Dans un premier temps, les auteures définissent la notion de féminisme. Elles identifient deux courants bien distincts : celui qui est un auxiliaire du capitalisme, qui réclame l’égalité des chances pour dominer, qui veut briser le plafond de verre incitant les femmes à s’imposer. Mais à s’imposer comme femmes privilégiées.
À l’autre extrême, le féminisme qui veut en finir avec le capitalisme, qui rêve d’un monde juste, du partage des richesses pour tous et pour toutes et pour une réelle égalité. Ce mouvement est à l’origine des mobilisations contre les violences faites aux femmes, parle du travail rémunéré des femmes mais aussi du travail invisible et gratuit fait par les femmes. Et ce féminisme reconnaît la crise actuelle et structurelle de toutes les sociétés.
Cette notion de crise sociale globale est celle qui fait le pont avec les politiques néolibérales et la faillite du capitalisme.
Et à travers cette crise sociale globale, les auteures introduisent la crise concernant le genre et la reproduction sociale. Le capitalisme sépare le travail pour faire des personnes de celui pour faire du profit. Le travail de reproduction sociale est confié aux femmes soit le genre féminin. Est ainsi développé la binarité sexuelle et l’hétérosexualité.
Et ce travail est dévalorisé, soumis au travail qui développe le profit. Contexte idéal pour voir apparaître la violence faite aux femmes. Les violences deviennent ainsi système intégré au capitalisme et ne pas comprendre cette intégration peut mener à revendiquer des mesures de justice pour enrayer les violences ou encore favoriser le microcrédit pour les femmes pour enrayer leur pauvreté...et cela bien inutilement. Il faut plutôt lier les luttes contre les violences faites aux femmes à toutes les luttes contre les violence du capitalisme.
Le sexualité peut aussi conduire à de faux rêves de libération alors que normalisation et conceptualisation sont de mises et favorisent l’individualisme, le retour au privé et la consommation marchande. Une sexualité réellement libérée reposera sur un soutien public de la reproduction sociale et un modèle plus large de liens multifamiliaux.
Les luttes racistes et anticoloniales sont aussi exposées. Le modèle des femmes blanches n’inclut pas toutes les femmes et toutes les oppressions. Le capitalisme en profite pour jouer sur la division.
La crise écologique est aussi examinée comme un aspect e la crise globale du capitalisme. Et cette crise aggrave les oppressions des femmes qui forment près de 80% des réfugiées climatiques, sont majoritairement dans le monde les responsables de cultiver la terre et les piliers des communautés subissant les désastres naturels.
Les deux dernières thèses parlent de l’importance de l’internationalisation des luttes des femmes et de la nécessité d’une insurrection anticapitaliste commune.
En conclusion
Nous avons lu ce livre parfois avec plaisir, parfois avec rage.
Avec plaisir, parce que les liens des oppressions des femmes sont bien situées dans le système capitaliste. Et la notion de reproduction sociale rend bien compte de la continuité travail rémunéré et travail ménager gratuit et invisible fourni par les femmes et utilisé par le capitalisme. Encore aurait-il fallut insister davantage sur le rôle du travail gratuit des femmes en montrant que ce travail nécessaire permettait une plus grande marge de profits par sa gratuité et voir que ce travail gratuit pèse lourd dans la place des femmes sur le marché du travail comme travailleuses précaires, sous payées et ghettorisées.
Avec rage, parce que les notions de violence faites aux femmes passent presque sous silence une notion essentielle développée par le mouvement des femmes : le système patriarcal soit les mécanisme de domination des hommes sur les femmes et dont la capitalisme a repris à son compte en les modulant selon son bon vouloir : famille hétérosexuelle, sexualité hétérosexuelles, absence des lieux de pouvoir, prostitution, viols, violence familiale etc. et cela conduit à une erreur de stratégie dans le développement des luttes en ne posant pas la nécessaire auto-organisation des femmes pour lutter contre le patriarcat et contre le capitalisme. Une insurrection sans la reconnaissance des revendications des femmes laisse de côté la moité de l’humanité et permet aux mesures patriarcales si insidieuses de continuer à pervertir les esprits et les actes des individu-e-s.
Marx serait content de ce livre peut-être pas Alexandra Kollontaï.
Chloé Matte Gagné
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