La présidente du Conseil provincial du secteur universitaire (CPSU, affilié au SCFP), Carole Neill, rappelle que la crise que le Québec a vécue le printemps dernier « n’a été que le point culminant d’un profond malaise dont les droits de scolarité ne sont qu’une manifestation. Le nœud du problème est là et pas ailleurs. On peut identifier le malaise à l’aide d’une seule question : quelle université voulons-nous ? Et par conséquent, quelle université voulons-nous financer ? »
« Pour nous, le choix est clair, nous voulons une université ouverte aux aspirations de la société et partie prenante de son développement social, culturel et économique. Et cela comporte des obligations à l’égard des différents acteurs de sa propre communauté. »
Définir l’université que l’on veut pour le Québec
Dans l’exposé qu’elle fera vendredi à Rimouski, la présidente du CPSU reprend à son compte les quatre types d’universités identifiés par le président du Conseil supérieur de l’éducation, Claude Lessard. « Le Québec, explique-t-elle, devra choisir le genre d’université qu’il veut. Il faut vider ce sujet. Sinon, nous risquons comme société de retomber à répétition dans les mêmes débats voire les mêmes crises. »
Le premier type, l’université libérale, lieu de transmission d’un savoir qui est en lui-même sa propre fin.
Deuxième type, l’université scientifique, qui, grâce à la science et à sa méthode positive, poursuit une mission essentielle de recherche de la vérité.
Troisième type, l’université comme service public qui, sans renoncer aux exigences académiques, est partie prenante de la société ; elle est une source de progrès social, culturel et économique.
Quatrième type, l’université dite entrepreneuriale marquée par : 1) l’accélération de la mondialisation ; 2) l’émergence d’une économie fondée sur la connaissance ; 3) le retrait progressif de l’État du financement de l’enseignement supérieur ; 4) l’accent mis par les politiques publiques de développement économique sur l’innovation.
Un exemple à suivre
Parmi les propositions concrètes formulées, le CPSU recommande que chaque université se dote d’une unité administrative dédiée au service aux collectivités, sur le modèle de ce qui se fait à l’UQAM depuis plusieurs années. « Ce modèle a largement fait ses preuves, affirme Carole Neill, et les retombées positives pour la communauté sont inestimables. »
Suivre la cadence
Dans sa présentation de vendredi, la présidente du CPSU soulignera aussi que la surcharge de travail du personnel de soutien générée par l’augmentation des effectifs étudiants, du personnel enseignant, du personnel de direction et du parc immobilier est réelle et critique. Nous avons démontré à quel point cette situation a un impact sur la qualité de l’enseignement et le service aux étudiants. Dans la plupart des établissements, on note aussi une augmentation du personnel de direction. « Malheureusement, déplore Carole Neill, le nombre d’employés de soutien a stagné dans le meilleur des cas et a même diminué dans les pires cas. Cela n’est pas sans conséquence : par exemple, dans plusieurs établissements, on voit les congés de maladie se multiplier. Quant aux services rendus par les employés, on constate que les délais et la qualité en souffrent. »