Publié le 26 juillet 2017 Denis-Daniel Boullé
Le Québec, comme le Canada, s’est donné pour mission de parler des droits LGBTQ+ dans toutes les rencontres des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Rien de bien surprenant que lors d’un événement aussi important que Fierté Montréal qui tient dans son volet plus politique à parler de la situation des LGBTQ+ dans le monde qu’une telle conférence se tienne, financée entre autres, par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec.
ILLUSIONS
La genèse de l’événement remonte à Fierté Montréal 2016, lors du cocktail des personnalités, dans une conversation informelle avec Christine St-Pierre, ministre des Relations internationales et de la Francophonie. « Et l’idée a fait son chemin, explique Daniel St-Louis, organisateur de la conférence, puisque que ce sont des enjeux que le gouvernement du Québec veut porter à l’international. On le sait, dans de nombreux pays membres de l’OIF, les minorités sexuelles n’ont aucun droit et même le plus souvent sont victimes de l’homophobie sociale ambiante, mais aussi des autorités même de ces pays ».
Pendant une journée, 18 ateliers se tiendront sous forme de panels, couvrant de façon presqu’exhaustive les différentes thématiques et les différents problèmes auxquels sont confrontées les minorités sexuelles. Rien, n’y personne n’a été oublié. Aussi bien le sida, que les intersexué.es, mais aussi le rôle des ONG, ou encore le rôle de l’OIF comme levier de changements.
Qui dit conférence internationale, dit aussi de nombreux invités venant de l’extérieur avec tous les obstacles qui peuvent survenir dans leur déplacement vers Montréal. « Nous avons passé un accord avec le ministère de l’Immigration du Canada pour que les demandes de traitement des visas des personnes invitées soient accélérées explique Daniel St-Louis. Il est évident qu’il n’y aura aucun traitement de faveur, mais au moins toutes les demandes seront étudiées ». Mais plus que l’octroi des visas, ce qui préoccupe les organisateurs, c’est la sécurité des invité.es. « Dans de nombreux services de visas, ce sont souvent des employé.es locaux qui traitent les demandes, et on veut s’assurer de la confidentialité, pour ne pas que s’ébruitent que telle ou telle personne se rende à une conférence pour parler d’homosexualité. De la même façon, nous devrons faire attention à la médiatisation. Avec les réseaux sociaux, certains invités pourraient être reconnus dans leur pays et être victimes de répression à leur retour dans leur pays d’origine ». Bien sûr, les personnalités politiques québécoises seront présentes. Une façon d’envoyer un signal fort, et surtout de rappeler leur engagement. Elles seront des plénières qui ouvriront et clôtureront la conférence, la première en son genre.
L’Afrique sera bien évidemment représentée avec des conférenciers du Togo, de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, de la Tunisie, du Cameroun, du Maroc, tout comme l’Europe, avec la Suisse, la Belgique et la France. « On sait qu’il y a moins de groupes LGBTQ+ émergents en Asie, moins de chercheurs non plus, et ce continent n’est pas représenté. Ce sera peut-être pour une prochaine fois », constate Daniel St-Louis.
Les thèmes abordés avec des invité.es africain.es, seront entre autres : Le colonialisme et ses effets durables sur les communautés LGBTQ dans le monde, ou encore Le sida avec VIH et ITS : combat mondial et reconnaissance des droits des personnes LGBTQI. Mais seront aussi abordés le rôle de l’entreprise comme vecteur de changement possible, des implications sur les LGBTQ+ du Prin-temps arabe et de la Révolution de Jasmin au Moyen-Orient et au Maghreb, l’accueil des réfugiés LGBTQ+, comme ceux de Tchétchénie, de l’action des organismes non-gouvernementaux, mais aussi des initiatives locales qui ouvrent des portes comme en Haïti sans oublier l’émergence des réalités trans dans l’espace francophone.
Une journée pour traverser un programme aussi chargé, c’est bien peu, mais il s’agit de la première fois que l’on tentera de tracer un tableau des réalités bien disparates d’un pays à l’autre des LGBTQI de la francophonie. Lors de la plénière d’ouverture, Robert Wintemude, professeur au King’s College de Londres parlera de la francophonie comme nouvel espace d’avancement des droits, une occasion de montrer comment une organisation comme celle-ci peut jouer un rôle qui à longs termes peut apporter sa contribution à la défense des minorités sexuelles.
La conférence est sous l’égide d’un comité scientifique formé de 13 membres sous la coprésidence de Line Chamberland, titulaire de la Chaire de recherche sur l’homophobie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et du Camerounais. Patrick Awondo, universitaire qui mène des recherches sur trois thématiques : l’homosexualité, la migration et le sida. Une conférence ne change pas le monde. Bien sûr. Mais cela permet une meilleure compréhension des résistances et des obstacles, d’envisager à partir du partage d’expériences des initiatives gagnantes, de développer un réseau et de renforcer la solidarité et d’avoir un écho médiatique plus grand. Pour tous ceux et celles dont les intérêts dépassent leur cour, qu’elle soit aussi grande que le Québec ou le Canada, Égalité et légalité – conférence internationale sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres dans la francophonie est une très bonne opportunité pour de s’informer, pour mieux comprendre les réalités LGBTQ+, d’ici et d’ailleurs, et de démontrer par l’intérêt porté à ce type d’événement une plus grande solidarité. Inscrivez-vous alors !
Égalité et légalité – conférence internationale sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres dans la francophonie. Le 18 août 2017. La Plaza : Salle de réception et centre de congrès. 420, rue Sherbrooke ouest, Montréal.
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