Par ailleurs, on n’a qu’à relire le libellé des questions référendaires tordues de 1980 et 1995 pour se rendre compte que le mot indépendance n’apparaît nulle part, de l’hésitation sous-jacente à la démarche, et de la stratégie d’attraper le plus de nationalistes dans le filet, au lieu de tabler sur le courage et la détermination du peuple québécois pour choisir sa libération. Lorsque que l’on jette un coup d’oeil au dictionnaire, les mots indépendance et souveraineté sont pratiquement équivalents. On peut cependant se demander pourquoi, contrairement aux autres peuples qui sont devenus indépendants, les ténors souverainistes ont opté depuis longtemps pour le terme souveraineté. Sans doute pour ’’ faire moins peur au monde ’’, encore un signe d’hésitation et de manque de courage.
Les leaders souverainistes, grands responsables du recul actuel
Les leaders souverainistes sont les grands responsables de la situation actuelle. Avec leur valse hésitation sans fin, leur manque de courage, et leurs stratégies complètement nulles, ils n’ont fais que mêler tout le monde. La meilleure, des députés souverainistes à Ottawa ont voté en 2007 en faveur d’une résolution affirmant que le peuple québécois forme une nation à l’intérieur d’un Canada uni. Faut le faire. On peut se demander s’ils y croient vraiment à la souveraineté du Québec, ou s’ils ne s’endorment pas en cours de route dans le ronron quotidien de L’Assemblée nationale ou de la Chambre des communes, en attendant de collecter leur pension à la fin de leur carrière ’’ souverainiste ’’. Le fond du problème, c’est qu’ils ne se font pas confiance, et en conséquence ils ne font pas confiance au peuple.
Le silence des jeunes
Les grands mouvements de notre époque, Mai 68, la libération de la femme etc. ont été initiés par la jeune génération qui a entraîné l’ensemble de la société dans son sillage. Une grande partie de la jeunesse québécoise est indépendantiste mais ne s’implique pas suffisamment pour la cause, comme si cela allait de soi et se ferait tout seul. Les plus actifs dans les rangs souverainistes se soumettent facilement aux ténors et ne brassent pas suffisamment la cage. Un bon coup de pied au derrière de la vieille garde de leur part ferait grand bien.
Mâcher de la gomme et faire l’indépendance
Un expression populaire parle d’être capable de marcher tout en mâchant de la gomme. On peut se demander pourquoi les Québécois ne seraient pas capables de travailler, d’étudier, de s’occuper de leur vie affective et familiale, et de faire l’indépendance en même temps. Pourquoi ils ne seraient pas capables de s’occuper d’environnement, d’éducation, d’économie, de santé, et de se donner un pays en même temps ? D’où cette idée que l’indépendance du Québec, c’est pour plus tard, quand on aura le temps de s’en occuper. Comme si on n’aurait plus à s’occuper des autres choses plus tard.
Une période de grande confusion et de déprime
La souveraineté du Québec seule recueille autour de 35% d’adhésion chez les Québécois. Assortie d’un nouveau partenariat avec le reste du Canada, c’est autour de 45%. Et pourtant, fatigués d’entendre parler de référendum, et non d’indépendance, les Québécois disent, selon un sondage récent, dans une grande majorité, que le Québec sera encore dans le Canada dans dix ans, et près de 50% des électeurs péquistes disent que le parti devrait oublier son objectif de faire la souveraineté, par ailleurs la seule raison d’être de ce parti. Allez y comprendre quelque chose, sinon constater une grande confusion. Pour ce qui est de la déprime, avec l’appui à la souveraineté avec ou sans partenariat avec le Canada, elle n’est en rien justifiée. Elle est émotionnelle et n’a rien à voir avec la raison. Elle est aussi la conséquence des paroles creuses et des années d’inaction des leaders souverainistes.
