Le rapport « Énergie Est : Quand le pétrole et l’eau se rencontrent » publié aujourd’hui par le Conseil des Canadiens, une organisation citoyenne fondée en 1985, fait état que l’Oléoduc Énergie Est pourrait déverser plus d’un million de litres de pétrole non raffiné, y compris du bitume dilué provenant des sables bitumineux, en seulement 10 minutes.
À titre de comparaison, le déversement survenu en 2013 dans la rivière Kalamazoo, Michigan – le plus important déversement en eaux intérieures aux États‑Unis – a déchargé 3,8 millions de litres de bitume dilué pendant seulement 17 heures.
« Le risque ne vaut simplement pas la peine », proclame Maude Barlow, présidente du Conseil des Canadiens. « La quantité de pétrole – un million de barils par jour – transportée par le projet Oléoduc Énergie Est est énorme. Cela signifie qu’un déversement compromettrait sérieusement l’intégrité de nos ressources d’eau douce. »
Voies naviguables
Le rapport dévoilé aujourd’hui par le Conseil des Canadiens dresse un portrait des particularités et des attributs de plusieurs voies navigables situées sur le tracé de 4 400 km de l’Oléoduc Énergie Est, soit depuis Hardisty en Alberta, jusqu’aux ports pétroliers de Cacouna au Québec et de Saint John au Nouveau‑Brunswick.
Le rapport appelle les municipalités et les gouvernements provinciaux situés sur le parcours de l’Oléoduc à commanditer des études scientifiques indépendantes afin de mieux évaluer la menace d’un éventuel déversement de bitume dilué dans leur région.
« C’est une grave erreur que de compter sur le Canada et la législation fédérale pour protéger les voies navigables d’un éventuel déversement ou pour nettoyer rapidement les dégâts après coup », ajoute Andrea Harden‑Donahue, responsable de campagne sur l’énergie et la justice climatique auprès du Conseil. « TransCanada affirme que le fait que le bitume dilué coule au fond de l’eau n’est qu’un mythe et le gouvernement Harper a détruit les principales protections environnementales, laissant nos voies navigables vulnérables. »
Le déversement de la Kalamazoo a démontré que le bitume dilué déversé dans l’eau avait effectivement la propriété de couler au fond de l’eau, rendant les techniques classiques de nettoyage inefficaces. Quatre ans plus tard, et après des dépenses s’élevant à plus de 1 milliard de dollars, le pétrole submergé est toujours au fond de la rivière.
Eau potable
L’Oléoduc Énergie Est traverserait les sources d’eau potable de millions de Québécois et de Canadiens. À certains endroits, l’Oléoduc est appelé à traverser des voies navigables situées à moins de 20 km de collectivités qui puisent leur eau potable à même ces voies navigables. Un déversement aurait des effets dévastateurs sur les voies navigables arrosant de grandes villes comme Winnipeg, Ottawa et Québec.
De nombreuses voies navigables sont présentées dans le rapport, de la rivière Battle en Alberta, à la baie de Fundy au Nouveau-Brunswick. Les données sont compilées à partir de l’information fournie par TransCanada à l’Office national de l’énergie dans la description de projet à la phase d’approbation initiale, de l’oléoduc existant en attente de conversion ainsi que des connaissances locales le long du tracé proposé.
« L’inquiétude grandissante face aux ressources d’eau douce devrait nous pousser, en tant que collectivité, à assumer notre rôle de gardiens de ces ressources », conclut madame Barlow. « L’Oléoduc Énergie Est constitue une grave menace pour l’eau. C’est un risque que nous ne pouvons pas prendre. »