Sarah Jaffe, The Nation, 19 janvier 2019
Traduction, Alexandra Cyr
Il y avait 3 lignes de piquetage devant l’école Harry Bridges Span à Wilmington en Californie ce 16 janvier 2019. Mais l’action se passait devant la barrière de l’entrée, là où se trouvait une de ces lignes. Un camion de livraison est là. (Le chauffeur) a regardé la ligne de piquetage et a poursuivi son chemin comme les jours précédents à la grande joie des enseignants.es, des parents et du voisinage qui tenaient la ligne. Mais aujourd’hui, son surveillant était là et il a appelé la police pour qu’elle vienne lui ouvrir la voie.
Les grévistes font face à la police. Une enseignante est en larmes. On donne des explications : est-ce que des confrères et consoeurs syndiqués.es ne devraient pas se tenir à leurs côtés plutôt que de traverser les lignes de piquetage. Une femme me tape sur l’épaule pour me dire : « Est-ce que la police ne devrait pas attraper les méchantes personnes, pas les enseignants.es » ! Un autre, demande où sont tous ces véhicules de police quand quelqu’un est abattu. Le piquet tient bon. Les policiers n’en rajoutent pas, ne menacent pas d’arrêter les grévistes. Le camion et les voiture de police s’en vont. Un des officier va même jusqu’à saisir sa radio et déclarer avant de partir : « Ne les laissez pas se mettre entre vous et nous. Nous vous supportons ».
Après 4 jours de grève, les lignes de piquetages sont bien tenues et ça fonctionne comme une machine bien huilée. On voit l’effet du travail de terrain que les réformateurs.trices on fait pour changer ce très grand syndicat en un syndicat de combat qui a réussi à investir la ville avec des ralliements de masse et des lignes de piquetage. Il a travaillé à construire des alliances dans la communauté, avec des parents, des étudiants.es et des groupes communautaires pour organiser des activités de solidarité dont des visites aux domiciles de membres du conseil scolaire et des fondateurs.trices des écoles à chartes (écoles privées financées par les fonds publics. N.d.t.). Cette grève que les dirigeants.es du syndicat ont appelée « la bataille pour l’âme de l’éducation publique » semble être un modèle dans le renforcement des syndicats du secteur public en ces temps dominés par l’arrêt Janus Janus vs American Federation of State, County and Municipal Employees. (cf.article de J. Nichols du 7-8-18 sur notre site à la page 4 de l’onglet États-Unis de notre section internationale. N.d.t.)
La pluie qui tombe n’arrête personne. Phyllis Hoffman, dirigeante du chapitre de l’école Harry Bridges et Michael Gearin, qui coordonne l’action avec les autres écoles du secteur sont partout à la fois. Ils discutent avec les policiers.ères, mènent les slogans, acceptent les beignes qu’on offre aux grévistes, le café, les burritos pour le dîner et s’entretiennent avec les parents. Mme Hoffman m’explique comment une bataille locale contre une école à charte a réveillé les forces dans son école qui porte le nom d’un fameux syndicaliste de gauche qui a fondé la International Longshoremen’s and Warehousemen’s Union (ILWU). Ces débardeurs sont présents ici avec leurs t-shirts où on peut lire : ILWU est avec vous UTLA !
Gary Herrera du local 13 de la ILWU m’explique qu’un syndicat se doit de soutenir les autres syndicats et qu’une blessure à quelqu’un.e est une blessure à tous et toutes ne veut pas dire seulement dans votre syndicat mais bien dans tous. Il ajoute, qu’il y a quelques semaines, son organisation a décidé qu’elle inviterait ses membres à adopter une école et à se joindre aux lignes de piquetage partout dans Los Angeles. Mais celle-ci leur est spéciale : « C’est notre communauté. Et je pense qu’Harry Bridges voudrait que nous sortions aussi pour des actions sociales pas que pour le travail ».
M. Gearin de son côté explique que la solidarité va dans les deux sens : des enseignants.es et les communautés et vice et versa. Les entreprises locales ont aussi adopté les lignes de piquetages. Elles offrent de beignes et du café aux grévistes. En retour, les enseignants.es se sont organisés.es, grâce aux fonds syndicaux, pour offrir des sacs de lunches aux écoliers.ères qui ont absolument besoin des repas que l’école offre, jusqu’à 3 fois par jour .