Quoi faire
Tout d’abord cesser d’avoir peur, conquis que nous avons été dans l’histoire, et encore colonisés dans nos têtes. Faire preuve de courage, de détermination. Renouveler le discours. Reprendre l’abc de l’éducation politique sur la souveraineté, travail qui n’a pas été fait au cours des dernières décennies. Parler du pourquoi de l’indépendance. Parler d’identité, de langue, de fierté, d’histoire. Parler de l’espace qui rétrécit pour les Québécois l’intérieur du Canada, dont une diminution grandissante au niveau de la proportion de députés québécois à Ottawa. Dire que le Québec n’a jamais adhéré à la constitution de 1982. Dire qu’avec l’adoption de la loi de Stéphane Dion sur la clarté référendaire, le gouvernement fédéral est seul habilité pour le moment à déterminer la valeur d’un référendum gagné par le oui à être tenu au Québec sur la souveraineté, à partir de la formulation de la question et de la majorité obtenue. Parler de la propagande permanente d’Ottawa avec l’unifolié utilisé toutes les sauces, notamment à l’occasion des Jeux Olympiques. Parler de la langue anglaise qui gagne du terrain à Montréal et du bilinguisme grandissant. Parler d’un Canada de plus en plus guerrier dans lequel nous ne nous reconnaissons pas.
Etre sur le pied de guerre en permanence
Comme pour tous les peuples qui ont acquis leur indépendance, le chemin de notre libération est un combat à mener au quotidien, et non un long fleuve tranquille. Chaque jour nous, et surtout nos leaders, devons dénoncer vigoureusement tous les gestes du gouvernement canadien allant à l’encontre des valeurs, des intérêts et des aspirations du peuple québécois, et ce, sur tous les terrains. Nous devons attaquer sans arrêt sur tous les fronts, identitaire, constitutionnel, politique, économique, linguistique etc.
Ne plus compter sur le Parti Québécois
Le Parti Québécois ne fera jamais l’indépendance du Québec. C’est de plus en plus clair pour plusieurs d’entre nous. Il nous fait tourner en rond depuis trop d’années. La nouvelle impératrice Pauline parle maintenant de deux ou trois mandats d’un gouvernement du Parti Québécois sans tenir de référendum. S’il fallait que nous vivions deux mandats de Mario Dumont avant une prochaine prise du pouvoir du Parti Québécois, cela nous mènerait au minimum vers 2027 environ avant la tenue d’un éventuel référendum ’’ si les Québécois sont prêts ’’. Je ne serai probablement plus de ce monde comme bien d’autres à ce moment. S’il avait fallu que tous les libérateurs de peuples dans l’histoire attendent que le peuple leur dise qu’il est prêt pour se libérer, il y aurait encore aujourd’hui bien des peuples soumis sur terre. Depuis quand les chefs sont-ils derrière plutôt que devant la parade.
Se rassembler dans un nouveau mouvement indépendantiste
Tous les indépendantistes doivent maintenant se retrouver dans un seul et nouveau mouvement dont le seul objectif sera de promouvoir l’indépendance du Québec. Qu’ils soient de gauche ou de droite. Qu’ils voient l’indépendance comme une fin en soi ou un outil de changement social. Qu’ils soient membres du Parti Québécois, de Québec Solidaire, ou membres d’aucun parti. Après avoir réuni toutes les forces indépendantistes, il faudra élaborer un nouveau discours sur le pourquoi de la nécessité de l’Indépendance du Québec. Il faudra également se trouver un(e) chef inspirant(e) pour tous, capable de galvaniser les troupes et de rejoindre l’ensemble des Québécois.
Avec notre discours renouvelé, il s’agira d’aller ensuite rencontrer les Québécois et Québécoises dans un patient travail de porte porte, de réunions de cuisine, et d’assemblées publiques. Lorsque ce mouvement populaire sera suffisamment fort, ce sera alors le temps de choisir un véhicule politique, un parti politique existant ou à créer, pour aller sur la scène électorale, et dire haut et fort, que le lendemain de son élection, il y aura une déclaration unilatérale d’indépendance, et que commencerons dès lors les négociations avec le Canada sur les aménagements à faire suite à la nouvelle situation qui prévaut. Par la suite, nous pourrons réaliser, comme tout pays souverain, les ententes souhaitables avec d’autres pays de notre choix.
Le recul actuel est un mal pour un bien. L’abcès couvait depuis trop longtemps. La défaite électorale récente du Parti Québécois et sa relégation au troisième rang des partis politiques québécois force le jeu. A chacun de mettre ses culottes et de prendre ses décisions. L’ère des tergiversations est maintenant terminée.