Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Débats : quel soutien à la lutte du peuple ukrainien ?

Soutenir la résistance ukrainienne et combattre le capital fossile

Heino Berg, Thies Gleiss, Jakob Schäfer, Matthias Schindler et Winfried Wolf ont publié le 9 juin 2022 dans Junge Welt, une opinion approfondie dans laquelle ils se prononcent pour un « défaitisme antimilitariste » et pour l’abandon de la résistance militaire de l’Ukraine à la guerre d’occupation russe (1). Nous saisissons l’occasion de leur article pour apporter une réponse de fond sur la nécessité d’une perspective écosocialiste anti-impérialiste investie dans la solidarité mondiale.

tiré d’inprecor.org
http://www.inprecor.fr/article-Soutenir-la-r%C3%A9sistance-ukrainienne-et-combattre-le-capital-fossile?id=2601

Signataires : Ilya Budraitskis, Oksana Dutchak, Harald Etzbach, Bernd Gehrke, Eva Gelinsky, Renate Hürtgen, Zbigniew Marcin Kowalewski, Natalia Lomonosova, Hanna Perekhoda, Denys Pilash, Zakhar Popovych, Philipp Schmid, Christoph Wälz, Przemyslaw Wielgosz et Christian Zeller*

Nous sommes consternés par la façon dont ils déforment la réalité de la guerre dans cet article et plaident finalement en faveur du régime oligarchique de Poutine. De manière paternaliste, ils recommandent à la population ukrainienne de se soumettre à l’occupation russe afin de mettre fin à la guerre. Les auteurs ne font pas la moindre référence aux forces socialistes, féministes et anarchistes en Ukraine et en Russie. Ils argumentent dans une perspective nettement allemande et ils ne sont pas les seuls à le faire.

De nombreuses prises de position de l’ancien mouvement pacifiste se dressent contre « l’escalade de l’Occident » et « oublient » que la Russie a depuis longtemps déjà procédé à une escalade et veut anéantir de manière systématique la société ukrainienne. La prise de position des cinq auteurs ignore à un tel point la solidarité anti-impérialiste que nous estimons qu’il est approprié d’y opposer nos arguments.

Inversion de la responsabilité

Cette prise de position se lit comme de nombreuses contributions de l’ancien mouvement pacifiste et d’une certaine gauche qui n’est anti-impérialiste qu’en apparence. Bien entendu, au début du texte, ils condamnent l’invasion de l’Ukraine « sans aucune restriction ni relativisation ». Mais c’est exactement ce qu’ils font ensuite : ils relativisent l’agression de l’oligarchie poutinienne. Sous le titre « Aucun intérêt pour le cessez-le-feu », ils expliquent en détail pourquoi l’OTAN est bien pire que la Russie, et que l’Occident, en premier lieu les États-Unis, ne souhaite pas un cessez-le-feu rapide, mais utilise avant tout le champ de bataille ukrainien pour affaiblir la Russie.

Les cinq auteurs renversent la responsabilité de la guerre. Ce n’est pas Poutine, qui a ouvertement rejeté à plusieurs reprises tout cessez-le-feu hormis une capitulation de l’Ukraine, qui est responsable de la guerre en cours, mais le « régime » de Kiev qui, une semaine avant le début de l’attaque russe, avait proposé de négocier une neutralité.

Ils écrivent que « le régime de Kiev a choisi d’emblée la réponse militaire à l’invasion et n’a pas fait preuve d’efforts pour un cessez-le-feu, même début juin ». Selon eux, c’est l’Ukraine, qui demande désespérément des armes pour se défendre, qui est responsable de la poursuite de la destruction de son propre pays ; le responsable, ce n’est pas le régime de Poutine qui a déclaré à plusieurs reprises qu’il poursuivrait la guerre de destruction et d’usure jusqu’à la capitulation de l’Ukraine.

Les auteurs critiquent le prétendu surarmement de l’Ukraine par l’Occident, mais ne mentionnent pas le fait que la Russie n’a commencé sa conquête qu’après une longue préparation politique, économique, logistique et militaire.

Derrière ce renversement de responsabilité se cache une erreur fondamentale d’appréciation du régime de Poutine, dont les cinq auteurs ne tentent pas de définir le caractère, même de façon rudimentaire. Au contraire, ils assimilent la dictature proto-fasciste de Poutine à la démocratie parlementaire bourgeoise corrompue d’Ukraine. Pour les auteurs, il s’agit tout simplement de « deux États bourgeois, tous deux déterminés par un système oligarchique ».

Bizarrement, les auteurs s’appuient sur l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger comme témoin clé. Parce que Kissinger a explicitement demandé à l’Ukraine de faire des concessions et de céder certaines parties de son territoire à la Russie, ils lui attribuent une position plus responsable que celle des dirigeants américains actuels.