Ce genre de solidarité est fondamental dans la reconstruction du syndicat et demeure la clé de son succès dans la grève. Les parents et les élèves sentent que la bataille de leurs enseignants.es est aussi la leur au point où la pluie diluvienne ne les rebute pas. Ils vont vers la présidente du conseil scolaire de Los Angeles, Mme Monica Garcia avec leurs listes de requêtes et sont sur la ligne de piquetage juste avant le lever du soleil tous les matins.
IL faut remonter à la crise financière et à la récession de 2008 pour voir les débuts de la reconstruction de UTLA. Cette époque est marquée par des coupes de personnel massives dans le district. Mme Noriko Nakada, enseignant à l’école secondaire Emerson raconte : « Si vous examinez la population enseignante, vous verrez qu’il n’y a personne qui ait entre 27 et 32 ans. Chacun.e était remercié.e à la fin de chaque année scolaire. Avec des collègues dont l’actuel président de UTLA, M. Alex Caputo-Pearl, qui enseignaient à l’école Émerson à l’époque, elle a organisé un arrêt de travail et une action de désobéissance civile, d’une heure pour protester contre ces coupes budgétaires.
C’est arrivé quand A. Caputo-Pearl et Cecily Myart-Cruz (vice-présidente du syndicat maintenant), avec d’autres membres ont commencé à devenir sérieux à propos de la réforme du syndicat et ont formé le Union Power caucus. Mme Nakada explique que : « C’étaient déjà des militants syndicaux de haute lutte. Mais les actions du syndicat n’allaient pas dans leur sens ». Quand, plusieurs années plus tard, le caucus d’enseignants.es de la base a pris le pouvoir à Chicago et a dirigé la grève de 2012 qui a connu un large succès, cela a inspiré l’équipe de Union Power. Le grand coup a été donné pour s’attaquer à la direction en place et couper tous liens avec CTU (California Teachers Union) et les autres réformistes syndicaux. Jusqu’à maintenant, ça tient.
Alex Caputo-Pearl est l’homme fort qui répond sincèrement aux questions. Il va parler en souriant des problèmes des colocations avec les écoles à chartes, des coûts astronomiques des élections au conseil scolaire de Los Angeles, mais il s’anime vraiment quand il intervient à propos des réformes que son caucus a introduit dans le syndicat depuis qu’il a été élu en 2014 avec la promesse de créer des comités d’organisation, politiques, de recherche et une division parents/communauté. Le syndicat a même réussi à faire adopter par ses membres une augmentation des cotisations pour financer ces nouveautés et tout le travail à faire.
L’arrêt Janus de la Cour suprême statue que les travailleurs.euses qui sont régis.es par une convention collective dans syndicat du secteur public n’ont pas à payer de cotisation. Tous ces syndicats ont eu peur de perdre leurs membres. Mais, selon Mme Nakata, le Syndicat des enseignants.es de Los Angeles s’est organisé pour que ses membres se mobilisent avant la tombée de la décision. Aussi, quand l’année scolaire a commencé tous et toutes se ruaient pour renouveler leur adhésion au syndicat et personne n’a faibli tout au long des négociations. Elle ajoute que : « Avoir travaillé à l’organisation en avance a été fondamental pour arriver à ce que nous voyons aujourd’hui. Les membres sont allés.es au-delà de l’arrêt Janus et ont compris l’importance du syndicat ».
La stratégie du Syndicat des enseignants.es de Los Angeles s’est assuré que son message était aussi entendu des parents, des étudiants.es et de la communauté partout dans le district. Il a aussi pris le temps d’écouter les préoccupations des parents quant aux écoles. Ce qui est connu dans les syndicats comme « négocier pour le bien commun », cette idée qu’il faut introduire dans les négociations des demandes qui bénéficient à toute la communauté et pas seulement aux membres, a servi non seulement à revigorer un syndicat engourdi mais aussi à raviver l’intérêt pour la totalité du secteur public. Résultat : quand les enseignants.es descendent dans la rue, non seulement les parents sont d’accord pour se joindre à eux mais aussi ils sont prêts à prendre des risques pour eux-mêmes.
