« Philippe Couillard n’a pas encore indiqué qu’il entend corriger en 2018 l’erreur historique que son prédécesseur a commise en cédant à des intérêts privés, pour 10 ¢ l’hectare, des droits réels immobiliers sur d’immenses portions du territoire québécois », note Carole Dupuis, coordonnatrice générale et porte-parole, dans son mot d’introduction – en rappelant que ces droits ont été vendus « sans avoir obtenu le consentement des occupants légitimes ». Tout au contraire, déplore-t-elle, le Premier ministre semble toujours résolu à renforcer ces droits et à « enfoncer les forages dans la gorge des Québécois » en autorisant la fracturation hydraulique et les autres procédés d’extraction non conventionnels « sans lesquels les hydrocarbures resteraient à jamais prisonniers du sous-sol québécois ».
Le RVHQ s’indigne particulièrement du fait que le gouvernement Couillard entretienne le mythe des avantages du gaz naturel en matière d’émissions de GES pour justifier l’extraction de gaz naturel par fracturation ou par des procédés similaires, et dilapide des centaines de millions de dollars de fonds publics en accordant des privilèges fiscaux aux gazières, en finançant le prolongement du réseau de Gaz Métro/Énergir et des conversions au gaz naturel au moyen du Fonds vert et en réservant « un minimum de 200 millions de dollars » du Fonds Capital Mines Énergie à « des projets d’investissement dans le secteur des hydrocarbures, notamment pour favoriser des initiatives concernant la transition vers le gaz naturel liquéfié ».
« Même si le ministre [de l’Énergie et des Ressources naturelles] Moreau se tue à marteler que le gaz naturel diminue les GES de 25 à 32 % par rapport au pétrole, cela demeure irréaliste, insiste le RVHQ : comme l’ont expliqué les scientifiques qui ont participé à notre briefing de presse en septembre dernier, y compris l’un des co-auteurs des deux derniers rapports du GIEC*, le gaz naturel conventionnel procure, au mieux, des gains marginaux en matière de GES ; quant au gaz de schiste, sa contribution au réchauffement climatique est plus élevée que celle du diésel. »
En puisant dans les dizaines de résolutions, lettres de commentaires et mémoires transmis au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles et accessibles à partir du site Web du RVHQ, le RVHQ témoigne de l’intensité de l’opposition à l’exploitation des hydrocarbures, de la diversité des opposants et de la gravité des motifs invoqués – qui dépassent de très loin la question des distances, comme le ministre Moreau semble vouloir le laisser croire. Des améliorations cosmétiques comme l’allongement des distances, visant simplement à montrer patte blanche, et des lignes de communication habilement ficelées pour tenter de banaliser le dossier ne sauraient en aucun cas suffire pour apaiser un tel tollé, estime le RVHQ.
« Devant un tel déferlement d’opposition, deux options s’offrent à Philippe Couillard, insiste madame Dupuis : opérer un recul stratégique – un recul honorable pour sortir le Québec du guêpier où il s’est aventuré et tabler plutôt sur les promesses de la transition. Ou sinon, parier sur un coup de force pour tenter de défoncer le mur social, au mépris de ses engagements climatiques. »
« On a peine à croire que le Premier ministre pourrait choisir la deuxième option et les déchirements qui en résulteraient inévitablement », conclut-elle, en précisant que le RVHQ se prépare néanmoins au pire – dans l’espoir de l’éviter.
Le texte intégral de l’Infolettre est ici.
* Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
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