Pourtant, Kissinger est tout à fait dans la continuité de ses propres positions. Après avoir tenté d’écraser la résistance du peuple vietnamien sous des bombardements massifs à partir de 1969 en tant que conseiller à la sécurité du président, il orchestra en 1973 le coup d’État contre le président Allende au Chili et la dictature de Pinochet. Et de la même manière, maintenant à un âge avancé, il fait fi de la souveraineté du peuple ukrainien et lui recommande de renoncer de manière « réaliste ». Ce n’est donc pas un hasard si Vladimir Poutine, alors qu’il était encore adjoint au maire de Saint-Pétersbourg en 1993, a choisi la dictature de Pinochet comme modèle, révélant ainsi, tout comme Kissinger, ce qu’il pense des acquis démocratiques (2). Kissinger et Poutine sont frères d’esprit. Lorsque des socialistes font appel à Kissinger en tant que représentant d’une position raisonnable, cela indique un certain changement de leurs références politiques et un niveau de raisonnement douteux.

Le régime de Poutine dénie l’existence d’une nation ukrainienne

Le Kremlin veut empêcher tout développement indépendant de l’Ukraine. Le pouvoir poutinien considère que l’Ukraine, ainsi que la Biélorussie, fait partie de la Russie (3). L’indépendance de l’Ukraine est en contradiction avec les prétendues revendications historiques de la Russie.

Les dirigeants russes n’ont pas réagi à une manœuvre de l’OTAN ; avec la guerre, ils poursuivent plutôt leurs objectifs fondamentaux qu’ils justifient par leur idéologie grand-russe. Poutine et les représentants de son régime se sont placés à plusieurs reprises dans la continuité historique de l’empire tsariste, excluant ainsi l’existence d’une culture et d’une identité nationale ukrainiennes indépendantes. En juin, Poutine a mis la guerre de conquête contre l’Ukraine sur le même plan que la Grande Guerre du Nord menée par le tsar Pierre Ier de Russie et a tout simplement parlé d’une action de récupération des terres russes (4).

Ainsi, les objectifs des dirigeants russes sont fondamentaux, d’une grande portée et vont bien au-delà d’une intention de repousser l’OTAN : détruire l’Ukraine en tant que pays indépendant et l’incorporer en tant que « Petite Russie ». La pratique de la guerre coïncide avec l’objectif de la guerre. Les villes et les villages sont systématiquement détruits, la population terrorisée et expulsée. Dans les territoires occupés, l’État russe instaure un régime de terreur, incorpore les écoles au système scolaire russe, n’autorise que les médias russes et impose le rouble comme moyen de paiement. Le 20 juin, la Russie a fait venir en Russie plus de 1,9 million d’Ukrainien·es, dont 300 000 enfants. Des milliers d’Ukrainien·es se trouvent dans des camps en Sibérie orientale, loin de l’Ukraine (5).

La résistance de l’Ukraine aux forces russes d’invasion, surprenante tant pour les gouvernements américain et européens que pour le régime de Poutine, a empêché une occupation rapide du pays et l’installation d’un gouvernement prorusse fantoche. C’est cette résistance populaire en Ukraine qui a placé tous les acteurs devant une nouvelle situation. Les oligarques ukrainiens ont dû se ranger derrière la résistance et contre la Russie. Les gouvernements européens et étatsunien ont dû corriger leur estimation selon laquelle l’Ukraine allait rapidement s’effondrer. Poutine s’est vu contraint d’adapter sa stratégie de guerre à la nouvelle situation.

Dans le même temps, le régime de Poutine associe la guerre à une « lutte pour les valeurs » contre l’Occident décadent. Il veut faire reculer les droits démocratiques, les acquis des mouvements des travailleur·es, des femmes et des LGBTIQ, non seulement en Russie mais aussi dans les zones sous son influence. La Russie finance et promeut les partis d’extrême droite en Europe et dans le monde. Le régime de Poutine est le fer de lance admiré d’un mouvement réactionnaire et même fasciste avec Jair Bolsonaro au Brésil, Marine Le Pen en France, et l’AfD en Allemagne.

La résistance ukrainienne inscrit à l’ordre du jour les livraisons d’armes

Ce n’est que lorsque la population ukrainienne a résisté avec détermination et abnégation aux troupes d’occupation que les pays de l’OTAN ont été confrontés à la question de la livraison d’armes à grande échelle. Immédiatement après le début de la guerre, les gouvernements des États-Unis et de la Grande-Bretagne ont conseillé au président ukrainien Zelensky de quitter le pays et lui ont offert leur protection. Comme les dirigeants du Kremlin, ils s’attendaient à une défaite rapide de l’Ukraine.

Ils se sont tous trompés sur la volonté de résistance du peuple ukrainien. Ils croyaient qu’après une vague d’indignation et de sanctions économiques, les entreprises européennes et étatsuniennes normaliseraient à nouveau leurs affaires avec la Russie.

