Publié le 6 octobre 2019
tiré de : Entre les lignes et les mots 2019 - 41 - 12 octobre Notes de lecture, textes, vidéo et annonce
https://entreleslignesentrelesmots.blog/2019/10/06/vous-ne-pouvez-pas-liberer-la-terre-sans-liberer-aussi-les-femmes-des-milliers-de-femmes-et-dhommes-palestiniens-manifestent-contre-les-violences-faites-aux-fem/
Des manifestations ont notamment eu lieu à Ramallah, Jérusalem, Haïfa, Jaffa, Gaza, Beyrouth et Berlin. Les manifestants, dont la grande majorité étaient des femmes, scandaient des slogans contre les crimes d’ « honneur », le patriarcat, la colonisation Israélienne, et brandissaient des photos de victimes de violences et de femmes incarcérées dans les prisons israéliennes.
Ces actions étaient organisées par une campagne féministe palestinienne appelée « Tal’at » (« sortir à l’extérieur » en arabe) et qui a pour slogan principal : « Vous ne pouvez pas libérer la terre sans libérer aussi les femmes ».
« La notion de liberté n’est pas divisible. Le combat pour les droits des femmes relève des mêmes principes que le combat contre la colonisation israélienne », a dit à Mondoweiss Lema Nazeeh, l’une des organisatrices à Ramallah. Le but de l’action, affirme-t-elle, est « une patrie débarrassée de toutes les formes d’oppression ».
Toutes les actions se sont déroulées pacifiquement du début à la fin, sauf à Jérusalem où une manifestation s’est heurtée à des forces armées israéliennes à la Porte de Damas, une des grandes entrées de la vieille ville, où des troupes israéliennes sont toujours présentes. Des policiers ont réprimé la manifestation et ont essayé de faire tomber un drapeau palestinien arboré par les manifestantes.
Anas Hamdallah, un des hommes qui manifestaient à Ramallah, s’est adressé à Mondoweiss en ces termes : « Les membres de la société palestinienne doivent se réconcilier afin d’accroître leur puissance en vue de l’étape de libération du système colonial ».
De l’autre côté de la ligne verte, des manifestations ont eu lieu au cœur de certaines villes mixtes notamment Jaffa et Haïfa. Dans un communiqué de presse, les organisatrices ont fait connaître leurs positions politiques à l’égard des militantes féministes israéliennes en affirmant qu’elles refusaient que leur lutte soit « utilisée pour légitimer la violence du colonisateur ». Les organisatrices refusaient également de « nouer une interaction ou un dialogue avec des plates-formes ou entités israéliennes quelles qu’elles soient », y compris les grands médias israéliens.
Une des organisatrices de Jaffa a dit à Mondoweiss que la campagne, commencée à Haïfa, projetait d’atteindre les communautés palestiniennes dans tout le pays. Selon elle, deux manifestations se sont déroulées le même jour à Beyrouth et à Berlin.
« Nous nous sommes rassemblées pour surmonter les contraintes de la séparation et de l’isolement géographiques que nous impose le colonialisme de peuplement sous ses multiples formes », a déclaré Maya Zebdawi, manifestante et réfugiée palestinienne à Beyrouth.
Selon elle, la participation de réfugié e s palestinien ne s à Beyrouth montre à quel point il est important de « reconstruire la conscience collective palestinienne malgré la fragmentation géographique ».
La vague de manifestations fait suite à la mort d’Israa Ghrayeb, soupçonnée d’être due à un « crime d’honneur ». Le meurtre aurait été commis par des hommes de sa famille dans un village proche de Bethléem, au mois d’août. Selon certaines sources, Israa Ghrayeb, 21 ans, aurait été tuée après avoir posté sur les médias sociaux une vidéo où on la voyait en compagnie de l’homme qui devait devenir son fiancé. L’affaire a été très présente dans l’opinion publique palestinienne depuis un mois. Le Centre des femmes palestiniennes pour l’aide juridique (Palestinian Women’s Center for Legal Aid and Counselling, CLAC) a répertorié en 2018 au moins 23 cas de mort de femmes dues à des violences en lien avec le genre au sein de la société palestinienne.
Ahmad Al-Bazz, 27 septembre 2019
Ahmad Al-Bazz, né en 1993, journaliste, photographe et réalisateur de films documentaires, plusieurs fois primé, vit en Cisjordanie, à Naplouse. Ahmad a obtenu à l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) un master en études de la télévision, et il a eu un diplôme en médias et communications de masse à l’université nationale d’An-Najah, en Palestine. Depuis 2012, Ahmad fait partie du collectif de photographie documentaire Activestills, actif dans la région de Palestine/Israël.
Traduction : SM pour Agence Média Palestine
Source : Mondoweiss
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