Un élément déterminant de ce travail, c’est de créer des structures pour une organisation qui va du bas vers le haut systématiquement. L’UTLA devait exceller à ce chapitre compte tenu de la géographie de son district. Comme l’explique M. Caputo-Pearl, le syndicat ne pouvait pas se contenter d’une petite équipe de négociation qui rencontre les gens du district quand la fin de la convention collective arrive. Il faut entretenir des contacts constants avec les membres pour arriver à identifier et développer des leaders. Ces leaders sont élus à l’échelle de l’école ou du chapitre qui sont ensuite regroupés en groupes plus importants qui ont leurs propres leaders qui sont en retour en contact avec la direction du syndicat : « Ça nous a immensément aidé d’avoir des leaders sur le terrain choisis.es parmi les membres locaux pour aller en grève ; faire tout ce qu’il y a à faire en ce moment, quand il le faut, faire circuler les informations chez les membres, recevoir les réactions immédiatement, en faire autant en direction des parents et recevoir immédiatement aussi leurs réactions. C’est d’autant plus important que nous sortons de systèmes et structures immobiles depuis des années ».
La grève est le test ultime pour les structures écrit l’organisatrice et auteur de No Shorcuts, Jane McAlevy. Le Union Power caucus a été clair depuis le début : il fallait arriver à avoir un syndicat qui n’ait pas peur de la grève.
Développer ces liens dans la communauté a voulu dire avoir de véritables principes et des demandes en accord non seulement avec les dirigeants.es du syndicat mais aussi avec les membres comme Rosa Jimenez qui enseigne l’histoire à l’école RFK. Elle a observé que le syndicat se centrait sur la justice raciale pas seulement pour se réconforter mais dans une réflexion sur la réalité à laquelle sont confrontés.es tant d’étudiants.es : ceux et celles qui sont sans papiers, qui sont harcelés.es par la police dans leur quartier et par celle de l’école (le district de Los Angeles à sa propre force policière) et ceux et celles qui sont sortis.es de leur milieu à cause de l’embourgeoisement des quartiers.
Mme Jimenez est une militante de Students Deserve un groupe communautaire inspiré du cadre désinvestir/investir de Black Lives Matter’s. Elle dit être maintenant dans une autre façon de penser à propos des alliances communautaires. Cette approche fait des parents et des étudiants.es de véritables partenaires, leur donne voie au chapitre. Ce ne sont plus des partenaires secondaires.
Cela a voulu dire, utiliser les réserves du syndicat pour aider financièrement des élèves protégés par DACA (décret présidentiel qui accorde une protection contre les expulsions aux enfants de parents sans papiers pour terminer leurs études) pour le renouvellement de leurs papiers. Cela a voulu dire résister aux recherches (policières) aléatoires d’étudiants.es sur les campus. Cela a aussi voulu dire demander au district d’établir un fond de défense des immigrants.es pour soutenir les familles menacées par l’administration Trump. M. Caputo-Pearl explique que même le financement des écoles doit être conçu en rapport avec le racisme institutionnel. Il souligne que la Californie avait l’habitude d’avoir le plus haut taux de financement par élève de tout le pays. Mais, pendant que la proportion des non blancs.hes augmente dans les écoles publiques la révolte (de l’électorat) contre la taxation a affamé les écoles et les politiciens.nes ont commencé à augmenter les coupes dans les budgets. En ce moment, la Californie est au 43ième rang au pays (pour le financement par élève) malgré toute la richesse qui littéralement inonde le territoire de ce district sous la forme de maisons pour multimillionnaires dans les collines et des édifices à logements dans le centre-ville.
Pour M. Caputo-Pearl, « Se battre pour le ratio maitre-élève, pour un.e infirmier.ère à temps plein dans ces écoles où se concentrent les enfants de couleur, c’est un enjeu de justice raciale ». Mais, ajoute-t-il, il est aussi important de mener des batailles plus spécifiques : « ça a été un défi pour nos membres de voir le syndicat comme le moyen de faire respecter leurs droits mais aussi un véhicule plus grand pour se battre pour nos meilleurs alliés, les parents et leurs enfants ».
Les enseignants.es ont la plupart du temps été d’accord pour faire plus avec moins parce que leur allégeance va aux élèves et le travail qui se fait. Mais il est facile d’exploiter un tel dévouement et il peut être difficile de convaincre ces travailleurs.euses de prendre le risque de faire la grève. Mais après des décennies de coupes, de privatisation, de tests et de se faire casser du sucre sur le dos par les politiciens.nes et les médias, les enseignants.es partout dans le pays sont de plus en plus fatigués.es et préparés.es à lutter. (Actuellement, 13 fév., les enseignants.es de Denver sont aussi en grève. N.d.t.).