C’est la résistance acharnée de l’Ukraine et les difficultés militaires des forces d’occupation russes qui ont donné la possibilité aux gouvernements des pays de l’OTAN d’affaiblir la position militaire et géopolitique de la Russie en livrant massivement des armes à l’Ukraine. Les combattant·es ukrainiens ne sont donc pas les exécutants d’un plan impérialiste, ils luttent pour leurs objectifs et leurs droits légitimes dans la société ukrainienne, ils luttent pour leur existence en tant qu’Ukrainien·es.

Jusqu’au déclenchement de la guerre, on ne peut pas parler d’un réarmement de l’Ukraine par l’OTAN. L’Ukraine a reçu 4 milliards de dollars d’aide militaire de la part des États-Unis entre 2014 et 2022. Depuis au moins 2015, l’armée américaine a également formé des troupes ukrainiennes, mais dans une mesure relativement limitée (6).

Mais une grande partie de l’aide militaire n’a été fournie qu’après le début de la guerre (7). De 2014 à 2021, l’aide militaire directe s’est élevée à 2,4 milliards de dollars américains. Les exportations d’armes allemandes vers l’Ukraine ont été relativement faibles jusqu’à présent ; elles ont été incomparablement plus importantes vers la Russie, malgré l’embargo, depuis 2014, et même jusqu’à la période précédant immédiatement le début de la guerre (8).

Sans les livraisons par l’industrie allemande (ainsi que suisse, italienne, japonaise et américaine) de composants utilisables à des fins militaires, l’industrie de défense russe n’aurait pas été en mesure d’intégrer des dispositifs complexes dans ses armes. La voie technologique de l’Union soviétique était épuisée et la Russie a dû importer des machines-outils essentielles depuis lors. Le boom pétrolier des années 2000 a fourni l’argent nécessaire. Sans ces machines-outils importées, la Russie ne pourrait pas exploiter une industrie de la défense (9).

À la mi-avril, le président Biden a annoncé un nouveau programme d’aide militaire à l’Ukraine d’une valeur de 750 millions de dollars (10). Et le 19 mai le Sénat a adopté un programme de 40 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine sur le plan militaire et humanitaire, ce qui en fait le plus important programme d’aide à l’étranger depuis au moins deux décennies. Une grande partie de cette somme sera toutefois consacrée à des mesures d’infrastructure et à des investissements de remplacement aux États-Unis mêmes (11). L’engagement des États-Unis et de l’OTAN a ainsi pris une dimension globale. Le gouvernement américain déclare ouvertement vouloir affaiblir substantiellement les capacités militaires russes. Le gouvernement ukrainien poursuit bien évidemment le même objectif.

Les intérêts des États-Unis et de l’Europe occidentale

Les gouvernements d’Europe et des États-Unis partagent la responsabilité de l’escalade des tensions géopolitiques, mais pas à cause du prétendu encerclement de la Russie par l’OTAN que la propagande russe a brandi et que beaucoup de gens de gauche en Europe ont adopté à bon compte. On oublie que l’expansion de l’OTAN avec l’adhésion des pays voisins de la Russie a été essentiellement achevée en 2004, et surtout que de nombreux pays d’Europe de l’Est ont cherché à adhérer à l’OTAN non pas par désir de réarmement militaire, mais par crainte d’un renforcement du revanchisme russe (12).

La véritable coresponsabilité des pays de l’OTAN dans l’aggravation des contradictions réside dans leur intérêt économique pour les anciennes républiques soviétiques. Le capital des pays impérialistes d’Europe et d’Amérique du Nord n’était pas seulement à la recherche de nouveaux membres de l’OTAN, mais voulait avant tout ouvrir de nouveaux marchés et obtenir des matières premières bon marché. Pour cela, il avait besoin de gouvernements capables d’organiser le processus de transformation sociale de manière ordonnée et, si nécessaire, par la force.

Avec les débuts des succès de la résistance de l’Ukraine aux forces d’occupation russes, les puissances impérialistes occidentales, en premier lieu les États-Unis et la Grande-Bretagne, ont vu l’occasion d’affaiblir considérablement la position géopolitique de la Russie en renforçant les capacités militaires de l’Ukraine. La direction de l’OTAN ne semble toutefois pas intéressée par une longue guerre ni par son escalade. Le 12 juin, lors d’une réunion en Finlande, le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg a expliqué le processus du compromis : à un moment donné, l’Ukraine devra annoncer à quelles pertes territoriales elle est prête à consentir et à quels droits démocratiques la population est prête à renoncer (13).

