La Régie a rejeté la prétention d’Hydro-Québec selon laquelle la centrale de Bécancour, inutilisée à coût énorme presque depuis ses débuts en 2006, pouvait être transformée par un contrat visant un approvisionnement de 570 MW de puissance moyennant une simple approbation de la Régie. Celle-ci, lorsqu’elle s’est penchée sur la demande en révision initiée par le ROEÉ, a plutôt convenu qu’en vertu de la Loi sur la Régie de l’énergie, un tel nouvel approvisionnement en électricité devait faire l’objet d’un appel d’offres public. Me Franklin Gertler, procureur du ROEÉ, rappelle que « le régime d’appel d’offres assure le traitement équitable de tous les fournisseurs potentiels incluant le promoteur d’un projet d’efficacité énergétique. »
Alain Saladzius, de Fondation Rivières indique que, « selon le ROEÉ, Hydro-Québec ferait preuve d’un manque de vision en se liant pour vingt ans encore à de la production d’électricité en provenance de sources fossiles alors que la Politique énergétique 2030 du Québec et l’Accord de Paris visent la décarbonatation. » Rappelons que le contrat dont Hydro-Québec visait l’approbation n’annulait en aucun cas les pénalités annuelles payables à TransCanada jusqu’en 2026 du fait de la non-utilisation de la centrale pour de l’énergie de base et risquait d’y ajouter des pénalités supplémentaires si la puissance prévue s’avérait superflue. Le ROEÉ soutient qu’Hydro-Québec sous-estime son bilan en puissance. Jean-Pierre Finet, analyste du ROEÉ sur le dossier, souligne « qu’Hydro-Québec omet de prendre en compte un bloc de puissance de 500 MW qui résulte d’une entente interprovinciale avec l’Ontario et ne tient pas compte de la contribution volontaire des Québécois lors d’appels au public en périodes de grand froid. » De plus, le ROEÉ considère que la gestion de la demande en puissance est préférable à la production thermique d’électricité, et que le stockage d’électricité représente une solution novatrice et intelligente pour gérer la demande en puissance avec nos propres surplus d’électricité.
Malgré cette décision refusant l’approbation de l’entente réalisée par Hydro-Québec, le ROEÉ poursuivra ses représentations dans le cadre des audiences tenues présentement par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le projet de Gaz Métro de stockage de gaz naturel liquéfié et de regazéification à Bécancour. « Souhaitons que cette décision ouvre la porte à une gestion plus cohérente de la filière électrique, dans une réelle perspective de développement durable », conclut Emmanuel Cosgrove, d’Écohabitation et membre du ROEÉ.
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Le ROEÉ, fondé en 1997, participe activement aux consultations et audiences de la Régie de l’énergie, ou auprès d’autres forums pertinents, afin de défendre de manière efficace le point de vue des groupes et organismes à vocation environnementale dans le domaine énergétique. Les membres du ROEÉ font connaître au grand public les enjeux soulevés à la Régie en les commentant et en sensibilisant sur la question environnementale dans le domaine énergétique. Le ROEÉ est composé de six groupes environnementaux, soit l’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE), Écohabitation, la Fédération québécoise du canot et du kayak, la Fondation Rivières, Nature Québec et le Regroupement pour la surveillance du nucléaire. Ces groupes représentent des milliers de membres individuels et de multiples organisations au Québec.
Pour renseignements :
Jean-Pierre Finet, analyste du Regroupement
jpierre.finet@gmail.com
Me Franklin Gertler, procureur du Regroupement
franklin@gertlerlex.ca