À peine la passation de pouvoir effectuée, Hollande doit rencontrer Merkel dans le cadre de l’Europe et Obama pour l’Otan. Il devra alors décider quelle politique il compte mettre en œuvre.
Cette fois, il n’y aura pas d’état de grâce, les événements se précipitent. Dès avant sa prise de fonction le 15 mai, Hollande a déjà reçu Van Rompuy, le président de l’UE et Juncker, le président de l’Eurogroupe et le soir même du 15 mai, il sera à Berlin avec Merkel.
Puis le 18, il sera à Washington avec Obama, et le 20 à Chicago au sommet de l’Otan. Cela devrait amener des clarifications nécessaires sur la politique, économique et internationale, étroitement liées, que son gouvernement va conduire et permettra de sortir des discours abstraits sur austérité et croissance ainsi que de la comparaison hasardeuse entre l’élection de François Hollande et l’arrivée de Roosevelt et du New Deal.
Règle d’or
Tout le monde sait qu’en Europe l’année 2012 va être très difficile en ce qui concerne la croissance et donc l’emploi et les revenus de la majorité des populations. Par exemple, pour la France, l’Insee a publié le 15 mai la croissance trimestrielle du PIB : +0, 9 % au 1er trimestre 2011, puis +0, 0 +0, 3, +0, 1 et +0, 0 au 1er trimestre 2012. Mais malgré cela, les libéraux qui dirigent l’UE ont sermonné Hollande : une seule politique possible, l’austérité, symbolisée par le pacte budgétaire et la prétendue « règle d’or ». D’abord Merkel, puis la commission, puis le président de la BCE et même celui de la banque centrale allemande, la BundesBank. Ce dernier a argumenté contre les quelques augmentations de dépenses publiques annoncées dans le programme électoral de François Hollande :« combattre les dettes par les dettes, cela ne marche pas », mais on peut lui répondre facilement que « combattre l’austérité par l’austérité, cela ne marche pas non plus », comme on le voit depuis deux ans.
La pression de marchés
Car la crise est loin de s’apaiser. Après l’annulation d’une partie de la dette grecque, les « marchés financiers » maintiennent la pression. Et « on » envisage une sortie de l’euro, ce qui ne serait une solution ni pour la Grèce ni pour l’Europe. Après la Grèce, l’Espagne est maintenant en première ligne. Malgré un gouvernement conservateur qui accentue les programmes d’austérité et malgré les 1 000 milliards accordés par la BCE aux banques européennes (notamment espagnoles), plusieurs de ces dernières sont au bord de la faillite et une vient d’être « nationalisée » (puisqu’elle a subi les plus grosses pertes !).
Luttes contre l’austérité
Face à ces politiques menées par des fanatiques, pour la plupart non élus, de l’austérité et des « réformes », quelles sont les forces disponibles ? Elles s’expriment déjà par les défaites électorales récentes des gouvernements pro-austérité en France et en Grèce, et le recul sévère dimanche 13 mai de la CDU de Merkel en Rhénanie-Westphalie. De même les peuples islandais et irlandais continuent de refuser de payer la crise dans les référendums qui leur sont proposés. Mais les bulletins de vote seront certainement insuffisants s’ils se tournent vers les sociaux-libéraux. Rappelons-nous que dans les années 1980, dans l’Europe des quinze, il y avait douze gouvernements « socialistes » qui ont mis en place les politiques européennes actuelles.
Pour mettre fin à ces politiques d’austérité et imposer l’annulation de la dette publique, la seule façon de gagner, ce sera par les mouvements sociaux et leur convergence. Depuis plus d’un an, les Indignés manifestent en Grèce, en Espagne, en Italie. Il faut que les électeurs de « la gauche de la gauche », notamment en France et en Grèce, se transforment en manifestants. Il faut que le mouvement syndical européen, qui il y a plus d’un an avait produit une belle déclaration antiaustérité, s’engage effectivement dans une vraie bataille. Une première échéance européenne de rassemblement pour cette lutte aura lieu les 18 et 19 mai avec les diverses interventions (conférences et ateliers) contre les politiques d’austérité de la Troïka (UE, FMI, BCE), et surtout une manifestation le samedi 19 mai à Francfort, siège de la BCE (voir Tout est à nous ! du 26 avril et du 10 mai).
Nous sommes les 99 % !