Dans une posture d’éducation populaire, le RTRGFQ a collaboré avec l’illustratrice Naj Hadi afin de mettre en images et en mots les parcours de Chandra, de Joséphine et de Judith, trois personnages aux horizons différents. Leurs chemins remplis d’embûches pour accéder à des soins de qualité font écho aux expériences similaires des femmes dans les dix-sept régions du Québec.
Les obstacles observés par les Tables régionales de groupes de femmes sont nombreux : services centralisés dans les centres urbains ; services privatisés et tarifés aux femmes en situation de vulnérabilité ; services inadaptés aux réalités diverses et multiples des femmes ; longs délais d’attente et services réduits, interrompus ou manquants en raison d’une insuffisance de ressources humaines et financières ; attitudes teintées de préjugés envers les femmes et particulièrement envers celles vivant à la croisée des oppressions.
« Ces multiples défis d’accessibilité du système public de santé touchent tous les pans de la population québécoise. Toutefois, les barrières affectent plus durement les femmes puisqu’elles sont à la fois les principales utilisatrices du réseau en plus d’être souvent celles qui prennent soin et font le lien entre leur famille et les services sociaux et de santé », explique Karine Drolet, secrétaire-trésorière du RTRGFQ.
Par ailleurs, pour plusieurs d’entre elles, notamment les femmes autochtones, racisées, immigrantes, aînées, lesbiennes, de la diversité sexuelle, vivant en zone rurale, avec un handicap ou dans la pauvreté, les obstacles se croisent et se cumulent. Cela entraîne des conséquences importantes sur leur santé physique et mentale de même que dans toutes les sphères de leur vie, qu’on pense au travail, aux études, à la famille, à l’implication citoyenne ou aux loisirs.
Le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec est préoccupé par l’avenir du réseau de la santé actuellement fissuré de toute part. La culture axée sur la performance, la surcharge des travailleuses du système de la santé et des services sociaux, le manque de volonté politique en ce qui a trait à la sécurisation culturelle des personnes autochtones, la détermination à restreindre l’offre de services sociaux et de santé aux personnes qui ne maîtrisent pas le français, de même que le délestage vers le privé et le milieu communautaire doivent cesser.
Nous demandons un réinvestissement massif dans le réseau public de la santé et des services sociaux et une réorganisation majeure. Des changements visant la qualité, la fluidité et la complémentarité des services offerts sont nécessaires pour favoriser le rétablissement des personnes et pour assurer le maintien et l’amélioration de ce système en fonction des principes de gestion publique, de gratuité, d’intégralité, d’universalité et d’accessibilité tels qu’énoncés dans la Loi canadienne sur la santé.
Audrey Gosselin Pellerin, organisatrice féministe politique au RTRGFQ, est sans équivoque : « Tout comme les personnages de Chandra, de Joséphine et de Judith, les Tables régionales de groupes de femmes sont réunies par leur soif de justice sociale et leur volonté de défendre le droit à la santé au Québec. Il importe que toutes les femmes aient rapidement un réel accès à des services sociaux et de santé publics, gratuits, universels et de qualité sur l’ensemble du territoire ! »
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