Nous en savons quelque chose, puisque l’année dernière, le mois passé et hier encore, nous étions dans la rue. Nous y étions pour dire NON à la taxe santé, pour crier l’urgence de prendre soin de la planète Terre, puis pour dénoncer l’augmentation planifiée des tarifs d’électricité. Et bien sûr, nous y sommes retournées pour nous opposer à la hausse des frais de scolarité. Maintenant, des requins se concertent et rôdent, toutes dents dehors, autour de nos revenus de retraite. Demain, pourrons-nous aller dans la rue pour faire valoir notre désaccord sur ces décisions qui appauvrissent la classe moyenne, les plus démunies et plus particulièrement les femmes ?
Inquiètes et non sans raisons ! Nous avons 100 raisons de l’être ! Soyons brèves, en voici deux.
Premièrement, notre liberté en prend tout un coup. Les lois pour nous faire taire se multiplient d’années en années. Les mesures musclées pour nous dissuader de nous exprimer s’intensifient. La loi spéciale 78 vient de nous enlever le peu de voix qu’il nous reste. Nous en sommes rendues à nous poser la question : « Quel droit ce gouvernement nous laisse-t-il pour dénoncer les injustices sociales ? » Rappelons-nous que de tout temps, même sans droits, les femmes sont restées debout et ont su résister. Nous serons fidèles à notre histoire.
Deuxièmement, il est impossible de faire confiance à ce gouvernement. Le bon fonctionnement d’une société requiert une communication basée sur le dialogue : une personne qui parle, une autre qui écoute et vice-versa. Force est de constater que, malgré les centaines de milliers de personnes qui prennent la rue continuellement, en scandant leurs revendications, et les milliers d’autres absentes qui les appuient moralement, rien n’est entendu... Pas plus les demandes étudiantes que le retrait de la taxe santé ou que la sauvegarde des services publics. Pire encore, ceux qui font la sourde oreille sont soupçonnés de corruption.
Nous sommes inquiètes et en colère de l’avenir de la démocratie et de la défense des droits au Québec. Hier, par décret, on faisait taire les infirmières et les infirmiers. Aujourd’hui, une loi spéciale musèle la population mobilisée par les revendications étudiantes. À qui le tour demain de goûter à ce mépris, à ces tours de passe-passe ? Une petite privatisation par-ci, une petite hausse par-là, une grosse enveloppe brune par en-dessous, une grosse loi matraque par-dessus…. Les requins ont faim !