La réalité est que bon nombre de milliardaires de ce pays sont sur le sentier de la guerre. Ils veulent plus, plus, plus. Leur avidité n’a pas de fin, et apparemment, ils sont insensibles à notre pays ou au peuple de ce pays quand il réclame des limites à l’accumulation de toujours plus de richesses et de toujours plus de pouvoir.
Monsieur le Président, en l’an 2007, le 1% des plus grands possédants aux États-Unis recueillait 23½ % de tous les revenus - plus que le 50% des bas revenus -. Ce n’est apparemment pas assez. Le pourcentage du revenu ramassé par ce 1% a presque triplé depuis les années 1970. Dans le milieu des années 1970, ce 1% gagnait environ 8% de tous les revenus. Dans les années 1980, ce chiffre a bondi à 14%. A la fin des années 1990, ce 1% gagnait environ 19% . Et aujourd’hui, alors que la classe moyenne s’effondre, ce 1% gagne 23½ % de tous les revenus - plus que le 50% des bas revenus- . Aujourd’hui, aussi incroyable que cela puisse être, le 1/10 de ce 1% gagne environ 12 cents de chaque dollar gagné en Amérique.
Nous abordons beaucoup de sujets devant ce Sénat, mais cependant on « oublie » de parler de la réalité : qui sont les gagnants et qui sont les perdants dans cette économie. Il est très clair pour toute personne qui prend 2 minutes pour étudier la question que les gens d’en haut s’enrichissent très rapidement alors qu’en même temps la classe moyenne s’effondre et la pauvreté augmente. Beaucoup de gens sont en colère et se demandent ce qui arrive à leur propre revenu, à leur vie et à la vie de leurs enfants.
C’est incroyable : entre 1980 et 2005, 80 % de tous les revenus générés dans ce pays sont allés à ce 1%. C’est pourquoi les gens s’étonnent et se demandent : Qu’est-ce qui se passe dans ma vie ? Comment se fait-il que je travaille plus d’heures pour un salaire inférieur ? Comment se fait-il que je suis si inquiet pour mes enfants et me demande s’ils auront un aussi bon niveau de vie que j’avais ? De 1980 à 2005, 80 % de tous les revenus étaient accaparés par ce 1 % du sommet.
Aujourd’hui, après que nous ayons renfloué les dirigeants de Wall Street - ces escrocs de Wall Street dont les activités ont abouti à la grave récession que nous vivons en ce moment ; ces personnes dont les actions illégales et dangereuses ont comme résultat que des millions d’Américains perdent leur emploi, leur maison, leurs économies – eh, bien devinez quoi, ces PDG gagnent maintenant plus d’argent qu’avant le plan de sauvetage. Pendant que la classe moyenne de ce pays s’effondre et que les riches deviennent plus riches, les États-Unis ont maintenant et de loin la plus inégale répartition des revenus et de richesse de tous les grands pays sur cette terre.
Monsieur le Président, lorsque nous étions à l’école, nous avions l’habitude de lire des textes qui parlaient des républiques de bananes en Amérique latine, de lire des livres sur des pays dans lesquels une poignée de personnes possédait et contrôlait la majeure partie des richesses de ces pays. Eh bien, devinez quoi. C’est exactement ce qui se passe aux États-Unis aujourd’hui. Et apparemment, la seule préoccupation de certains des plus riches de ce pays est de posséder de plus en plus de richesse et de plus en plus de pouvoir - pas tous, cependant. Pas tous. Il y a beaucoup de gens riches dans ce pays qui sont fiers d’être Américains et qui comprennent que l’une des choses importantes, c’est que nous tous vivions bien. C’est un enjeu - la cupidité est aussi un enjeu – que nous devons traiter.
Au milieu de toutes ces hausses des revenus et des inégalités de richesse dans ce pays, nous sommes maintenant confrontés à la décision que nous devons prendre concernant les réductions fiscales de Bush de 2001 et 2003. Aussi incroyable que c’est, nous avons ici des gens - beaucoup de mes collègues républicains - qui nous disent : « Oh, je suis très préoccupé par ce déficit record, par la dette nationale de 13,7 trilliards. Je suis terriblement préoccupé par cette dette que nous allons laisser à nos enfants et nos petits-enfants ». Mais attendez une minute ! Il semble très important que nous donnions, sur une période de 10 ans, 700 milliards de dollars en allégements fiscaux au 2% qui possède le plus. Oh yeah ! nous sommes préoccupés par la dette, par le déficit, disons-nous, mais nous sommes plus inquiets du fait que les millionnaires - les gens qui gagnent au moins $ 1 million par an ou plus – obtiennent, en moyenne, $ 100,000 par année en réductions d’impôt. Nous avons donc une dette de $ 13,7 billions ( équivaut à 13,7 X 1000 milliards ou 13,7 X 1000 X 1,000,000,000) et des inégalités des revenus qui augmentent de plus en plus - le 1% qui possède le plus, gagne en revenus plus que les 50% qui possèdent moins - mais la plus grande priorité de beaucoup de mes collègues républicains est de s’organiser pour que les millionnaires et milliardaires obtiennent encore plus d’allégements fiscaux. Je pense que c’est absurde.
Nous ne parlons pas seulement des taux d’impôt sur le revenu, mais aussi de l’impôt sur les successions. Soyons clairs. Pendant que certains de mes amis veulent éliminer complètement l’impôt foncier - qui a existé dans ce pays depuis 1916 – chaque cenne de tous ces bénéfices iraient aux premiers 3/10 des 1% les plus riches. Si nous décidons ce que certains de mes amis aimeraient - éliminer complètement la taxe foncière - il nous en coûterait $ mille milliard de pertes sur une période de 10 ans, et tous les avantages iraient à ces premiers 3/10 du 1%.
