La responsabilité du capitalisme doit être soulignée
La crise sanitaire actuelle est la conséquence de la crise environnementale et des besoins gigantesques des pays du Nord créés par la société de consommation. La recherche de profit a provoqué la déforestation, l’extractivisme et la dévastation des écosystèmes ainsi que l’augmentation du confinement des animaux. Les trois quarts des nouvelles maladies apparues depuis 1960 sont des zoonoses. Il s’agit notamment de l’Ebola, du SIDA, du SRAS, du MERS et du Covid-19. [2]
À ce chapitre les compagnies canadiennes ont joué un rôle majeur dans la destruction sociale et environnementale des pays du Sud global. En 2018 seulement, elles y avaient investi 194 727 milliards de dollars dans les secteurs de l’extraction minière et de l’extraction de pétrole et de gaz. La pandémie du COVID-19 n’est pas seulement quelque chose qui vient de l’étranger, elle est la conséquence de la mondialisation capitaliste dont le Canada est partie prenante.
La gestion néolibérale des différents gouvernements au Canada comme au Québec a fait le reste. Au Québec, les politiques d’austérité ont conduit à réduire le personnel en santé, à éliminer les services de proximité et de prévention qu’étaient les CLSC et à introduire un processus de privatisation. Les conséquences ont été particulièrement dramatiques dans le cas des aînés-e-s vivant dans les CHSLD.
Une retenue politique difficilement explicable
La campagne Ultimatum 2020 votée au Conseil national de mars 2018 qui devait servir de moteur à la campagne environnementale de Québec solidaire a été pratiquement abandonnée et remplacée par un ralliement aux politiques du gouvernement Legault dès le début de la pandémie. Ainsi le parlement a été fermé pendant les semaines cruciales où le gouvernement Legault a accusé un retard déterminant dans le traitement de la crise. Ce qui a favorisé la montée en flèche de la pandémie au Québec, qui affiche la pire statistique sanitaire au Canada.
Le gouvernement Legault vient de perdre une manche importante concernant l’adoption du projet de loi 61. Selon Michel C Auger, c’est la pression exercée par les acteur-trice-s de la société civile, dont la Vérificatrice générale et la Protectrice du citoyen qui a créé le momentum, beaucoup plus que celle de l’opposition parlementaire. D’ailleurs, selon un récent sondage même un PQ sans chef reçoit plus d’appuis que QS. Cela ne peut s’expliquer que par le fait que QS a raté des occasions de présenter une politique alternative globale et inspirante pour faire face à la triple crise économique, écologique et sanitaire que vit la population du Québec.
L’important c’est de ne pas rater le prochain rendez-vous.
Le gouvernement Legault a déjà annoncé qu’il reviendrait avec son projet de loi en septembre, à ce moment-là, il sera prévu à l’horaire législatif et il pourra le faire adopter sous le bâillon. Cela lui laisse le temps de se servir d’une conjoncture économique détériorée où la lutte pour un emploi se fera criante, pour construire son rapport de force. Les prochains mois risquent de donner de l’eau à son moulin. Le marché québécois est interrelié avec l’importation de biens, mais aussi avec l’exportation à l’étranger dont principalement aux États-Unis. À l’heure actuelle avec 40 millions de demandes d’inscription au chômage au début du mois de juin, l’économie américaine devrait décliner de 5,8 % (FMI) à la fin de l’année [3] . Cela sans compter la baisse de demande intérieure au Canada et au Québec.
Le gouvernement Legault a démontré en déposant le projet de loi 61 sur la relance économique qu’il a tendance à opposer la transition et la lutte aux changements climatiques aux nécessités de la reprise économique. La population du Québec, elle, comme le démontrait un sondage, veut une relance verte.
Québec solidaire ne doit pas attendre la prochaine échéance électorale, pour élaborer un plan de transition et le faire connaître le plus largement possible à la population du Québec. Un tel plan de reconversion écologique et sociale fera du renforcement des services de santé, de l’amélioration des salaires des personnes qui y travaillent (qui sont pour la majorité des femmes), de la reconversion écologique de l’appareil de production (afin de rompre avec le productivisme et le consumérisme) des éléments importants pour répondre aux besoins essentiels de la population en matière de soins, de mobilité, d’alimentation et de logements. Un tel plan de transition pourrait servir de cadre à notre lutte aux changements climatiques.
Il serait donc judicieux de commencer à préparer la bataille dès maintenant et de rallier les forces sociales populaires et le mouvement syndical. Il faut remettre de l’avant la campagne Ultimatum 2020 en lui donnant des objectifs de mobilisation sociale autour de revendications précises et porter cette bataille tant sur le terrain parlementaire que dans la rue.
À cette fin nous invitons les associations qui participeront à la consultation de Québec solidaire du 20 juin concernant « Le Québec d’après » à considérer des idées présentées dans le texte « Propositions pour la sortie de la triple crise économique, écologique et sanitaire » publié dans cette édition de Presse-toi à gauche.
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