Dans le même temps, il est évident que les principaux pays d’Europe, dont l’Allemagne et la France, mais aussi l’Autriche et la Suisse, n’apportent qu’un soutien limité à l’Ukraine. Ils cherchent à s’entendre avec l’oligarchie russe. Ils ne fournissent pas vraiment les armes nécessaires, ni ne soulagent la société ukrainienne exsangue en annulant leur dette. Des fractions essentielles du capital en Europe, notamment celles liées aux industries fossiles (Allemagne, Autriche) et au commerce international des matières premières (Suisse), ont réalisé pendant des années des affaires extrêmement rentables avec les oligarques de Poutine. Ils aimeraient revenir rapidement à la normale et les reprendre. Pour les capitaux d’Europe occidentale, la Russie est un marché incomparablement plus important que l’Ukraine.

Les déclarations publiques d’importants représentants du capital en faveur de la fin de la guerre se multiplient. Selon eux, les gouvernements occidentaux devraient faire comprendre au gouvernement Zelensky que la solidarité et la patience sont limitées.

Après tout, on dépend du gaz russe. Une réduction encore plus importante, voire un arrêt des livraisons, conduirait inévitablement à une catastrophe économique.
Le patron de Volkswagen, Herbert Diess, a exigé que l’UE négocie un règlement de la guerre. Il faut faire le maximum « pour rouvrir le monde » (14). La direction du groupe BASF a mis en garde à plusieurs reprises contre un embargo sur le pétrole et le gaz russes et considère la formation de blocs géopolitiques comme un grand danger pour les affaires (15). Magdalena Martullo-Blocher, patronne d’EMS-Chemie en Suisse, demande une solution négociée rapide avec Poutine. Ces représentants du capital sont naturellement indifférents à la souveraineté de l’Ukraine et aux préoccupations sociales de sa population (16). Lors d’une enquête menée par KPMG auprès de 280 entreprises, seules 10 % d’entre elles ont déclaré avoir complètement quitté le marché russe. Les 37 % restants mettent leurs activités en « stand by » pour les reprendre plus tard (17). Ces déclarations montrent qu’une grande partie du capital n’a aucun intérêt à une guerre prolongée. Tôt ou tard, les gouvernements essaieront de s’entendre avec Poutine sur la manière de rouvrir les marchés mondiaux.

La nature de la guerre

Les cinq auteurs de l’article paru dans Junge Welt veulent appliquer la position défaitiste de Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Vladimir Lénine, pendant la Première Guerre mondiale, à l’actuelle guerre d’occupation russe contre la population ukrainienne. Cette analogie avec les débats au sein du mouvement ouvrier pendant la Première Guerre mondiale déforme l’histoire. Il serait plus approprié de réfléchir à ce qui fonde les luttes anticoloniales. Car l’Ukraine n’est pas un pays impérialiste et ne menace pas d’attaquer d’autres pays. L’Ukraine est plutôt un jeune pays dont la Russie n’accepte pas l’indépendance ni la construction nationale – raison pour laquelle elle l’attaque militairement depuis 2014. Le régime de Poutine veut une fois de plus intégrer l’Ukraine en tant que colonie interne dans un empire grand-russe, comme c’était le cas sous les tsars.

La population ukrainienne ne mène donc pas une « guerre par procuration » de l’OTAN contre la Russie, mais se bat pour sa propre indépendance et pour des droits démocratiques et sociaux qu’elle perdrait tous sous l’occupation russe. La situation dans les soi-disant républiques populaires du Donbass est une menace suffisante en tant que perspective probable sous un régime d’occupation.

Bien entendu, la guerre ne peut être comprise que dans le contexte de la rivalité internationale entre les grandes puissances impérialistes. Avec leur offensive de réarmement lancée avant même l’attaque russe contre l’Ukraine, les États-Unis et les pays de l’OTAN se préparent à d’éventuels conflits militaires avec la Chine et à une lutte accrue pour les matières premières et les paradis écologiques. Il est donc évident que les États-Unis et les puissances européennes veulent utiliser la guerre en Ukraine de manière stratégique pour atteindre leurs objectifs. Tant que la résistance de l’Ukraine correspond à leurs objectifs, ils s’engagent, mais bien entendu pas sans conditions. Différentes fractions du capital des impérialismes occidentaux se voient même empêchées par la guerre de servir les marchés en Russie. En outre, ni les États-Unis ni les pays européens ne sont belligérants. Si c’était le cas, nous aurions effectivement une guerre mondiale.

Etienne Balibar a récemment analysé cette guerre dans une contribution inspirante à un débat (18). Il argumente de manière convaincante que cette guerre présente quatre dimensions interdépendantes : premièrement, une guerre d’indépendance nationale similaire à celle de l’Algérie ou du Vietnam ; deuxièmement, une nouvelle guerre à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique et des pays sous bureaucratisme d’État ; troisièmement, une guerre mondialisée, étant donné que les pays belligérants sont intégrés dans des alliances et des réseaux mondiaux et que la guerre a des conséquences catastrophiques sur l’approvisionnement alimentaire dans de nombreux pays pauvres ; et quatrièmement, enfin, la menace d’une guerre nucléaire, étant donné que Poutine utilise sciemment ce potentiel de chantage. Le facteur déterminant de la dynamique de guerre est toutefois la guerre d’indépendance contre l’occupation russe, largement soutenue par la société. Balibar en conclut que la défaite de l’Ukraine est une perspective totalement inacceptable.