Wil Page qui enseigne dans le programme sur l’environnement, déclare que : « Il y a une idée répandue qui veut que les postes d’enseignants.es, d’infirmiers.ères sont importants, mais pas assez pour qu’on y investisse. Si ces professions étaient majoritairement composées d’hommes nous n’aurions pas ce genre de discussion en ce moment ». Il pense donc, que le genre joue un rôle dans cette contradiction. Les membres du syndicat sont très majoritairement des femmes et depuis récemment, des femmes de couleur.
Joseph Zeccola, professeur d’Anglais explique que les médias locaux ont tenté de dépeindre la lutte comme une bataille entre M. Austin Beutner, le superviseur du district et M. Caputo-Pearl et une bataille entre deux patrons comme l’a illustré une caricature. Mais 98% d’un syndicat de 32,000 membres a voté pour la grève. C’est le Conseil scolaire contre nous tous et toutes. Il pense que son syndicat est maintenant plus fort qu’il ne l’a jamais été en 2 décennies.
Il y a un nombre important de riches à Los Angeles mais ils n’envoient pas leurs enfants dans les écoles publiques. La proposition 13 adoptée en 1978, a installé un plafond sur les taxes foncières. Elles ne peuvent dépasser 1% de la valeur foncière établie. Et ces riches ne paient pas non plus tellement plus pour financer les écoles. Mais vivre à Los Angeles coûte de plus en plus cher. On s’en rend compte en se promenant en ville. Des villes de tentes sont visibles dans l’ombre de l’affiche d’Hollywood.
M. Page est clair : « Quand je suis entré dans cette profession, je savais que ce n’était pas pour l’argent. Je ne pourrais absolument pas me louer un appartement dans les environs de l’école où j’enseigne ». L’augmentation du coût de la vie va à la même vitesse que celle du nombre d’enfants dans sa classe. Pourtant le syndicat est accusé de cupidité parce qu’il demande une augmentation de salaire de 6% par année dans la nouvelle convention. M. Page est capable d’identifier 20 de ses collègues dans sa seule école qui deviennent chauffeur pour Lyft ou Uber pour compléter leur salaire. Il explique que depuis ses débuts, il a perdu 10% de la valeur de son salaire simplement à cause de l’augmentation du coût de la vie dans cette ville. Alors, 6%................(…)
La grève de UTLA remet en question non seulement l’enjeu des intérêts privés dans l’éducation publique mais aussi celui des inégalités économiques dans les bastions progressistes. Les enseignants.es me disent encore et encore que la Californie est l’État le plus riche du pays, la 5ième économie mondiale, alors que leurs écoles sont financées au niveau des États républicains rivaux, de l’Oklahoma et de la Virginie occidentale où leurs collègues ont fait grève l’an dernier. Et pourquoi tant de gens sont-ils pauvres (ici) ?
M. Caputo-Pearl nous dit : « ce dont nous sommes les plus fiers.ères c’est du travail très, très profond que nous avons fait avec des groupes comme Schools and Communities First Initiative. Ensemble, les groupes et le syndicat ont réussi à aménager une action visant la réforme de la proposition 13 lors des élections de 2020. C’est la première fois depuis des années ». Cette réforme ferait augmenter les impôts pour les propriétés industrielles. Ses initiateurs.trices évaluent qu’elle pourrait rapporter 11 milliards par année et augmenterait le financement de l’éducation de 6%. Mme Zeccola fait noter que la direction du Los Angeles Unified School District ne s’est pas jointe à cette action.
Dans son travail en coalition, le syndicat a aussi introduit l’enjeu du logement dans sa négociation. Il a demandé que des terrains vacants, appartenant au district scolaire, soient rendu disponibles pour de l’habitation à prix abordable. M. Caputo-Pearl commente : « Il est impossible de vivre à Los Angeles, posséder des lots vacants et aller dormir avec, sur la conscience, le poids de son inaction envers le logement abordable ». C’est un autre exemple des positions du syndicat comme défenseur du bien public au sens large, pas seulement des écoles.
Le syndicat a eu les écoles à charte dans sa mire parce qu’elles représentent exactement ce que UTLA ne veut pas. Elles empochent les deniers publics pour les faire passer dans des mains privées, choisissent les étudiants.es et rejettent ceux et celles qui ont le plus de besoins. Donc, au deuxième jour de la grève le syndicat a organisé un piquet devant le siège de l’Association des écoles à charte même si elle a refusé ostensiblement de se mêler de la lutte syndicale.
