec un préjugé très favorable au pipeline de Trans Canada pour le transport du pétrole des sables bitumineux, pétrole qui ne desservira pas la consommation québécoise mais qui ne sera qu’en transit pour le marché américain et européen mais dont le Québec assumera les dangers du transport. Lac Mégantic en est un exemple funestre.

Elle s’est aussi prononcée pour l’extraction du pétrole à Anticosti. Pétrolia qui a obtenu les climes d’Hydro Québec (à quel prix, là est la question) prétend le faire avec du méthane au lieu de l’eau. Or le méthane est plus polluant et créateur de gaz de serre. Mais surtout Pétrolia prétend dans ses publicités le faire au nom de tous les québécois (les québécoise sont toujours exclues de ce genre de dossier) comme si ce pétrole appartenait à tout le monde alors que ce pétrole appartient à Pétrolia et va faire faire de l’argent à Pétrolia.

Toujours le développement économique est avancé pour justifier ces projets. Le respect de l’environnement et des ressources naturelles deviennent secondaires. Les gens veulent travailler au Québec et bien vivre. Oui mais les gens veulent de plus en plus vivre dans des milieux décents, propres et en santé pour eux et pour leur famille.

Ce n’est pas en sortant mon bac de récupération à tous les quinze jours maintenant (car les mesures néolibérales ont obligé les villes a coupé dans les effectifs des cols bleus et à confier à l’entreprise privée la cueillette des déchets) que je vais assainir notre territoire québécois.

La lutte écologique passe actuellement au Québec par une remise en question très drastique de l’emprise des industries capitalistes dans leur exploitation éhontée des ressources naturelles du Québec et par une dénonciation sans merci du jeu du PQ qui tente d’un côté d’amadouer les luttes écologistes et de l’autre travaille en sous-main pour accommoder les industries polluantes.

La société que nous voulons devra être socialement juste, socialement équitable, socialement égalitaire, socialement écologiste et socialement heureuse.

Chloé Matte Gagné

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