Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Ali Mohamed, envoyé spécial du Kenya et porte-parole du groupe africain à la COP29 apparaît sur l’écran géant lors de la session plénière, à Bakou, en Azerbaïdjan, le 21 novembre. Photo Sean Gallup/Getty images/AFP
“COP29 à Bakou : la grande déception”, titre le quotidien burkinabè Le Pays. Un “pétard mouillé”, renchérit son confrère kényan The Standard. À l’issue d’interminables et âpres négociations, la diplomatie climatique a accouché d’un accord sur le montant des financements que les pays riches, principaux pollueurs et responsables des dérèglements climatiques, devront accorder aux pays en développement pour s’adapter et favoriser la transition énergétique.
Il a été fixé à un minimum de 300 milliards de dollars annuels (275 milliards d’euros), sous forme de prêts, d’ici à 2035. Une somme aussitôt qualifiée de “dérisoire” et de “simple illusion d’optique” par la déléguée de l’Inde, Chandni Raina.
“Les pays en développement avaient demandé un chiffre plus ambitieux de 500 milliards de dollars par an, sous la forme de subventions plutôt que de prêts, afin d’éviter d’aggraver le fardeau de leur dette déjà très lourde”, résume The Standard.
“Les pays riches ont invoqué les ‘réalités économiques’ pour justifier le chiffre de 300 milliards de dollars et ont rejeté tout engagement contraignant.”
“[Ce montant représente] moins d’un quart de ce que la science montre comme étant nécessaire. Cet accord est trop faible, trop tardif”, a fustigé le ministre de l’Environnement sierra-léonais, Jiwoh Abdulai, cité par le média kényan.
“Il est triste qu’après des mois de négociations ils aient attendu le dernier jour officiel de la COP pour présenter un chiffre lamentable, ne laissant pas suffisamment de temps pour les délibérations entre les parties”, a estimé son homologue gambienne, Rohey John, qualifiant cette décision d’“injustice climatique”.
“Chantage psychologique”
“Les requêtes de l’Afrique ne passent pas”, titre Le Djely. Elles passent d’autant moins que les délégués africains ont notamment été soumis à un “chantage psychologique”, selon lui. “Brandissant la menace que l’arrivée de Trump fait peser sur ce débat sur le climat, les négociateurs des pays développés ont mis en garde les représentants africains contre une absence d’accord, que le président élu américain ne manquerait pas d’exploiter comme une aubaine.”
Plus stoïque, Le Pays évoque un “échec programmé”. Retraçant l’historique des COP, il ne retient que peu de réalisations de la part des pays riches depuis la prometteuse conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, à Rio de Janeiro, en 1992. “Même si la COP de Kyoto de 1997 avait fait exception en suscitant de grands espoirs par l’adoption d’un protocole contraignant visant à encadrer les émissions de CO2”, les autres COP ont invariablement accouché de décisions en demi-teinte, qui n’ont “pas apporté de véritables avancées”. Les températures moyennes continuent de s’élever, année après année. Alors, 300 milliards de dollars, “cela reste bon à prendre, tout en maintenant la pression afin d’obtenir de meilleurs résultats”, estime-t-il.
Le Djely appelle quant à lui les dirigeants africains à faire preuve de “responsabilité” et de “volontarisme”, voire de “souveraineté”, fameux mot d’ordre seriné par certains leaders ouest-africains.
Le site d’information guinéen espère que, “mus par une légitime déception du fait du comportement injuste des pays développés, [ils] ne cèdent pas pour autant à une attitude tout aussi irresponsable que suicidaire, qui tendrait à faire comme si le changement climatique n’existait pas”.
L’ombre de Donald Trump sur la COP29
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, le 6 novembre – cinq jours avant l’ouverture de la COP29 en Azerbaïdjan –, fait souffler un vent mauvais sur le climat. Non seulement un négationniste du dérèglement climatique se retrouve de nouveau à la Maison-Blanche, mais, en plus, le Sénat lui est acquis. De quoi l’autoriser à remettre “tout en cause, des voitures électriques aux subventions des énergies renouvelables”, et à rétablir “l’industrie des combustibles fossiles”, se désole Grist. S’il ne fait aucun doute que le président élu retirera une deuxième fois son pays de l’accord de Paris, l’administration Biden, encore aux manettes, enverra bien une délégation à Bakou.
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