Jean-Claude Charles ouvre de singulières perspectives en interrogeant le mythe du corps noir. Une lecture indispensable pour mieux comprendre la condition noire.
Extrait Ici s’amorce une tentative de saisie de ce qui se nomme « la question noire » – et qu’il faudra bien débaptiser. Par plusieurs bouts à la fois. Y compris, surtout, les plus éloignés apparemment. À partir d’un fil obsessionnel obligé : le carnaval macabre des boutiquiers de la négritude toujours prêts à brandir leurs « spécificités » dans un uniforme froissement de chèques, un tam-tam de capital transnational. Un bruit de mort auquel l’Occident peut rester sourd, puisqu’il vit, s’affirme à ce prix-là. La misère noire ne serait pas la misère blanche ? Un cadavre noir ne serait pas un cadavre blanc ?
Du corps noir comme invention. Du corps noir comme objet d’échange. Telles sont les deux articulations de cette réflexion sur les dépôts de stéréotypes, de fantasmes sur les Noirs – auxquels il s’avère que des Noirs eux-mêmes participent avec talent ; à travers les corps multiples que l’œil du maître voudrait unifier et folkloriser dans le travail acharné de l’altération ethnique ; à travers aussi, découpé, éparpillé, mon propre corps, ses conflits, sa dispersion. À ses risques et périls.
L’auteur Né en 1949 à Port-au-Prince et décédé à Paris en 2008, Jean-Claude Charles a quitté Haïti à l’âge de 21 ans. Poète, romancier et essayiste, il est l’auteur d’une œuvre immense, rééditée chez Mémoire d’encrier. Marguerite Duras a vu en lui le « meilleur écrivain d’aujourd’hui ». Négociations (poésie), Manhattan Blues (roman), Bamboola Bamboche (roman) et De si jolies petites plages (chronique) sont disponibles chez Mémoire d’encrier. Jean-Claude Charles a également travaillé pour Le Monde, Politique Hebdo, Le Quotidien de Paris, Libération ou encore France Culture où il a produit des émissions consacrées à Franz Fanon, Chester Himes et John Updike.
« C’est en France que j’ai découvert que j’étais noir »
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