Le Syndicats des Métallos de la FTQ pose ainsi le problème :
« « L’été n’est même pas encore commencé et il y a déjà deux morts qui s’ajoutent aux 19 décès survenus au cours des 16 dernières années. Nous avons formulé en avril plusieurs recommandations pour redresser la situation et sécuriser le travail des signaleurs. Le gouvernement n’y a pas donné de suite. Québec doit agir rapidement pour mettre de l’ordre dans l’industrie de la signalisation », tonne la présidente de la section locale 9005 représentant les travailleur.euses de la signalisation routière, Nathalie Perron. » (tiré du site web Syndicat des Métallos | Unité et force pour les travailleuses et travailleurs (metallos.ca) )
Récemment, le gouvernement Legault a agi. Une publicité pour sensibiliser sur la situation des surveillants et surveillantes de chantiers routiers inonde les écrans de tv. Ce message se veut clair et pertinent avec une touche d’humour.
Mais l’effet reçu est tout autre.
Sur les routes au Québec
D’abord, l’insistance à parler des routes du Québec dans le contexte actuel de crise écologique, c’est prendre la défense de l’auto solo.
« Que ce soit pour aller travailler, faire nos courses ou nous rendre à nos activités favorites, le transport routier fait partie intégrante de nos vies. D’ailleurs, selon l’Institut de la statistique du Québec, le transport représente la deuxième dépense en importance des ménages québécois.
Le Québec possède un réseau routier important avec ses 185 000 kilomètres de routes. Selon la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), le nombre de voitures en circulation a augmenté de 2,1 % en moyenne par année entre 1978 et 2015. » (Tiré du site web https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/transport-routier/index.htm)
La notion de transport collectif n’est pas devenu un préoccupation dans l’ensemble de la population québécoise. La publicité gouvernementale a donc une bonne assise pour élaborer son message sur les routes. Mais cela corrrespond aussi à la philosophie du gouvernement. Il suffit de demander à Bruno Marchand :
« Je n’ai pas confiance en Mme Guilbault parce qu’il n’y a pas de vision pour la mobilité durable. Les transports, pour elle, c’est de développer des routes […] Avec ça, on revient au Temps d’une paix. Ce n’est pas le Québec auquel je rêve », a lancé M. Marchand, en référence à cette populaire série québécoise campée dans l’entre-deux-guerres.
Le transport automobile est aussi une cause de pollution de l’air.
« Le transport routier est une source importante de polluants atmosphériques qui proviennent majoritairement des gaz d’échappement des voitures (Santé Canada). Les principaux polluants émis sont le monoxyde de carbone (CO), les oxydes d’azote (NOx), les composés organiques volatils (COV), les particules fines (PM2,5), le dioxyde de soufre (SO2) et l’ammoniac (NH3) (Santé Canada). Le transport routier est aussi une source non négligeable d’autres polluants comme certains métaux, le carbone noir (BC) et les particules ultrafines (PM0,1) (EPA). L’ozone (O3) est un autre polluant associé aux émissions routières. Cependant, il n’est pas directement émis dans l’atmosphère par le transport routier. Il est plutôt le résultat de réactions photochimiques entre des rayons ultraviolets (UV) et les NOx, le CO et les COV. » (tiré du site web https://www.environnement.gouv.qc.ca/air/transport-routier/index.htm)
Donc, le message gouvernemental insiste sur les routes, en arrière plan les automobilistes, sans tenir compte de la pollution atmosphérique. Le contenu de la publicité n’abordera pas la nécessité du transport collectif pour lutter contre les effets de l’auto solo. Cela peut se comprendre dans le cadre du métier des surveillants et surveillantes routières. Le message ne s’élargira cependant pas non plus à la courtoisie, à la nécessité de ralentir lors de travaux, à faire preuve de patience, à penser au danger que subissent ces travailleurs et travailleuses.
Les routes du Québec
Certains et certaines y verraient une pointe d’humour pour caricaturer le PQ. D’autres y trouveraient le vernis nationaliste dont le gouvernement Legault veut se revêtir. Et certaines personnes penseraient que ce message est en fait une caricature du gouvernement Legault : environnement au banc, priorité aux routes et non au transport collectif, avec vernis nationaliste.
Mais qu’est ce que cela a à voir avec les surveillants et surveillantes routières ? Sinon un déplacement de ton, d’un message à saveur de santé publique et de santé sécurité au travail vers un message politique.
Et les contrôleurs et contrôleuses routières dans tout cela ?
Et voilà où le bât blesse. Les gens vont davantage se souvenir du message pour l’humour, la pointe nationaliste mais le problème des décès des travailleurs et travailleuses de la route passera sous le radar. Il y a pourtant là un grave problème de santé et sécurité au travail. Les gens meurent en travaillant.
C’est donc une sensibilisation publique qui passe à côté de son objectif. C’est en fait une insulte aux travailleurs-ses de chantier des routes.
Non seulement le gouvernement ne fait rien dans ce dossier, mais quand il le fait c’est un recul.
Chloé Matte Gagné
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