Extraits de la vidéo de la période de questions du 16 mars 2016 à l’Assemblée nationale où le M. Couillard défend l’augmentation des frais des service de garde. Cet article répond à cette intervention.
Honte à vous ! Encore une fois, vous reprenez les raisonnements du néo libéralisme qui individualise et privatise tous les coûts des biens sociaux absolument nécessaires dans nos vies. M. Couillard, les droits sociaux existent. Vous les reniez, les transgressez, mais ils sont là et font partie des droits reconnus internationalement. Les politiques restrictives de M. Harper et leurs retombées dans ce domaine viennent d’être rejetées par l’ONU.
Les frais de garde que vous exigez en ce moment, sont imposés uniquement aux parents concernés tout en prétendant que les plus riches doivent payer plus que les autres. De cette manière, vous déclarez que toute la partie de la population qui n’a pas d’enfants utilisateurs de service de garde n’ont rien à y voir et que la situation des familles ne regarde qu’elles. Une personne comme moi qui n’a pas d’enfants ni petits-enfants ne devrait pas contribuer via ses impôts à la charge des familles ? Je ne devrais donc pas, puisque je n’ai pas de voiture, contribuer aux frais des transports privés…. Les enfants ne sont-ils pas des citoyens-nes ayant des droits ? Votre politique tue absolument tout ce qu’il pouvait y avoir encore de solidarité systémique dans ce secteur.
En créant des catégories différenciées quant à ces frais, vous nous informez que, selon vous, l’État n’est qu’une entreprise charitable prétendant protéger les plus pauvres. C’est un des éléments fondamentaux de tous ceux et celles qui veulent réduire à sa plus simple expression le rôle de l’État dans la vie sociale. Autre mantra du néo libéralisme. Nous offrons, paraît-il, à nos familles et nos enfants, les services de garde au plus bas prix en Amérique du nord. Il faut nous en réjouir. On nous cite d’ailleurs en exemple.
Et vous osez, avec vos collègues de l’économie, blâmer les parents qui réagissent aux montants qu’ils doivent verser en ce moment, de n’avoir pas été suffisamment prévoyants, de ne pas avoir mis d’argent de côté à cet effet ? Qu’elle arrogance, quel mépris ! Depuis 30 ans au moins, les salaires ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie et c’est par l’endettement que la classe moyenne et les couches moins favorisées arrivent à tenir le coup. Ajoutons-en !
De plus, concrètement, cette politique vise la privatisation des frais de garde. Il n’y a plus d’avantages pour une bonne partie des familles à utiliser les CPE ; les conditions financières des garderies privées sont plus avantageuses. De cette manière, vous créez à plus ou moins long terme, des ghettos pour les familles pauvres où les services iront en diminuant, leur pouvoir étant marginal.
Les recherches sérieuses ont pourtant démontré que, actuellement, la qualité des services est bien meilleure dans les CPE que dans les garderies privées. Vous encouragez aussi la garde à domicile sans surveillance, sans programme d’éducation, confiée à la bonne volonté de l’entourage des familles. Les CPE ont des programmes qui préparent les enfants à leur entrée à l’école ; les enseignants-es soulignent l’importance de ce facteur et la recherche encore une fois, démontre que c’est dans la petite enfance que les succès futurs se consolident.
Ce ne sont pas les quelques sous de réduction que le dernier budget a introduits qui feront la différence. Une partie des femmes qui peuvent travailler en ce moment n’auront plus avantage à le faire. Retour des femmes à leur place, à la maison ? Il est aussi prouvé que les femmes qui ont pu travailler grâce aux services de garde ont non seulement amélioré leurs conditions socio-économiques, mais contribué largement à l’économie.
Honte à vous pour une telle politique et pour la manière en partie malhonnête avec laquelle vous la défendez ! Et honte également à vos collègues qui vous approuvent !