Ce qui caractérise la phase actuelle de la guerre, c’est qu’il existe une convergence d’intérêts temporaire et partielle entre l’Ukraine et les puissances impérialistes. Dans une situation similaire d’alignement temporaire des intérêts, les forces de défense populaire et les forces démocratiques syriennes dans le nord de la Syrie ont reçu un soutien massif de l’armée de l’air américaine dans leur lutte contre l’État islamique, sans lequel elles auraient perdu la bataille. Nous constatons actuellement que cette protection ne dure pas face à l’intensification des attaques turques. Ces jours-ci, les dirigeants du PYD, le parti le plus fort du nord-est de la Syrie, demandent à l’OTAN une zone d’exclusion aérienne, paradoxalement contre la Turquie, pays membre de l’OTAN. Ce n’est évidemment pas une raison pour se désolidariser de la résistance au Rojava, mais bien au contraire une raison pour renforcer la solidarité.

Notre analyse nous amène à conclure que l’Ukraine a le droit de se procurer des armes partout où elle en trouve. Les gouvernements étatsunien et européens fournissent des armes en quantités calculées, mais pour des raisons qui leur sont propres. Il est possible que les gouvernements des impérialismes occidentaux contraignent tôt ou tard l’Ukraine à renoncer à sa souveraineté sur de vastes régions de l’est et du sud dans le cadre d’une « solution négociée », acceptant ainsi une défaite partielle. En ce sens, ceux qui appellent maintenant à des négociations immédiates ne sont pas si éloignés de « leurs » gouvernements impérialistes.

Arrogante recommandation de capitulation et de « résistance sociale »

Dans leur article paru dans le magazine Junge Welt, les auteurs recommandent de manière à peine voilée à l’Ukraine, et donc aussi à la gauche ukrainienne, aux syndicats ou à d’autres mouvements d’émancipation, de capituler. Croient-ils sérieusement qu’une société civile vivante ou même des syndicats combatifs puissent se former dans les conditions d’une dictature militaire d’occupation et d’une déportation massive d’opposants potentiels ? Est-ce ainsi que les troupes russes doivent être pacifiquement incitées à se retirer ? Cette idée est grotesque et absurde, et les recommandations qui en découlent pour les habitants de l’Ukraine sont paternalistes et néocoloniales. Le 28 juin, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a une nouvelle fois affirmé sans ambages quelles sont les conditions préalables à un cessez-le-feu : « La partie ukrainienne peut tout arrêter avant la fin de la journée ». Pour cela, a-t-il dit, « un ordre aux unités nationalistes », aux « soldats ukrainiens de déposer leurs armes » est nécessaire. Kiev devrait également satisfaire à toutes les conditions russes, a-t-il ajouté. « Alors tout serait terminé en un jour » (19). Tant que la population ukrainienne bombardée, épuisée, traumatisée et démoralisée ne capitule pas, la dictature de Poutine poursuivra sa terreur des bombes.

Les auteurs ne prennent pas au sérieux les objectifs de guerre ouvertement formulés par le régime de Poutine lui-même, à savoir la destruction de la société ukrainienne. C’est pourquoi ils établissent des analogies historiques erronées. Leurs comparaisons avec les expériences de la résistance « pacifique » contre le putsch de Kapp en 1920, l’occupation de la Ruhr par les forces françaises et belges en 1923 et la résistance pacifique des mouvements démocratiques tchécoslovaques contre les troupes soviétiques en 1968 sont absurdes. Ils passent sous silence le fait que le régime de Poutine remet en question l’existence d’une Ukraine indépendante et l’édification de la nation ukrainienne. Ils ne tiennent pas compte de la guerre systématiquement menée par l’impérialisme russe en vue d’une épuration ethnique.

Par cette arrogance ignorante, les cinq auteurs démontrent qu’ils ne veulent même pas discuter avec les forces socialistes, anarchistes et féministes en Ukraine, en Biélorussie et en Russie. Ils ne les prennent manifestement pas au sérieux.

Rappelons-nous les débuts de la révolution syrienne. En avril 2011, alors que les Syriens descendaient dans la rue de manière extrêmement disciplinée et pacifique, le dictateur Assad a fait tirer à plusieurs reprises dans la foule. Son armée a fini par bombarder des villes entières. Mais cela n’a pas suffi à briser la volonté de résistance populaire. Poutine et ses généraux ont rasé Alep et d’autres villes à partir de 2015.

Et ce sont les mêmes qui œuvrent aujourd’hui à la destruction de l’Ukraine. Comme on le sait, une grande partie de la gauche européenne, qui n’est anti-impérialiste qu’en apparence, était déjà silencieuse sur ces crimes en Syrie.