Donc, je suis certain que dans peu de temps mes amis prendront la parole et diront : « Nous sommes très préoccupés par le déficit, nous sommes très préoccupés par la dette nationale, mais savez-vous ce qui nous intéresse le plus ? Accorder d’énormes allégements fiscaux aux personnes les plus riches dans ce pays. »
Monsieur le Président, la question fiscale n’est qu’une partie de ce que certains de nos amis riches veulent voir se réaliser dans ce pays. La réalité est que beaucoup de ces gens veulent ramener les États-Unis là où nous étions dans les années 1920, et ils font leur possible pour éliminer toutes traces de législation sociale que les familles de travailleurs ont réussi à obtenir en se battant bec et ongles afin d’ apporter un minimum de stabilité et de sécurité dans leur vie.
Il y a des gens - pas tous, mais plusieurs - qui veulent privatiser ou éliminer complètement la sécurité sociale. Ils veulent privatiser ou réduire sensiblement Medicare (l’assurance-maladie pour les personnes de 65 ans et plus aux États-Unis). Si vous avez 75 ans et que vous n’avez pas d’argent, bonne chance pour obtenir à un coût abordable votre assurance santé d’une compagnie d’assurance privée. Je suis certain qu’il y a toutes sortes de compagnies d’assurance privées tout simplement ravies de prendre soin des personnes âgées à faible revenu et aux prises avec un cancer ou autre maladie !....
En outre, il y a des chefs d’entreprise, et de nombreux membres du Congrès, qui non seulement veulent poursuivre, mais élargir nos politiques commerciales désastreuses. Ma femme et moi sommes allés magasiner l’autre jour – nous avons commencé nos achats de Noël - et nous avons cherché et cherché, et pratiquement tous les produits dans les magasins étaient fait en Chine, encore de Chine, et toujours de Chine . Il semble que nous sommes un pays dans lequel nous avons un 51e État appelé la Chine qui produit la quasi-totalité des produits que nous les Américains consommons.
Notre politique commerciale a entraîné la perte de millions d’emplois bien rémunérés. Les grandes corporations et chefs d’entreprise ont dit : « Pourquoi réinvestir en Amérique quand je peux aller dans des pays où les gens sont payés 50 cents, 75 cents de l’heure ? C’est ce que nous voulons faire ; tant pis pour les travailleurs de ce pays. Ainsi, non seulement nous sommes aux prises avec cette politique commerciale désastreuse, mais il y a des gens qui veulent actuellement l’élargir davantage.
Pendant que nous luttons avec un déficit record et une immense dette nationale, - causés par les guerres en Irak et en Afghanistan, causés par des allégements fiscaux pour les riches, causés par l’absence d’une assurance médicaments publique, (Partie D de Medicare), causés par le sauvetage de Wall Street, ce qui accentue le déficit et la dette nationale - certains diront : « Oh mon Dieu, nous avons tous ces frais, et nous devons accorder des allégements fiscaux aux millionnaires et milliardaires, et pourtant nous voulons équilibrer le budget. Gee, comment allons-nous faire ?
Évidemment, nous savons comment ils vont faire. Ils vont réduire les soins de santé, ils vont réduire les subventions en éducation, ils vont réduire les soins aux enfants, et ils vont réduire les programmes Pell. Nous n’avons tout simplement pas assez d’argent pour les familles et les nounous. Nous allons réduire les coupons alimentaires. Nous n’avons certainement pas l’intention de prolonger les indemnisations du chômage. Notre priorité Monsieur le Président : Nous devons accorder des allégements fiscaux aux millionnaires. C’est le fond du sujet n’est-ce pas ? Ils financent les campagnes, ils doivent donc obtenir ce qui leur est dû.
Étonnamment, les PDG de Wall Street et des grandes institutions financières souhaitent annuler ou affaiblir de nombreuses clauses – des règlementations très modestes - dans le projet de loi de réforme financière. J’ai voté pour le projet de loi de réforme financière, mais je vais vous dire clairement qu’il n’est pas allé assez loin, mais pour nos amis de Wall Street et leurs lobbyistes, qui sont tous ici, il est allé trop loin. Et Wall Street a dépensé des centaines de millions de dollars dans le but d’annuler et/ou d’affaiblir ces réformes.
Ces gens veulent réduire les pouvoirs de l’EPA ( l’agence de protection de l’environnement) et le Département de l’énergie de telle sorte que Exxon Mobil puisse rester la société la plus rentable de l’histoire mondiale alors que les compagnies de pétrole et de charbon continuent de polluer notre air et notre eau. L’an dernier, Exxon Mobil a réalisé $19 milliards en profits. Devinez quoi ? Ils ont payé zéro cent d’impôt. Ils ont obtenu un remboursement de $ 156 millions de l’IRS ( service des revenus). Je suppose que ce n’est pas suffisant. Nous devons donner encore plus d’allégements fiscaux aux compagnies pétrolières.
C’est là où nous en sommes. Nous devons en prendre conscience. Une guerre est en cours. La classe moyenne est en lutte pour l’existence, face aux forces des plus riches et des plus puissants dans le monde dont la cupidité n’a pas de fin. Et si nous ne commençons pas à nous unir et à représenter ces familles, il n’y aura plus de classe moyenne dans ce pays.
* Discours prononcé jeudi le 30 novembre 2010, devant le Sénat des États-Unis,
Traduction : Françoise Breault