Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Contre les projets d'hydrocarbures au Québec : la Marche des Peuples en Gaspésie

Mon rôle à Greenpeace comme coordonnateur des groupes locaux, m’apporte à soutenir des initiatives collectives comme La Marche des Peuples pour la Terre Mère. J’ai la chance de couvrir la moitié du parcours jusqu’à Gaspé, en apportant un soutien à l’organisation et en rapportant des nouvelles de la Gaspésie à quelques reprises dans les prochaines semaines.

Tiré du site de Greenpeace Canada. Photos Greenpeace.

C’est dimanche 29 mai, à Amqui, qu’a été lancée La Marche des Peuples pour la Terre Mère en Gaspésie. Après une première expérience en 2014, de Cacouna à Kanesatake, c’est maintenant en Gaspésie que les marcheur.euse.s vont parcourir un total de 833 km en 40 jours. Alors qu’en 2014, l’idée était de dénoncer l’arrivée des projets d’oléoducs, cette fois, nous souhaitons attirer l’attention sur les nombreux projets reliés aux hydrocarbures qui menacent la santé et l’eau potable de la population de ce magnifique coin de pays.

À Amqui, lieu de départ de la Marche, nous avons eu la chance d’être accueilli.e.s par Stéphane et Martin Poirier de Non à une Marée Noire dans le St-Laurent. Le projet Chaleur Terminal étant au cœur des préoccupations des résidents de la région, ils nous ont entretenus sur les dangers de ce projet, qui consiste en la circulation de 220 wagons de pétrole par jour sur le chemin de fer longeant la rivière Matapédia et traversant plusieurs villes et villages jusqu’à Belledune, au Nouveau-Brunswick. Nous avons également eu le privilège d’avoir la visite de Gilles Fluet et Robert Bellefeuille, qui avaient fait le trajet de Lac-Mégantic pour venir nous offrir leur soutien et nous partager un émouvant témoignage de ce qu’ils ont vécus et vivent toujours suite à cette tragédie. Leur mise en garde face au projet comme celui de Chaleur Terminal, sera une source de motivation tout au long de cette marche.

Les premiers jours de la marche nous ont fait découvrir la grande beauté de la vallée de la rivière Matapédia. Cette magnifique rivière à saumon qui sillonne les montagnes pour se jeter dans la Baie des Chaleurs est directement menacée par le projet de transport et d’exportation du pétrole des sables bitumineux Chaleur Terminal. En effet, tout le long de la rivière, le chemin de fer sillonne la vallée la plupart du temps à quelques mètres seulement de la rivière. L’état de ce chemin de fer laisse à désirer et il n’a pas été construit pour répondre à des charges aussi lourdes que des trains blocs remplies de pétrole lourd. Les berges de cette rivière sont également instables ce qui augmente les risques de déraillement ce qui s’avérerait catastrophique pour la rivière et les riverains. Au final, ce projet est un autre exemple totalement insensé qui fait courir tous les risques à la population et qui n’apporte rien de positif pour cette dernière.

Au cinquième jour de la marche, jeudi 2 juin, nous passons dans la communauté de Ristigouche Sud-Est, où nous venons apporter notre soutien à ce village de Gaulois qui, pour avoir voulu simplement protéger leur eau potable, se retrouve avec une poursuite de 1,5 millions de dollars, soit 5,5 fois le budget annuel de cette municipalité ! Lors de la conférence de presse, François Boulay, maire de cette localité de 168 habitants, nous a fait part de son indignation envers la compagnie Gastem et surtout face au gouvernement Libéral qui, au final, par son laisser-faire, est le grand responsable de ce non sens. Plus d’info sur http://solidariteristigouche.ca/

Nous terminons la journée dans la communauté Mi’gmaq de Listiguj, où nous passerons la nuit. Cette communauté est l’une des trois communautés Mi’gmaq à avoir déposé une poursuite contre Chaleur Terminals inc. et le gouvernement du Nouveau-Brunswick en juillet 2015. Plusieurs motifs sont invoqués pour cette poursuite, comme l’absence de consultation, la protection de leur mode de vie traditionnel et la protection de l’environnement régional et national.

Nous en sommes qu’au tout début de ce long périple mais déjà, malgré nos pieds endoloris, les paysages exceptionnels et l’accueil chaleureux des Gaspésien.ne.s nous donnent la force de continuer notre route et surtout la conviction qu’il faut tout faire pour protéger ce territoire contre l’industrie pétrolière.

Mikael Rioux

Blogueur pour le site de Greenpeace Canada.

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