Des intellectuels, des personnalités et des groupes de gauche en Allemagne appellent de manière répétée à un cessez-le-feu immédiat. Mais tant que les conditions d’un tel cessez-le-feu ne sont pas précisées, cette perspective revient à l’annexion et à la colonisation de larges parties de l’Ukraine par la Russie.

Ceux qui formulent de telles exigences ignorent que c’est l’extrême droite – tant en Russie qu’en Ukraine – qui profiterait d’une victoire de la Russie. Elle contrôle déjà l’État russe et célébrerait en conséquence la victoire sur l’Ukraine, tout en préparant de nouvelles agressions. L’extrême droite ukrainienne pourrait développer ses réseaux organisationnels et militaires dans la résistance armée contre les forces d’occupation. Un tel scénario, bien plus que la guerre actuelle, conduirait à une longue guerre avec ses milliers de morts, de prisonniers, de déportés et de torturés.

Développer ensemble une perspective mondiale solidaire et écologique

Notre solidarité va à la résistance armée et non armée de la population ukrainienne contre les troupes d’occupation russes, et nous soutenons tout particulièrement les féministes, les socialistes et les anarchistes qui participent à cette résistance de manière indépendante et politique, tant par des moyens civils que militaires. Nous sommes solidaires des syndicats et des mouvements sociaux ukrainiens qui s’opposent à la politique économique néolibérale et s’engagent au contraire pour une reconstruction socio-écologique. Nous sommes bien entendu également aux côtés des forces socialistes, féministes et anarchistes en Russie et en Biélorussie, qui s’opposent courageusement à leurs dirigeants malgré les grands dangers et les risques encourus.

Le retrait de toutes les troupes russes du territoire ukrainien est la condition d’un règlement pacifique du conflit. Ce n’est que sur cette base qu’un processus d’entente pourra être ouvert entre les représentants démocratiquement élus des régions de l’est de l’Ukraine et le gouvernement de Kiev – sous observation internationale. Nous soutenons les revendications de la gauche émancipatrice en Ukraine et nous nous engagerons pour que les avoirs des oligarques russes et ukrainiens, cachés et placés dans les pays européens, soient identifiés et utilisés pour l’aide humanitaire et la reconstruction de l’Ukraine. L’Ukraine est lourdement endettée. La guerre rend impossible un développement économique autonome. C’est pourquoi il faut annuler les dettes de l’Ukraine.

Nous nous opposons également au capital de nos pays, qui continue à faire des affaires avec les oligarques de Poutine et qui cherche à parvenir rapidement à une entente avec son régime de aux dépens de l’Ukraine. Nous rejetons les programmes de réarmement récemment décidés et préparés en Europe occidentale et au sein de l’OTAN. Ceux-ci ne servent pas la victoire de la population ukrainienne dans sa lutte pour l’existence face à la Russie, mais des objectifs impérialistes à long terme dans la rivalité pour les ressources. Nous nous prononçons pour la dissolution de l’OTAN et de l’alliance militaire OTSC (Organisation du traité de sécurité collective) dominée par la Russie. En lieu et place, nous sommes favorables à la construction d’un système de sécurité démocratique et collectif. L’industrie de l’armement à l’Ouest et à l’Est doit être démantelée en permanence et convertie en industries socialement utiles et écologiquement compatibles.

Nous soutenons la revendication du mouvement climatique pour un abandon du pétrole et du gaz russes comme étape vers l’élimination complète des combustibles fossiles. Il ne faut plus permettre au régime de Poutine de financer sa machine de guerre et de destruction à l’aide de ses revenus issus du pillage et de l’exportation de pétrole, de gaz et de matières premières minérales. La hausse des prix de l’énergie doit être contrée par un approvisionnement social de base en énergie à bas prix pour les salariés, une tarification progressive en cas de forte consommation d’énergie et des mesures ambitieuses d’économie d’énergie.

Pour imposer cette perspective, nous voulons construire, avec le mouvement climatique et les initiatives syndicales de base, un mouvement pour l’appropriation sociale et pour la reconversion et le démantèlement écologiques des grands groupes utilisant des combustibles fossiles. C’est la condition préalable pour sortir des énergies fossiles.

Ceux qui acceptent aujourd’hui une victoire de la Russie tolèrent également une victoire des capitaux fossiles et basés sur les matières premières, tant mondiaux que « nationaux », qui sont étroitement liés aux secteurs fossiles et extractifs russes. C’est pourquoi un nouveau mouvement antimilitariste doit faire preuve de solidarité avec la résistance civile et armée du peuple ukrainien, ainsi qu’avec les gauches ukrainienne, biélorusse et russe qui s’opposent à la guerre du régime de Poutine.

