INTRODUCTION : Toute une côte à remonter !
Contexte
En 2009, la ville de Québec a invité les organismes ainsi que les citoyens et les citoyennes à soumettre leur vision de la mobilité durable. Québec Solidaire Capitale-nationale a produit et présenté un mémoire intitulé ‘’Pour des transports responsables et solidaires dans la région de Québec’’. En 2010, suite à la réception des mémoires, le Groupe de travail sur la mobilité durable de la ville de Québec a présenté son rapport. Québec Solidaire Capitalenationale a réagi à ce rapport et l’a commenté dans un second mémoire la même année. Le tramway qui était la pièce maîtresse du rapport du Groupe de travail a été remplacé en cours de route par le SRB (Service Rapide par Bus). Puis le projet de SRB qui semblait rallier la majorité des intervenants des différents paliers de gouvernement a aussi été abandonné suite au désistement de la ville de Lévis.
On se retrouve donc à la case départ avec plus de sept années perdues. La ville de Québec a décidé de retourner en consultations publiques et invité ceux et celles qui le désirent à soumettre leur mémoire. C’est dans ce contexte que QS-CN présente ce texte qui est une mise à jour du mémoire de 2009.
État des lieux
L’agglomération de Québec, par ses choix urbanistiques des dernières décennies et la priorité accordée aux infrastructures dédiées à l’automobile, apparaît comme une retardataire qui n’a pas compris les enjeux environnementaux et sociaux en émergence. À titre de comparaison et pour illustrer la gravité du problème, mentionnons que l’agglomération de Québec compte 22 km d’autoroutes par 100 000 habitants, alors que ce ratio est de 8 km pour Montréal et 7 km pour Toronto selon une étude de Transport Canada. Tout cela au détriment du transport collectif, du transport actif, et de la qualité de vie dans les quartiers. Les règles d’urbanisme doivent rapidement être mises à jour et modernisées en s’inspirant des approches des villes qui ont réussi leur entrée dans le 21e siècle. Il faut que les personnes qui dirigent et planifient nos villes comprennent qu’urbanisme et transport sont des enjeux intimement liés. Par exemple, le déploiement d’un réseau de tramway ne doit être vu comme une dépense difficile à justifier mais comme un outil essentiel de planification urbaine cohérente.
Un solide coup de barre est requis, et nous souhaitons que la ville de Québec saura relever ce défi.
Coup de barre
Les scientifiques de tous les pays s’entendent sur l’urgence de modifier nos comportements de production et de consommation, de gérer l’occupation de nos territoires dans le respect des autres espèces vivantes, de ne plus agir collectivement en fonction des seules exigences de l’économie de marché.
Qu’on l’aborde sous l’angle de la qualité de vie ou sous l’angle énergétique et climatique, l’ère de l’auto achève et l’urbanisme centré sur l’auto est dépassé. La Ville de Québec n’a pas encore pris ce virage.
Deux raisons évidentes qu’il faille donner ce coup de barre, c’est l’urgence de réduire les émissions de gaz à effets de serre, et la fin imminente de l’ère du pétrole qui pourrait être précédée d’une hausse vertigineuse du prix des carburants.
Québec demain
Nos choix en matière d’infrastructures et de politiques de transports doivent être faits en se demandant d’abord ‘’quelle sorte de ville nous voulons’’. En réalité, il faut surtout se demander : quelle sorte de ville sera considérée, dans 10 - 20 ans, comme un milieu de vie agréable et attrayant ? Si, dans les années 70, la prolifération d’autoroutes, d’échangeurs et d’édifices sur les décombres des maisons de quartiers populaires (tels l’édifice G) ou d’ensembles de belles maisons bourgeoises (tel l’édifice H) pouvait être une démonstration de ‘’modernisme’’, ce n’est plus le cas, et ce le sera encore moins dans 10 - 20 ans. La qualité de vie dans les quartiers et la convivialité des espaces publics devraient être davantage valorisées, et reconnues comme des manifestations de leadership en matière d’urbanisme.
La transformation des infrastructures de transport d’une ville comme Québec et sa région, est un ambitieux projet qui nécessitera au moins une, sinon deux décennies de travaux. Il faut donc tout de suite prendre une nouvelle voie qui nous mènera à un environnement urbain de qualité, tel qu’il sera défini par les contraintes qui auront cours dans 10 - 20 ans et par ce que seront devenus les critères de qualité de vie urbaine. Il faut avoir l’audace de faire les bons choix, même si, aujourd’hui, ces choix déplaisent à beaucoup de gens. Deux cas typiques de choix courageux et nécessaires sont la réduction de la place de l’auto et le lancement d’un projet de tramway. Il faut être capable de se projeter dans 10 - 20 ans pour conclure que ces deux initiatives doivent être lancées immédiatement. Il faudra être visionnaire et faire preuve de courage politique si l’on veut démontrer à la population que, dès maintenant, on doit réorienter notre vision de l’urbanisme en fonction des nouvelles réalités de demain. Cet acte de courage politique peut être facilité si on a pris soin de définir :
• des valeurs pour orienter nos choix collectifs,
• des principes inspirés de ces valeurs pour guider nos décisions en matière de transports,
• une vision qui se projette dans la réalité urbaine de 2025 - 2030.
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