Après le mensonge d’État, des révélations au compte-gouttes
En juillet dernier, TEPCO, l’opérateur de la centrale de Fukushima, avait déjà avoué que de l’eau contaminée au strontium, césium et tritium s’écoulait bien dans l’océan Pacifique. Un aveu qui est intervenu au lendemain des élections sénatoriales où le parti de l’actuel premier ministre Shinzo Abe a gagné. Personne n’a cru à un hasard du calendrier, le premier ministre étant un fervent défenseur de l’énergie nucléaire. Si cette information avait été dévoilée avant les élections, la victoire du parti démocrate-libéral aurait sans doute été mise en péril…
TEPCO a été mis en cause dès le début de la catastrophe de Fukushima, notamment sur sa gestion dans les heures qui ont suivi le tsunami et depuis l’opérateur n’a fait que cacher la vérité à la population japonaise, tentant ainsi de masquer l’ampleur du désastre.
Une contamination de l’océan sans précédent
TEPCO a évalué la contamination de l’océan Pacifique entre 20 000 et 40 000 milliards de becquerels depuis mai 2011. Nous sommes donc face à la plus grande contamination en mer de l’Histoire, comme le confirme Jérôme Joly, directeur adjoint de l’IRSN.
Mais la catastrophe de Fukushima est toujours en cours et 300 tonnes d’eau contaminée se déversent chaque jour dans l’océan. Pour tenter de contenir ces fuites, TEPCO a construit une barrière pour empêcher les eaux très radioactives de se répandre dans le Pacifique, mais ces barrières ne sont pas suffisantes et l’eau provenant des nappes phréatiques a commencé à les submerger. De plus, TEPCO a entrepris l’injection de produits chimiques dans le sol, afin de le solidifier pour contenir la radioactivité… En réalité, du simple bricolage, qui ne parvient pas a résoudre la situation, sans compter que ce sont de nouveaux produits très dangereux qu’on libère dans la nature.
Une situation ingérable
Quelles que soient les solutions envisagées par les autorités, la situation est ingérable, car le propre d’une catastrophe nucléaire est de durer dans le temps, il est illusoire de penser que la radioactivité à Fukushima peut être contenue.
Mais le gouvernement japonais refuse toujours une coopération internationale pour gérer cette crise, sans aucun doute de peur que la lumière soit faite sur la situation. Car même si certaines informations sont dévoilées, il est difficile d’établir un réel bilan de l’ampleur des dégâts en terme humain et environnemental.