Tiré du blogue de l’auteure.
Pour faire simple il y a quatre catégories : pays à revenu élevé, et pays à revenu faible. Jusque là on suit. Cela se complique avec les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Pour en savoir plus vous pouvez consulter le site de la Banque mondiale. Mais en période de pandémie mondiale, c’est à dire où l’accès ou non à un vaccin est une question de vie ou de mort, est-ce bien raisonnable de fixer les tarifs en fonction d’un classement qui de toute façon ne mettra jamais le vécu des populations dans une équation la plus juste soit-elle ?
L’Afrique du Sud, nous apprend une dépêche Reuters, est un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure c’est pour cela qu’elle doit payer le prix fort et non pas celui obtenu par un arrangement entre l’Union Africaine et Astra Zeneca, ce qui semble logique les pays de l’UA étant presque tous dans la catégorie à faible revenu. Mais pourquoi les pays de l’UE, tous à revenu élevé vont payer seulement 3 dollars ? Parce qu’ils décident du prix en le justifiant par leurs dépenses de recherches pour ce vaccin.https://www.dailymaverick.co.za/article/2021-01-21-south-africa-to-pay-5-25-a-dose-for-astrazeneca-vaccine-from-indias-sii/ ?
L’Afrique du Sud attend 1,5 millions de doses fabriquées par les laboratoires indiens Serum Institute of India pour la fin du mois de janvier et ces doses seront administrées en priorité au personnel hospitalier à bout de souffle et qui a déjà chèrement payé son dévouement. L’Afrique du Sud est le pays africain le plus touché par la pandémie avec 35000 morts à ce jour. C’est aussi un des pays où ont lieu les essais cliniques pour le vaccin Astra Zeneca.
Les dirigeants sud-africains ont été critiqués pour leur lenteur à mettre en place une politique d’achat des vaccins et une campagne de vaccinations. L’objectif de vacciner 40 millions de personnes d’ici la fin 2021 semble bien lointain pour la population pauvre qui n’a plus d’emplois, plus de revenus et compte sur les soupes populaires pour ne pas mourir de faim.
Une autre question vient d’être soulevée par deux médecins, un sud-africain et un britannique. Dans une lettre publiée par le South African journal, ils font remarquer qu’en 2019, 35% des médecins exerçant dans le NHS, le service de santé public britannique, ont obtenu leurs qualifications hors du Royaume uni. Dans les hôpitaux britanniques on compte, entre autres, 1719 médecins venus d’Afrique du Sud, 4192 du Zimbabwe.
Les deux médecins n’accusent pas des individus de rechercher un pays où ils pourront exercer leurs métiers dans de meilleures conditions que dans leurs pays respectifs, mais la Grande Bretagne de faire des campagnes pour les inciter à partir en leur offrant des conditions d’accueil privilégiés. Le Dr Fagan précise « Je n’ai pas de problème avec la migration, mais j’ai un vrai problème avec le recrutement et c’est là que je trace les limites. Je comprends que des médecins et des infirmières de ce pays cherchent de l’herbe plus verte ailleurs parce qu’ici les conditions de travail sont difficiles, mais j’ai un sérieux problème avec la façon dont le Royaume–Uni recrute son personnel de santé ». https://www.groundup.org.za/article/uk-accused-poaching-health-workers-poorer-countries/
Cette fuite des cerveaux, qui n’est pas nouvelle, devient insupportable en période de pandémie mondiale. On sait depuis longtemps que cette politique a un impact sur la mortalité des pays pauvres, mais quand le virus galope d’un pays à l’autre, lui brandir des billets au nez pour lui demander de détourner son chemin est non seulement dérisoire mais obscène, tout comme donner la priorité aux pays riches pour l’achat des vaccins.
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