Les auteurs et autrices

* Les auteurs sont un collectif de militants socialistes d’Ukraine, de Russie, de Pologne, d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse. Ilya Budraitskis est historien. En janvier dernier, il a publié Dissidents among Dissidents (Verso Books). Avec d’autres, il a fondé en exil le projet médiatique russe de gauche После (« Après » en russe, prononcer « poslié »). Oksana Dutchak, sociologue spécialisée dans les relations de travail et de genre, est rédactrice de la revue ukrainienne de gauche Спільне-Commons. Harald Etzbach est historien et politologue, rédacteur au département Asie de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxemburg et membre du comité de rédaction de Emanzipation – Zeitschrift für ökosozialistische Strategie. Bernd Gehrke est historien contemporain et participe à l’AK Geschichte sozialer Bewegungen Ost-West (Groupe de travail Histoire des mouvements sociaux Est-Ouest). Il a été actif dans l’opposition de gauche au régime du SED en RDA. Eva Gelinsky est géographe, activiste agricole et membre du comité de rédaction de Emanzipation – Zeitschrift für ökosozialistische Strategie. Renate Hürtgen est une historienne dont les recherches portent notamment sur le travail de la Staatssicherheit (service de sécurité de l’État) dans la vie quotidienne, en particulier dans les entreprises de RDA. Elle a été active dans l’opposition de gauche au régime du SED en RDA. Zbigniew Marcin Kowalewski est rédacteur en chef adjoint de l’édition polonaise du Monde diplomatique. Il a été membre de la direction régionale du syndicat Solidarność à Łódź dans les années 1980-81. Natalia Lomonosova est sociologue et mène des recherches dans les domaines de la politique sociale, de l’emploi et de la migration. Elle est coéditrice de la revue ukrainienne Політична критика (Critique politique) et membre de l’organisation socialiste démocratique Sotsialnyi Rukh (Mouvement social) en Ukraine. Hanna Perekhoda est chercheuse à la Faculté des sciences politiques de l’Université de Lausanne et active dans le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine. Elle est originaire de Donetsk. Denys Pilash est politologue, rédacteur du magazine ukrainien de gauche Спільне-Commons et membre de l’organisation socialiste démocratique Sotsialnyi Rukh (Mouvement social) en Ukraine. Zakhar Popovych est spécialiste de la science des données et membre de l’organisation socialiste démocratique Sotsialnyi Rukh (Mouvement social) en Ukraine. Philipp Schmid est enseignant et actif au sein du Bewegung für den Sozialismus (Mouvement pour le socialisme) en Suisse. Christoph Wälz est enseignant et actif au sein du Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft (Syndicat de l’éducation et des sciences). Il a traduit de nombreux textes de la gauche russe pendant les premières semaines de la guerre et a fait des reportages sur le mouvement anti-guerre russe. Przemysław Wielgosz est écrivain et journaliste. Il est rédacteur en chef de l’édition polonaise du Monde diplomatique. Christian Zeller est professeur de géographie économique. En 2020, il a publié Revolution für das Klima – Warum wir eine ökosozialistische Alternative brauchen (Une révolution pour le climat – Pourquoi nous avons besoin d’une alternative écosocialiste). Il est membre de la rédaction de Emanzipation – Zeitschrift für ökosozialistische Strategie.

