« Le gouvernement ne peut soustraire les employeurs de leur obligation de cotiser à un régime de retraite pour leurs travailleuses et leurs travailleurs. Faire ce choix politique, c’est tout simplement décider de laisser les individus à eux-mêmes alors que toutes les études démontrent que les expériences de ce type ont échoué. Au lieu de prendre le problème à bras le corps, le gouvernement s’en lave les mains, de déclarer Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN. Cela est d’autant plus incompréhensible que ce même gouvernement vient de compléter une autre commission parlementaire qui cherchait à embrasser plus large sur toute la problématique de notre système de retraite. Dans ce contexte, s’il veut démontrer qu’il prend très au sérieux le fait que 60 % des travailleurs ne sont pas couverts par aucun régime complémentaire de retraite, il devrait minimalement surseoir au projet de loi 39 et concentrer ses énergies pour faire avancer les autres travaux », poursuit-elle.
Les RVER constituent une réponse bien trop timide aux constats alarmants décrits dans le rapport D’Amours et repris par plusieurs intervenants. « Dans dix ans, on ne pourra que constater à nouveau l’échec de notre système de retraite et, pire encore, prendre acte du nombre effarant de travailleuses et de travailleurs qui n’auront pas d’épargne alors qu’ils seront rendus à l’aube de leur retraite », ajoute Francine Lévesque.
Par ailleurs, si le gouvernement devait malheureusement poursuivre dans son entêtement de mettre en place des RVER, il ne doit pas perdre de vue qu’il s’agit de l’argent des travailleuses et des travailleurs et qu’il a l’obligation d’assurer la sécurité de ces sommes en offrant l’encadrement légal et règlementaire « qui fera en sorte que ces derniers ne seront pas floués en bout de piste », de préciser la vice-présidente.
Quelques données
Les données sur les REER montrent que la plupart des épargnants les encaissent avant leur retraite. Malgré les 50 ans d’existence des REER, seulement 7,1 % des personnes de 65 ans et plus recevaient en 2006 des revenus provenant de ces régimes. On note aussi que les revenus de retraite tirés des REER vont toujours en décroissant et représentent maintenant moins de 10 % de l’ensemble des revenus de retraite.
Une autre urgence
La CSN profitera de sa présence en commission parlementaire pour réitérer sa proposition à l’effet de mettre en place rapidement un comité de travail, réunissant les représentantes et les représentants des employeurs, des organisations syndicales et du gouvernement, qui aura à établir une nouvelle méthode de financement des régimes de retraite, et ce, pour le 1er janvier 2014, avec effet pour les évaluations actuarielles du 31 décembre 2013. « Nous n’avons pas changé d’idée. Nous croyons toujours que c’est la priorité à laquelle doit s’attaquer le gouvernement », d’affirmer Francine Lévesque.
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.
La présentation de la CSN se fera le mardi 3 septembre à 16 h. La CSN n’a pas déposé un nouveau mémoire pour celle-ci puisque ses positions concernant les RVER se trouvent déjà dans celui présenté le 20 août. Vous le trouverez au http://goo.gl/WzFSGi.