Édition du 19 novembre 2024

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Lutte contre les pipelines

Ce qu'on vous cache sur les déversements dans le Saint-Laurent

Saviez-vous que le fleuve Saint-Laurent, dans la zone hyper-habitée entre Valleyfield et Québec, une zone marquée en rouge foncé sur des cartes de risques et de vulnérabilité en cas de déversement pétrolier, n’est pas couverte par le nouveau système d’intervention d’urgence « de classe mondiale » de la Garde côtière canadienne ? Moi, je ne le savais pas. Vous non plus, j’en suis sûr.

Voici ce que j’ai appris la semaine dernière - et les autorités ne se précipiteront pas pour nous le dire ! - à un de ces colloques où les lobbies et les grosses entreprises polluantes et dangereuses se parlent entre eux, à l’abri des oreilles trop curieuses de la société civile. Mais moi j’y étais !

Le colloque sur les « Défis et enjeux du transport de matières dangereuses », était organisé par l’Association québécoise des transports (AQTr). Tout le gratin en matière de sécurité publique et de transport, au niveau fédéral, provincial et municipal, était présent, en plus d’entreprises impliquées dans la production ou le transport de matières dangereuses. Évidemment, les compagnies pétrolières canadiennes y étaient aussi.

Zones fortement habitées

La Garde côtière canadienne a présenté les mesures de sécurité mises en place en cas de déversement dans le fleuve, l’estuaire et le golfe Saint-Laurent. Ces mesures sont basées sur une étude de risques réalisée par la firme Génivar (maintenant WSP) en 2013. Les cartes réalisées par Génivar sont explicites : les niveaux d’impacts et de vulnérabilité de déversement dans la portion fluviale entre Valleyfield, Montréal et Québec sont très élevés, tant pour la population que pour les écosystèmes. Pensons seulement à la densité de population et aux prises d’eau potable le long des berges. On frissonne.

Malgré tout, la Garde côtière a affirmé que le nouveau système d’intervention en cas de déversement pétrolier ne sera appliqué que sur la portion du Saint-Laurent entre la ville de Québec et l’île d’Anticosti. Un écoulement de pétrole survenant entre Valleyfield et Québec ne serait pas couvert par ce fameux plan d’urgence.

Superpétroliers en hausse

Et rappelons que pour exporter le pétrole sale et explosif de l’Ouest canadien, le trafic maritime dans ce secteur, avec Kildair à Sorel, la raffinerie Suncor de Montréal-Est et Valéro à Lévis, sera de plus en plus intense, incluant même de larges pétroliers, autorisés en catimini il y a deux ans.

En passant, c’est quoi un « système d’intervention d’urgence de classe mondiale » que le gouvernement Harper veut nous offrir ? Le gouvernement lui même n’est pas sûr de sa proposition.

Mais ce que je peux vous dire cependant, c’est que de l’avis d’experts qui fréquentaient ce colloque, ce plan de classe mondiale prend l’eau et ne serait pas efficace. Ainsi, par exemple, on chuchote qu’il faudrait au moins un grand brise-glace remorqueur au Québec pour déprendre les navires en détresse avant qu’ils ne soient frappés par d’autres navires.

Garde côtière, exportation de pétrole, normes de transport... encore une fois, ces décisions se prennent à Ottawa et ont un impact direct sur notre sécurité. Encore une fois, c’est précisément la raison pour laquelle je veux, avec mon équipe, aller, à titre de député vert, fouiller là où sont les lobbies. Il faut prévenir les accidents prévisibles et évitables. Donc "pas sur mon fleuve" !

Daniel Green

Co-président, Société pour vaincre la pollution. Chef adjoint du Parti Vert du Canada.

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