Notes

1. Heino Berg, Thies Gleiss, Jakob Schäfer, Matthias Schindler, Winfried Wolf, « Antimilitaristischer Defätismus », Junge Welt, 9 juin 2022, p. 12 (disponible sur abonnement : https://www.jungewelt.de/artikel/428135.krieg-in-der-ukraine-antimilitaristischer-defätismus.html)
2. « St. Petersburger Politiker [Wladimir Putin] will Diktatur – Pinochet als Vorbild », Neues Deutschland, 31.12.1993 (https://twitter.com/ndaktuell/status/1496486724570161156.)
3. Discours du Président de la Fédération de Russie du 21 février 2022 : http://en.kremlin.ru/events/president/news/67828.
4. « Putin vergleicht sich mit Peter dem Großen », Die Zeit, 10 juin 2022 : https://www.zeit.de/politik/ausland/2022-06/wladimir-putin-krieg-ukraine-russland-vergleich-peter-der-grosse
5. « Berichte über Verschleppungen häufen sich », ORF (Österreichischer Rundfunk – Radiodiffusion autrichienne), 6 mai 2022 (https://orf.at/stories/3263832/) ; « Moskau : 230.000 ukrainische Kinder nach Russland gebracht », ORF, 19 mai 2022 (https://orf.at/stories/3266884/) ; « Moskau : Fast zwei Millionen Ukrainer nach Russland gebracht », ORF, 18 juin 2022 (https://orf.at/stories/3271870/)- ; « Krieg in der Ukraine : So ist die Lage », Süddeutsche Zeitung, 19 juin 2022 (https://www.sueddeutsche.de/politik/international-krieg-in-der-ukraine-so-ist-die-lage-dpa.urn-newsml-dpa-com-20090101-220618-99-708810).
6. « USA weiten Ausbildung des ukrainischen Militärs aus », Deutsche Welle, 25 juillet 2015 (https://www.dw.com/de/usa-weiten-ausbildung-des-ukrainischen-militärs-aus/a-18606785).
7. Denys Shmyhal, « Ukrainian PM : We need heavy weapons and budget support from the west », Financial Times, 21 avril 2022 (https://www.ft.com/content/8b6a2b9d-8dad-450d-b830-550ed8f080d1).
8. « EU-Mitgliedsstaaten haben auch nach dem Embargo von 2014 Waffen nach Russland exportiert », Investigate Europe, 17 mars 2022 (https://www.investigate-europe.eu/de/2022/eu-staaten-exportierten-waffen-nach-russland/).
9. Tomas Malmlöf, « The Russian machine tool industry. Prospects for a turnaround ? », février 2019, FOI, l’Agence de recherche de la défense suédoise (https://foi.se/report-summary?reportNo=FOI-R–4635–SE) ; Ben Aris, « Russia’s sanctions soft underbelly : precision machine tools », BNE-Intellinews (https://www.intellinews.com/long-read-russia-s-sanctions-soft-underbelly-precision-machine-tools-213024/) ; Kamil Galeev, https://twitter.com/kamilkazani/status/1539642021035487235 (22 juin 2022).
10. Anthony Capaccio, Jordan Fabian, « U.S : Prepares Massive New Surge of Military Aid to Ukraine », Bloomberg News 13 avril 2022 (https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-04-13/u-s-prepares-massive-new-surge-of-military-aid-to-ukraine)
11. Catie Edmondson, Emily Cochrane, « The Senate overwhelmingly approves $40 billion in aid to Ukraine, sending it to Biden », The New York Times, 19 mai 2022 (https://www.nytimes.com/2022/05/19/us/politics/senate-passes-ukraine-aid.html).
12. Simon Pirani, « Ukraine, Les origines de la menace d’une guerre généralisée », Inprecor n° 695/696 de mars-avril 2022.
13. En s’adressant lors des pourparlers de Kultaranta en Finlande, le 12 juin 2022, au président Sauli Niinistö, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a dit : « Venons-en donc d’abord à la question de savoir si la paix est possible. (…) Nous savons qu’il existe un lien très étroit entre ce que vous pouvez obtenir à la table des négociations et votre position sur le champ de bataille. Le soutien militaire que nous leur apportons est donc un moyen de renforcer leur position à la table des négociations lorsque, bientôt, espérons-le, ils s’y assiéront pour négocier l’accord de paix. “La paix est-elle possible” ce n’est pas la question, la question est : quel prix êtes-vous prêt à payer pour la paix ? Combien de territoires ? Combien d’indépendance ? Combien de souveraineté ? Combien de liberté ? Combien de démocratie êtes-vous prêts à sacrifier pour la paix ? Et c’est un dilemme moral très difficile ». (https://www.nato.int/cps/fr/natohq/opinions_196300.htm).
14. Hans-Jürgen Jacobs, « VW-Chef als Kundschafter des Friedens », Handelsblatt, 10 mai 2022 (https://www.handelsblatt.com/meinung/morningbriefing/morning-briefing-vw-chef-als-kundschafter-desfriedens/28319740.html).
15. « Ein Interview von Simon Hage und Martin Hesse : “Das Letzte, was wir brauchen, ist eine Lagerbildung in der Welt” », Der Spiegel, 2 juin 2022 (https://www.spiegel.de/wirtschaft/basf-chef-brudermueller-das-letzte-was-wir-brauchen-ist-eine-lagerbildung-in-der-welt-a-7f740f98-3624-4424-9c8e-e4c3f36ffd5a).
16. Christina Neuhaus, « Ein Deal mit Putin ? Magdalena Martullo und der Elefant im Raum », Neue Zürcher Zeitung, 27 juin 2022 (https://www.nzz.ch/ein-deal-mit-putin-magdalena-martullo-und-der-elefant-im-raum-ld.1690932?reduced=true)
17. Arno Schütze, Catiana Krapp, Bert Fröndhoff, Anja Müller, Florian Kolf, Maike Telgheder, Stefan Menzel, « Warum sich deutsche Firmen nicht mal eben aus Russland zurückziehen können », Handelsblatt, 9 juin 2022 (https://www.handelsblatt.com/unternehmen/management/ukraine-krieg-warum-sich-deutsche-firmen-nicht-mal-eben-aus-russland-zurueckziehen-koennen/28388514.html).
18. Etienne Balibar, « Nous sommes dans la guerre », AOC, 5 juillet 2022 (https://aoc.media/analyse/2022/07/04/nous-sommes-dans-la-guerre/).
19. « Kreml : Russland würde bei Kapitulation Offensive stoppen, ORF, 28 juin 2022 (https://orf.at/stories/3273463/).

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