Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

Espionnage de la NSA - Sommes-nous encore libres ?

J’ai écrit cet article pour Résistance depuis mon ordinateur, puis l’ai mis en ligne sur le site. Un certain nombre de webmestres l’ont également reçu et peut-être ont-ils fait la même chose que moi. Nos lecteurs respectifs ont pu lire cet article le lendemain. Quelqu’un cependant l’a lu avant eux, ou était tout du moins en mesure de le faire. Ce n’était pas ni un membre de Résistance, ni les webmestres qui en ont été destinataires. Je ne connais pas ce quelqu’un. Il ne vit certainement pas en France. Il opère loin d’ici, au-delà de l’océan…

Je ne suis pas un terroriste, je ne suis pas recherché et je paie mes impôts. Bref, je suis un citoyen lambda. Mais ce quelqu’un sait tout de moi. Il sait à qui je téléphone parce qu’il a accès à mes données sur mon smartphone. Il sait à qui j’écris et surtout ce que j’écris, car il est capable de surveiller tous mes mouvements sur Internet. Il prend note de mes achats en ligne, consigne tout et scrute mes mouvements sur mon compte bancaire de telle sorte qu’il sait ce que je gagne. Mon patrimoine n’a aucun secret pour lui.

L’utilisation de Facebook lui facilite grandement la tâche. Parce que l’internaute met sa vie à nu sur le plus grand réseau social du monde. Il nous renseigne sur son cercle d’amis, publie des photos amusantes, insolites, et parfois intimes, sans se rendre compte qu’un jour, tout ceci pourrait un jour se retourner contre lui. Il ne se doute pas que ce qui est posté sur Facebook ne peut être supprimé, même lorsque ses contacts ou le quidam n’y ont pas accès. Toutes ses informations restent gravées dans une énorme mémoire, suspendues en quelque sorte sur un nuage virtuel qu’il ne peut atteindre. Il perd ainsi le contrôle de son passé et du présent.

Certains se remémoreront immanquablement la Vie des autres, film dans lequel la Stasi surveillait dans le Berlin des années quatre-vingt les intellectuels soupçonnés de critiquer le régime d’Erich Honecker. Le parallèle avec l’URSS, la Chine et tous les pays supposés autoritaires ou dictatoriaux sera rapidement fait. On leur oppose notre culture démocratique et la liberté. Les lois sont d’ailleurs censées nous préserver de toute intrusion. L’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme ne proclame-t-il pas le droit de toute personne au respect « de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance » ?

Les révélations faites par l’ancien employé de la CIA et de la NSA Edward Snowden sont pourtant inquiétantes. Microsoft, Google, Apple, Yahoo, BlackBerry, Facebook, etc., collaborent, de leur plein gré ou sous la contrainte, avec la National Security Agency (NSA), la super agence des services secrets étasuniens, lui octroyant un accès privilégié à leurs données. Un peu comme si un étranger avait accès à une porte secrète de votre maison sans que vous n’en déteniez les clefs…

Aujourd’hui, un agent secret n’aurait plus besoin d’allumer mon ordinateur et de télécharger mon disque dur. Le processus est en grande partie automatique. De temps à autre et à mon insu, mes données peuvent être collectées et transmises je ne sais où. Ce qui est remarquable, c’est que tout cela se produit dans les pays qui ne sont apparemment pas totalitaires. Ces derniers se revendiquent au contraire tous de la démocratie. Pourtant, ces faits s’inscrivent dans un processus aux conséquences potentiellement désastreuses.

Le 11 Septembre en a été l’acte fondateur. Capitalisant sur le choc provoqué par les attentats dans les opinions internationales, la lutte contre le terrorisme a permis de justifier la plupart des actions menées par les États-Unis. Les menaces terroristes qu’on brandit à dessein permettent de renforcer les structures de contrôle de la population. Nous ne savons pas aujourd’hui ce que la NSA, le FBI ou la CIA ont pu faire de nos informations personnelles, ce qui, dans un État de droit, relève de l’inconcevable. Les conséquences de ce paradoxe sont colossales. Notre intimité est désormais mise à nu et partagée par autrui sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. Plus personne ne pourra désormais se sentir totalement en sécurité. Sommes-nous tout simplement encore libres ?

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