Les travaux ont été interrompus pendant une vingtaine de minutes par un groupe d’Autochtones venus dénoncer le projet. L’action pacifique, avec chants, prières et encens, a mis au grand jour un des effets délétères du controversé projet Énergie Est, en cette soirée consacrée à l’« acceptabilité sociale ». (Voir la vidéo jointe).
Paquetage corporatiste
Dans la salle : deux cents personnes, des citoyens et des citoyennes inquiets venus poser des questions, des écologistes sur place pour s’informer, ainsi qu’une soixantaine de syndiqués, membres du syndicat des tuyauteurs et soudeurs de tuyauterie (local 144). Ces travailleurs, venus en autobus de Mirabel, ont des intérêts directs dans la réalisation du projet Énergie Est.
À Lévis, pendant l’action des Autochtones, les syndiqués, déterminés à défendre Énergie Est, les ont hués sans gêne, faisant les remarques les plus grossières. Le président du BAPE a quitté la salle pendant cette cacophonie où se mélangeaient bruits de tambour et invectives.
Les Autochtones, venus dénoncer le projet controversé et leur exclusion des consultations, ont quitté les lieux pacifiquement, sans intervention policière, sous les applaudissements des uns et les huées des autres. Les travaux ont repris, non sans une certaine tension dans une salle désormais polarisée.
Stress et tension sociale
Dans leur démonstration des effets sociaux sur les communautés touchées et du peu d’acceptabilité sociale, les chercheurs présents à l’audience du 17 mars ont identifié les effets que des projets comme celui d’Énergie Est peuvent avoir sur les communautés : stress, nuisance et fragmentation de la cohésion sociale. Les tensions observées lors de cette dernière soirée montrent, d’ores et déjà, certains effets du projet.
D’ailleurs, des travailleurs de la soudure et de la tuyauterie étaient également présents dans les salles satellites de Laval et de Trois-Rivières. Nous avons pu voir, par transmission vidéo, certains d’entre eux qui tentaient d’interrompre une citoyenne qui posait simplement une question aux représentants de TransCanada.
Peut-on refuser le passage du pipeline ?
Une propriétaire terrienne de la rive-sud de Québec a demandé si TransCanada respectera la décision d’un propriétaire qui refuse le passage de l’oléoduc sur sa terre. À cela, les représentants de TransCanada ont répondu : « qu’ils font face au même défi qu’Hydro-Québec lorsque l’entreprise doit passer une ligne électrique ». Ils ont ajouté qu’ils « ne pourront pas dévier le pipeline », concluant que leur objectif c’est que, finalement, tout le monde accepte.
Une citoyenne de Trois-Rivières a demandé ce que compte faire TransCanada puisque des centaines de conseils municipaux ont déjà pris position contre le pipeline. Rappelant du même souffle que les conseils municipaux sont des instances décisionnelles reconnues et légitimes.
Pour le vice-président de TransCanada, Louis Bergeron : « C’est un signal à l’effet qu’il y a une problématique ». Il a conclu : « TransCanada prend acte de tout cela et va agir en conséquence ».
« Jusqu’où faudra-il que les citoyens aillent pour faire comprendre qu’ils ne veulent pas de ce projet ? », a demandé une femme de La Pocatière. Le président du BAPE a refusé de transmettre cette question aux experts présents.
Le BAPE recevra les questions supplémentaires des citoyens jusqu’au 24 mars prochain. Les questions et les réponses seront intégrées au rapport final.
Le BAPE se poursuit le 25 avril
La seconde partie de ce BAPE sera l’occasion pour les citoyens et les groupes de citoyens de venir exprimer leur point de vue sur le projet. Une seule règle : le respect du droit d’auteur, et aussi aucun propos diffamatoire ou injurieux n’est toléré.
Les personnes voulant déposer un mémoire ont jusqu’au 31 mars pour faire connaître leur intention. Le formulaire d’avis d’intention est disponible sur le site du BAPE, et dans les différentes salles du BAPE à Lévis, Trois-Rivières, Laval et La Pocatière.