Édition du 19 novembre 2024

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Canada

Conférence pour le transport public gratuit

Du 9 au 11 octobre dernier se tenait à Toronto une conférence à laquelle j’ai participé et qui a réuni vingt-cinq personnes provenant de Stockolm (Suède), Varsovie (Pologne), Berlin et Trier (Allemagne), Tallin (Estonie), San Francisco, New-York et Chicago (États-Unis) ainsi que Toronto et Montréal afin de discuter de la problématique du transport en commun. Cette conférence a pu avoir lieu grâce au concours de Socialist Project, de l’université York et de l’institut Rosa Luxemburg-Berlin Bureau de New-York.

Le texte d’introduction à la conférence dressait les perspectives en ces termes : « Les arguments en faveur du transport public gratuit et accessible, en tant que partie prenante d’un débat plus large sur la notion de biens communs, s’appuie sur trois facteurs fondamentaux : (1) Cela permet de rassembler différents acteurs politiques et sociaux dans le but de changer la société dans une vision de démocratie, de justice sociale et de solidarité ; (2) Cela s’attaque au problème concret de la vie quotidienne de larges groupes et même de la majorité de la population, en intervenant comme tel dans le débat public de la vie sociale en apportant des alternatives sociales et écologiques durables ; (3) Cela nous amène à développer des stratégies pour changer le rapport de forces politique et contribue à créer des mouvements larges ou à regrouper des mouvements autour d’une réelle transformation sociale et écologique. »
Imposition de frais d’entrée ou politique incitative

Plusieurs discussions portaient sur la problématique de réduction de l’utilisation de l’automobile dans les centres urbains et la façon de défrayer les coûts de la gratuité du transport en commun. L’idée d’imposer des frais d’entrée pour les automobilistes qui utilisent leur voiture en ville a été rejetée parce qu’elle n’apporte aucune solution en tant que telle et risque plus de braquer les usagers de l’automobile plutôt que de les inciter à utiliser le transport en commun. La démocratie participative a joué à cet effet un rôle important dans la ville de Tallin en Estonie. Allan Alaküla nous a expliqué qu’une campagne en faveur de la gratuité du transport en commun initié par la municipalité a débuté en 2012. En 2013 le référendum stipulait que ce règlement serait enchâssé dans la constitution et ne pourrait pas être modifié facilement. Le référendum a été gagné par une large majorité. À partir du 28 octobre 2013 tous les trains sont devenus gratuits à l’intérieur des limites de la ville, le tout défrayé à même le budget de la municipalité. L’utilisation a immédiatement quadruplé, Il est maintenant 6 à 7 fois ce qu’il était auparavant. L’accroissement de la population qui s’en est suivie a apporté de nouveaux revenus qui ont permis d’absorber complètement le coût du transport gratuit.

Par ailleurs le débat sur l’expansion du service public à Varsovie en Pologne a permis d’identifier certains problèmes. Même si les citoyens et citoyennes de la banlieue utilisent le transport en commun de la ville, seuls les résidents urbains ont le droit de se prononcer sur la façon d’améliorer le transport. Joanna Erbel du Congrès des mouvements urbains milite en faveur de la gratuité du transport en commun depuis des années et est candidate à la mairie de Varsovie dont les élections auront lieu en novembre prochain.

L’action directe constitue le moyen privilégié à Stockholm. Afin de promouvoir la gratuité le groupe Planka.nu organise des mobilisations afin de sauter les barrières et fait la promotion par vidéo de différentes techniques qui peuvent être utilisées. Il permet aussi aux membres qui adhèrent à leur groupe de contribuer à une assurance qui défraiera le coût d’une éventuelle amende. Leur réseau existe dans les principales villes de Suède. Selon Marcus Finbom il n’y a aucune raison qui peut justifier que le transport en commun ne soit pas gratuit, les routes sont financées par les taxes publiques et sont gratuites alors que le transport en commun est sur une base tarifaire individuelle. Il est assez étrange de constater que les gouvernements décident de punir ceux et celles qui choisissent d’utiliser le mode de transport qui est le plus écologique et socialement responsable.

C’est au moyen de l’action communautaire que Powering up, ( People Organized to Win Employment Rights) groupe issu de San Francisco, a mis sur pied un nouveau projet appelé le Climate Justice Youth Academy afin de former des jeunes leaders à devenir des experts en justice climatique et environnementale. Ils s’adresseront à des centaines de jeunes afin de faire la promotion du transport gratuit pour les jeunes. Ce projet participe à construire une nouvelle génération consciente de l’urgence environnementale qui saura choisir le transport en commun et le vélo au lieu de l’automobile.

La délégation allemande a indiqué que le transport en commun devait être public pas seulement dans les centres urbains mais devait être planifiée et organisée aussi dans le transport inter cités.

En fait le transport doit être vu de façon sociale et égalitaire, ce qui remet certainement en question la façon anarchique et destructrice pour l’environnement dont les sociétés industrielles sont conçues aujourd’hui.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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