De Paris, Omar HADDADOU
La retraite en France peine à s’affranchir de sa Misérabilité. Ne vous fiez pas aux dorures ostentatoires enjolivant çà et là la Vème République ! Combien sont celles et ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts ? Ceux qui ont contracté un CDI avec l’affliction quotidienne ? Neuf (9) milliards d’euros ! C’est l’enveloppe allouée au secteur spatial sur les trois prochaines années. Elisabeth Borne l’annonçait avec allégresse et fierté. Au moment où Jean- Luc Mélenchon s’indignait, à gorge déployée, des 9 millions de pauvres en France.
Il y a asymétrie de gouvernance qui sert les nantis en écrasant les démunis. Au cœur du débat depuis hier, la retraite s’est trouvée captive d’une disposition verticale et brutale rappelant les édits du Roi soleil : L’Article 49. 3 de la Constitution qu’Emmanuel Macron pourrait y recourir, consiste à faire passer un projet de loi sans le vote des parlementaires. Une bombe à retardement politique qui a aussitôt suscité une levée de boucliers chez les syndicats : « S’il n’y aura pas de recul de l’âge de la retraite, il faut s’attendre à un blocage du pays par les grèves » avertit Frédéric Souillot de Force ouvrière, relayé par son confrère, le Secrétaire confédéral, Michel Beaugas : « L’Exécutif nous trouvera sur sa route »
Reçus ce lundi, deux heures durant, par le Ministre du Travail, Olivier Dussopt, les partenaires sociaux ont enjoint le Gouvernement à éviter un « passage en force », sous peine de rompre toute discussion. L’option d’une réforme des retraites via le budget de la Sécurité sociale, « n’a pas été écartée ». Mais les syndicats ont été aussitôt confrontés à la réalité de l’instant présent, celle d’un désaccord avec le Ministre qui a tenté vainement de les convaincre sur la nécessité de réformer rapidement le système des retraites.
S’engage alors un bras de fer, durant lequel les lignes ne bougeront pas. Les partenaires sociaux font front au projet présidentiel de porter l’âge de départ à la retraite à 65 ans (actuellement 62 ans). Olivier Dussopt a beau étoffer son rapport, il est suspecté de « noircir la perspective financière pour légitimer une mesure qui interviendrait rapidement », selon Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT. Très proche d’Emmanuel Macron, le haut-commissaire au Plan, président du Modem, François Bayrou, préconise une politique sur les retraites que l’on pourrait qualifier de participative : « Je suis opposé au passage en force. Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de coaliser d’abord les oppositions entre elles, puis diviser la société française. Ce n’est pas une question pour l’immédiat, mais pour les décennies qui viennent. C’est donc le moment de rassembler plutôt que d’opposer ».
Le patron de la CFDT, Laurent Berger s’est montré intransigeant : « La CFDT s’opposera par tous les moyens à une réforme des retraites qui passerait par un amendement au Projet de loi de financement de la Sécurité sociale, y compris en quittant la table ».
Le bras de fer et la gronde ne font que commencer. La rue risque d’être le théâtre d’intenses et bouillonnantes contestations, dans les jours à venir.
O.H
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