Édition du 17 décembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Armes. Pourquoi l’ombre d’Israël plane sur le conflit entre l’Inde et le Pakistan

Selon le journaliste britannique Robert Fisk, l’Inde et Israël ont en commun d’avoir été construits sur une partition coloniale et d’être menacés par des voisins musulmans. Et ce n’est pas un hasard si Delhi est aujourd’hui le premier acheteur mondial d’armement israélien.

Tiré de Courrier international.

La rhétorique “anti-islamiste” adoptée par l’Inde lors de son offensive aérienne éclair au Pakistan, le 26 février, n’est pas sans rappeler celle qu’emploie Israël à propos de Gaza, de la Syrie ou du Liban. Et pour cause, analyse Robert Fisk, journaliste britannique à The Independent, dans les colonnes du quotidien pakistanais Dawn : “Pendant des mois, Israël s’est affiché assidûment aux côtés du gouvernement nationaliste indien de Narendra Modi, au sein d’une alliance non officielle qui ne dit pas son nom et qui est politiquement dangereuse”, visant à lutter contre les djihadistes, pendant que l’Inde devenait “le plus grand débouché au monde pour l’industrie de l’armement israélienne”.

Ce n’est pas “un hasard”, dit-il, si la presse indienne a relayé haut et fort l’information en provenance de Delhi selon laquelle l’aviation indienne a largué sur un camp d’entraînement, qualifié de “terroriste”, des “bombes intelligentes” de technologie Spice 2000 (Smart, Precise Impact, Cost-Effective), guidées par GPS et fabriquées par la société israélienne Rafael.

“De même que de nombreux Israéliens se vantent d’atteindre des cibles similaires, l’aventure indienne au Pakistan doit peut-être plus à l’imagination qu’un succès militaire”, estime Robert Fisk, car “les ‘300 à 400 terroristes’ supposés avoir été éliminés par ces bombes pourraient ne s’avérer être guère plus que des rochers et des arbres.”

A contrario, “l’embuscade sauvage” dans laquelle étaient tombées les troupes indiennes au Cachemire, le 14 février, tuant plus de 40 soldats, “était bien réelle”. Tout comme le sera quelques jours plus tard “la destruction d’un avion de combat indien” par l’armée pakistanaise.

Si Israël viole les sanctions imposées au régime birman en continuant de vendre à celui-ci des chars d’assaut, des armes et des navires, il agit “en toute légalité” avec l’Inde et en fait d’ailleurs sa publicité. “En 2017, l’Inde a été le premier client d’Israël, achetant pour 616 millions d’euros de systèmes de défense aérienne, de radars et de munitions, y compris des missiles air-sol testés pour la plupart lors des offensives militaires israéliennes contre les Palestiniens et certaines cibles en Syrie”, rappelle le journaliste.

Durant sa première visite officielle l’an dernier en Inde, qui avait été précédée par un déplacement inédit du Premier ministre indien Narendra Modi en Israël, le chef du gouvernement israélien, Benyamin Nétanyahou, a évoqué l’attaque terroriste perpétrée contre Bombay en 2008. “Les Indiens et les Israéliens ne connaissent que trop bien la douleur du terrorisme”, avait répondu son hôte.

D’après Robert Fisk, “s’engager dans la ‘guerre contre le terrorisme’ – en particulier le terrorisme islamiste – peut sembler naturel à deux États construits sur une partition coloniale, dont la sécurité est menacée par des voisins musulmans”. Or Israël, l’Inde et le Pakistan possèdent l’arme nucléaire. “Une bonne raison de ne pas laisser la Palestine et le Cachemire s’enchevêtrer”, souligne-t-il. Et de ne pas oublier les 180 millions de musulmans qui vivent en Inde.

Courrier International

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