Chacun encense l’apparente ascension de celles-ci et terminent en rappelant qu’il reste bien sûr du travail à faire pour en arriver à une égalité parfaite, mais que comparé à l’Afghanistan, la situation s’est nettement améliorée. Bien sûr ! Tout cela est des évidences, mais que se cache-t-il derrière cette réussite ?

Derrière chaque femme qui occupe un poste important se cache des choix redoutables : avoir des enfants va-t-il nuire à ma carrière ? Comment réagira mon patron devant une autre demande de congé de maternité ? Devrais-je sacrifier l’allaitement de mon poupon pour occuper ma fonction de député à la Chambre des Communes ? Devrais-je cesser d’aller aux réunions de l’organisme dans lequel je m’implique bénévolement parce que la présence de mes enfants dérange ? Le propriétaire de cet appartement va-t-il refuser de me louer parce que les enfants, ça fait du bruit ? Pourrais-je encore aller au Conseil municipal m’informer de décision me touchant alors que les réunions sont à 19 h et que ma mairesse elle-même nous culpabilise d’y amener nos enfants ? Derrière ces images de femmes qui ont réussi, il a y des enfants qui ont manqués de la présence de leur mère parce qu’on les trouvait trop dérangeant et que le modèle pratique qui prévaut est encore celui de l’homme sans enfant, libre de toute contrainte. La femme qui vaut s’impliquer doit sacrifier une chose ou l’autre. C’est un dilemme impossible.

Aujourd’hui 8 mars, je ne pourrai aller au 5 à 7 Porto-chocolat organisé par mon syndicat pour souligner la Journée de la femme. Ce soir, après le travail, j’irai chercher mes enfants à la garderie, je ferai le repas, je leur lirai une histoire et je me dirai que oui, la lutte est encore à faire.

Valérie C.-Guilloteau

Professeure de philosophie au Cégep Limoilou

Candidate pour Québec solidaire à Lévis.