Édition du 5 novembre 2024

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Arts culture et société

Neil Young s’attaque à Monsanto

Vidéo dans l’article

L’icône du blues-rock états-unien consacre son prochain disque contre Monsanto. Titre phare, « A Rock Star Bucks A Coffee Shop », dont voici la vidéo.

Tiré de Reporterre.

Toujours aussi mélodique, Neil Young. Il n’a plus l’air grave, intimidé de ses débuts. Mais il marie mieux que jamais des chœurs presque dissonants, style service religieux protestant, avec un bon gros rock de guitares électriques, et s’entoure de musiciens jeunes, beaux et ravis. De nos jours, Young s’amuse et tout son groupe reprend, hilare, avec lui, son refrain, efficace, bien carré :

« Monsanto, Monsanto,/ let the farmers grow/ what they want to grow », « Monsanto, Monsanto, laisse les paysans cultiver ceux qu’ils veulent »... au lieu de les poursuivre pour le prétendu vol de droits sur la semence qu’ils ont eux-mêmes récoltée. Mais ça reste sous entendu. Prends toujours ça, Monsanto. Aucune équipe d’avocats, seraient-ils des dizaines, ne risque de s’y attaquer. Avec les balancements du rock, c’est encore plus jouissif, et toute la troupe de siffloter.

L’attaque contre Starbuck, moins frontale, repose sur un calembour, ce qu’on appelle en anglais chic un « double entendre » : « une rock-STAR BUCKS (donne une ruade) à un marchand de café, « a rock star bucks a coffee shop »... « et si ça ne te plaît pas, tu écoutes une autre radio ! » Voilà un piège médiatique parfaitement tendu : qui ne diffuse pas, passera pour vendu. Mais monsieur Young n’est pas un débutant.

Son premier succès a été la participation au sein de Buffalo Springfield, à la chanson, For what it’s worth ("pour ce que ça vaut"), écrite par Stephen Stills, et qui devint un chant de ralliement de la contestation en 1967. Les rifs de guitare hawaïenne très lents, comme des vagues, et les paroles, envoutaient : « Stop ! Quel est ce bruit, ? Tout le monde regarde ce qui nous tombe dessus ». Ce qui tombait, c’étaient les coups de matraques de la police sur la jeunesse en émeute de Los Angeles, qui a inspiré la chanson. Mais chacun voulait comprendre : des bombes et du napalm sur le Viet-Nam et le Cambodge, ce dernier en principe neutre, en principe non bombardé. On penserait drones aujourd’hui.

Starbuck doit son succès aux cafés frais moulus, à l’odeur délicieuse, que l’Amérique avait oubliée en buvant du café très délavé.

Seulement voilà, Young préfère son café au lait (latte en américain chic). Et tout le lait des Amériques du nord, ou presque, provient de vaches recevant des injections d’hormone de croissance pseudo humaine, fabriquée dans des réacteurs industriels, par des bactéries OGM, reprogrammées. Pourquoi cette copie d’une hormone de croissance humaine augmente-t-elle la lactation des vaches ? Nul ne sait. Mais le résultat se compte en rendement financier. Au reste ce n’est pas marqué sur les emballages et la plupart des Etats-Uniens ignorent cet état de fait, qui pourrait les inquiéter pour leur santé, celle de leurs filles et leurs compagnes. Et Starbuck refuse d’informer sur le lait que la firme utilise. Ce que Neil Young traduit : I want a cup of coffee but I don’t want a GMO, « je voudrais une tasse de café, mais je ne veux pas d’OGM », et encore, I like to start my day off without helping Monsanto, « j’aime bien commencer un jour de congé sans aider Monsanto » (il faut se rendre chez Starbuck pour boire le café, ça ne se passe pas à la maison ni au boulot).

Les autres paroles concernent les politiciens fascistes et les géants de la chimie, ou le procès intenté par l’agrobusiness a l’Etat du Vermont, qui impose de signaler les OGM sur les étiquettes.
 Pour en savoir plus, le site de Neil Young, qui prépare un album entier sur le thème de Monsanto (The Monsato years) : Neil Young

Les paroles de "A Rock Star Bucks A Coffee Shop"

If you don’t like a rock star bucks a coffee shop

Well you better change your station cause that ain’t all that we got

Yeah, I want a cup of coffee but I don’t want a GMO

I like to start my day off without helping Monsanto

Monsanto, let our farmers grow

What they wanna grow

From the fields of Nebraska to the banks of the Ohio

Farmers won’t be free to grow what they wanna grow

If corporate control takes over the American farm

With fascist politicians and chemical giants walking arm in arm

Monsanto, let our farmers grow

What they wanna grow

When the people of Vermont voted to label our food with GMOs

So they could find out what was in what the farmer grows

Monsanto and Starbucks grew the grocery manufacturer mice [?]

It sued the state of Vermont to overturn the people’s will

Monsanto — and Starbucks — others want to know

What they feed their children Monsanto, let our farmers grow

What they wanna grow

Source : Marie-Paule Nougaret pour Reporterre

Video : https://www.youtube.com/watch?v=UC2DpGaykaI

Marie-Paule Nougaret

Journaliste pour Reporterre.

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