Votre communiqué d’Halloween (voir ci-bas et le document de consultation joint) situe la fermeture des chemins forestiers comme une initiative qui constituerait "une étape importante dans la restauration de l’habitat du caribou de la Gaspésie."
À quelle époque ont été rasées les forêts circonscrites par l’ensemble de chemins forestiers dont vous annoncez la fermeture ? Les chemins peuvent certes servir de voie d’accès pour les prédateurs des faons du caribou, mais dans combien de temps la repousse de feuillus autour des chemins ciblés sera-t-elle suffisamment vieille pour ne plus servir d’habitat pour l’ours et le coyotte, donc de voie de transit pour les prédateurs du caribou ?
Aussi, nous avons appris que le ministère de la déforestation a une politique "net zéro chemin forestier" dans l’aire de répartition du caribou, c’est-à-dire que pour chaque nouveau km de chemin forestier, il y a un km de chemin qui doit être fermé ailleurs. Est-ce que les 55 km de chemins fermés annoncés permettront d’ouvrir 55km de nouveaux chemins forestiers, donnant accès à de nouveaux parterres de coupe dans l’aire de répartition du caribou et accélérant ainsi la destruction de son habitat ?
Auquel cas la fermeture de ces 55 km de chemin serait bien davantage une mauvaise qu’une bonne nouvelle pour la protection de l’habitat de notre espèce emblématique. Que ce soit en contrepartie ou pas, est-il possible d’obtenir également la carte et la longueur totale de tous les chemins forestiers qui devraient être ouverts en 2023 dans l’aire de répartition ?
Enfin, est-ce que le ministère a pris le temps d’aller consulter le milieu à propos de la fermeture de ces chemins et, si oui, quels ont été les commentaires recueillis ? Selon nos informations, ces chemins seraient toujours utilisés par des chasseurs et d’autres villégiateurs alors que la présence d’orignaux tiendrait les caribous à bonne distance. Nous avons des craintes à l’effet que des mesures plus ou moins efficaces qui nuiraient par ailleurs à des intérêts particuliers auraient pour effet d’aliéner davantage la population face à la protection du caribou. On entend souvent "quand il n’y aura plus de caribou, on va pouvoir faire ce qu’on veut dans le Parc" et "les mesures prises par le ministère nuisent juste aux villégiateurs pendant que l’industrie continue de couper n’importe où". Il nous semble qu’il faut prendre les mesures à la fois les plus efficaces et qui entrent le moins en concurrence avec les intérêts autres qu’industriels pour éviter de renforcer cette perception. Qui plus est, il y a un camp de trappe dans le secteur des chemins à fermer : la fermeture des chemins pourrait rendre plus difficile la capture de coyotes dans l’aire de répartition du caribou.
Bref, est-ce que la fermeture annoncée de chemins forestiers constitue bel et bien une étape importante dans la restauration de l’habitat du caribou ou bien un déguisement d’Halloween pour la continuation "normale" de l’industrie forestière ? Les réponses à toutes ces questions et informations de manière détaillée permettra de répondre à cette dernière question de manière générale.
Nous attendons avec impatience votre réponse.
Pascal Bergeron
Porte-parole, Environnement Vert Plus
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