Édition du 12 novembre 2024

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États-Unis

Voici une candidate qui s'oppose résolument aux lois appelées « droit au travail »

Une candidate à la législature du Colorado a tout simplement mis à la déchiqueteuse un questionnaire envoyé par un groupe hostile aux syndicats.

La dernière décennie fut celle où il y a eu le plus d’attaques concertées contre les droits de travailleuses et des travailleurs depuis le 19ème siècle, à l’âge d’or de ceux qui furent appelés les barons voleurs. Profitant d’une vague républicaine qui les mené au pouvoir en 2010, les gouverneurs et les législateurs d’état financés par les grandes corporations utilisent tous les moyens dont ils disposent pour s’attaquer aux travailleuses et aux travailleurs ainsi qu’aux centrales syndicales qui les représentent.

Source : https://www.thenation.com/article/heres-a-candidate-who-is-serious-about-opposing-right-to-work-laws/

Par John Nichols
traduction : Jacques Brisson

Alors que la plupart des américains ont entendu parler de la guerre ouverte que livre le gouverneur du Wisconsin, M. Scott Walker, aux travailleuses et aux travailleurs, celle menée par le gouverneur du Michigan, M. Rick Snyder et ses alliés, est tout aussi violente. De son côté, le gouverneur de l’Ohio, M. John Kasich, a bien tenté d’imiter Walker mais il fut stoppé par un campagne référendaire imposée par des citoyens qui ont su s’organiser. Dans plusieurs états, les gouverneurs républicains et les législateurs ont bafoué les droits acquis des employées et employés du secteur public, décourageant l’activisme politique et syndical, attaquant les lois salariales et adoptant des lois hostiles curieusement appelées « droit au travail ».

Soutenus par un réseau sophistiqué mis en place par les milliardaires frères Koch et d’autres zélotes anti-syndicaux, les républicains ont connu un succès considérable. Mais aujourd’hui, à l’heure où les démocrates aspirent à reprendre le pouvoir – ou à se maintenir dans les états où ils sont en place – lors des élections de 2018, la question qui se pose est celle-ci : sont-ils prêts à combattre fermement et sans compromis ces lois promulguées par les politiciens à la solde des grandes corporations.

Il n’y a malheureusement aucune certitude à cet effet. Plusieurs démocrates sont très vocaux lorsqu’il s’agit de droits des travailleuses et des travailleurs. Toutefois, il ne sera pas aisé de préserver le droit de s’organiser et de défendre ses droits ou encore de restaurer ceux-ci là où ils ont été réduit en morceaux par les gouverneurs et les législatures de droite. Il faudra faire preuve de vigilance et de détermination afin de mettre en place une coalition de travailleuses et de travailleurs qui puisse s’attaquer efficacement à la puissance de l’argent et des lobbys représentant les intérêts des grandes corporations qui ne veulent pas lutter à armes égales sur ce terrain.

Cela veut dire que les candidates et candidats briguant le pouvoir dans les différents états où des lois anti-syndicales ont été adoptées - depuis longtemps dans certains cas ou plus récemment au cours de cette nouvelle ère anti-syndicale - doivent être très clairs sur leurs intentions.

C’est exactement ce que fait la candidate de l’Iowa, Cathy Glasson, infirmière et activiste au « Service Employees Internation Union », qui affirme : « Je brigue le poste de gouverneur pour permettre à tous les gens d’Iowa de joindre un syndicat ou une association d’employés peu importe le domaine dans lequel ils travaillent. La syndicalisation est le meilleur moyen d’assurer une augmentation des salaires, d’améliorer les conditions de travail et de réparer une économie moribonde dans notre état. C’est ce que réclament les travailleuses et les travailleurs partout en Iowa. »

Dans son programme présentant sa canditature aux primaires démocrates, Glasson affirme qu’elle « se tiendra debout face à ces voyous soutenus par les grandes corporations et stoppera leurs attaques contre les travailleuses et les travailleurs. En éliminant les lois appelées « droit au travail », elle aidera des milliers de travailleuses et de travailleurs à s’organiser et à se syndiquer. »

Par ailleurs, une candidate à la législature du Colorado, Emily Sirota est allée encore plus loin. Sirota met littéralement à la déchiqueteuse les intérêts corporatifs qui en font autant avec les droits des travailleuses et travailleurs.

Le Colorado n’a pas encore officiellement promulgué de loi du type « droit au travail ». Mais les activistes anti-syndicaux ont été très actifs dans cet état. Par exemple l’année dernière, les républicains de la chambre haute de l’Assemblée du Colorado ont endossé publiquement de telles lois. Dans ce domaine, le Colorado est un champ de bataille historique au même titre que le Wisconsin et l’Iowa. C’est pour cette raison qu’on peut parier que, si les républicains remportent le poste de gouverneur et les deux chambres législatives cet automne, les droits de travailleurs et travailleuses seront de facto en danger.

Si elle est élue, Sirota affirme qu’elle répliquera à ces menaces avec une position pro-syndicale très ferme.

Profitant du retrait de la course de M. Paul Rosenthal, faute d’appui de la part des membres du parti, Sirota brigue l’investiture du parti démocrate qui se jouera le 26 juin prochain. En plus de l’appui du sénateur du Vermont, M. Bernie Sanders, elle souligne l’appui reçu par les syndicats « Colorado AFL-CIO » et « Communications Workers of America » et par la « Colorado Working Families Party ».

Mais elle ne s’arrête pas là.

Lorsque que le groupe « Colorado Citizens for Right-to-Work » lui fit parvenir une lettre s’enquérant de sa position sur les droits des travailleuses et travailleurs, elle mit en ligne un vidéo montrant la missive. « Nous venons de recevoir ce questionnaire du groupe Right-to-Work » a-t-elle annoncé. « Voici notre réponse ». Le vidéo montre ensuite la candidate mettant le questionnaire dans une déchiqueteuse à papier.

« La guerre a été déclarée aux travailleuses et aux travailleurs et à leur droit de se syndiquer. Dans cette élection, nous ne pouvons accepter de vagues promesses. Nous devons élire des législateurs qui supporteront activement leurs droits et qui défendront celles et ceux qui veulent se syndiquer. » explique Sirota. « Je suis exactement ce genre de candidate... »

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