La Bulgarie est en ébullition depuis une semaine, en raison de la hausse des tarifs de l’électricité, qui ont atteint parfois plus de cent euros par mois et par ménage dans un pays où le salaire mensuel moyen, le plus faible de l’Union européenne, est de moins de 400 euros.
Dimanche, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé dans une vingtaine de villes pour dénoncer l’association "mafieuse" entre dirigeants politiques et compagnies énergétiques. Il s’agissait des manifestations les plus importantes qu’ait connues la Bulgarie depuis la chute du régime communiste, au début des années 1990. Les manifestants reprochent à trois entreprises étrangères présentes sur le marché de l’énergie de faire des profits faramineux sur le dos des consommateurs bulgares.
Immolations
Depuis deux jours, la situation s’était encore tendue : lundi et mardi, à Sofia, la capitale, les manifestations ont dégénéré en affrontements avec la police, faisant près de trente blessés, dont cinq membres des forces de l’ordre. A Varna, sur la côte de la mer Noire, un homme de 36 ans s’est immolé par le feu mercredi matin devant la mairie. L’homme a été hospitalisé dans un état critique, avec 80 % de brûlures sur le corps. Une scène similaire avait déjà eu lieu mardi à Veliko Tarnovo, dans le centre.
Boïko Borissov avait cru pouvoir calmer le jeu en limogeant, lundi, le ministre des finances et vice-premier ministre, Simeon Djankov. Le chef du gouvernement expliquait alors encore que sa propre démission aurait des "conséquences catastrophiques". Mardi, le gouvernement se disait prêt à demander à l’autorité de régulation de l’énergie une baisse de 8 % des tarifs et promettait, surtout, la révocation de la licence du groupe tchèque CEZ, distributeur d’énergie dans l’ouest du pays, ce quitte à provoquer la fureur de Prague.
"Chaque goutte de sang versé est une honte"
Mercredi matin, l’inflexible Borissov, ancien responsable d’une société de sécurité privée, au pouvoir depuis 2009, a fini par craquer, acculé. "Nous avons fait de notre mieux depuis quatre ans, mais chaque goutte de sang versé est une honte pour nous tous", a lancé le premier ministre au Parlement. "Je ne veux pas faire partie d’un gouvernement sous l’autorité duquel les policiers battent le peuple", a-t-il encore dit, assurant qu’il ne participerait pas à un gouvernement transitoire qui serait chargé d’exécuter les affaires courantes d’ici aux élections législatives prévues en juillet.
Son parti, le GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie), a perdu pratiquement toute l’avance dont il disposait dans les sondages sur l’opposition socialiste. M. Borissov n’a pas précisé si les élections législatives seraient avancées.