Utla était dans la bataille pour que les écoles à charte soient plus correctement régulées mais, aussi pour soutenir les enseignants.es du réseau d’écoles Accelerated qui se sont joints à la grève et dont c’était seulement la 2ième dans toutes les écoles à charte. Une des enseignantes dans ces écoles m’a déclaré : « (Pour nous), ça ressemble à surveiller quelqu’un qui s’en va dans le mur avec une Ferrari. Ces collègues payés.es 15,000$ de moins (que nous) par année et le roulement de personnel qui est de 40%. Il leur faut attendre la fin de l’année pour savoir si leur emploi est conservé. Pour nous des écoles Accelerated, rejoindre la grève donne l’impression que nous crachons dans la soupe ; le syndicat demande un plafond au développement des écoles à charte mais il n’a pas non plus peur d’y organiser les employées.es ».
Le syndicat demande aussi aux Démocrates, qui détiennent maintenant pratiquement tous les niveaux de pouvoir dans l’État, de choisir leur camp. Mme Nakada est d’avis qu’il s’agit d’un moment crucial pour l’éducation publique et pour le Parti démocrate.
Durant la grève des enseignants.es de Chicago, en 2012, Rahm Emanuel (Maire de Chicago. N.d.t.), sortait tout juste de l’administration Obama. Le Secrétaire à l’éducation de l’époque, M. Arne Duncan, avait mis en place la « Course vers le sommet », une compétition basée sur des résultats aux tests et il n’avait de cesse que de tomber sur le dos des enseignants.es. Mais la conjoncture se tourne maintenant vers les écoles publiques ce qui donne des victoires aux syndicats d’enseigants.es mais jette dans l’action des organisations comme l’Association nationale des gens de couleur qui s’est prononcée en faveur d’un moratoire sur les écoles à charte. Le nouveau gouverneur de la Californie, M. Gavin Newsom, a plaidé en faveur du renforcement des règles qui contrôlent les écoles à charte et cette semaine il a engagé la législature à s’emparer de cet enjeu.
À Los Angeles, le conseil scolaire élu a un pouvoir autonome ce qui représente un défi. Les écoles de Chicago sont sous la responsabilité du maire. Le syndicat s’y battait contre R. Emanuel. Si la situation était semblable à Los Angeles, le syndicat pourrait mettre le maire au défi en lui demandant de se prononcer pour ou contre les écoles publiques ou à charte. Le conseil scolaire n’est pas dirigé par des gens qui cherchent à faire carrière en politique mais par des gens d’un côté ou l’autre d’une lutte idéologique dont l’élection a couté très cher : 14,7 millions de financement externe la dernière fois. Mme Nakada pense que le but de ces fournisseurs externes de fonds, est de prendre le contrôle du district tout entier et de faire ce qui a été fait à la Nouvelle Orléans, transformer toutes les écoles en écoles à charte. Mais elle ajoute que cette perspective n’a fait que galvaniser le syndicat dans sa lutte en faveur des écoles publiques : « La plupart de nos membres sont de véritables abeilles qui travaillent fort à faire ce qui doit être fait. Et nous avons eu un superviseur qui a utilisé son marteau ou son bâton contre les abeilles de chaque école ».
Les enseignants.es font le piquet sur Sunset Boulevard au 4ième jour de la grève en portant des pancartes, invitant les voitures qui passent à klaxonner pour soutenir leur vision des écoles publiques. Cette vision est radicale non pas parce qu’elle est à côté de l’opinion publique mais parce que l’appliquer exige des changements majeurs et vastes par rapport à la façon dont notre société est organisée. Malgré son triomphalisme, la vieille structure s’écroule. Le personnel enseignant se révèle comme le leader d’une autre manière de faire vers une société différente. Cette vision valorise les enfants dans leurs différences pas dans leurs habiletés standardisées, prend les espaces soutenus par le public comme un bien public, valorise le jeu et le travail, veut l’équité dans la distribution des ressources et démontre son opposition à la déclaration de Mme Thatcher à l’effet que la société n’existe pas.
Elle et ses comparses prétendaient que le monde est fait d’individus.es et de familles ; les enseignants.es déclarent que chaque enfant est leur famille et, comme le dit une bannière de leur syndicat : « Les enseignants.es travaillent pour le peuple ».
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