*par Yorgos Mitralias*
* Des milliers et des milliers des Syriens de tout âge qui dansent et qui
s’embrassent, qui pleurent et qui chantent, qui brandissent le nouveau
drapeau du pays et qui célèbrent la fin de la tyrannie, au centre des
villes syriennes mais aussi à Paris, à Istanbul et à Moscou, à Berlin ou à
Stockholm, partout de par le monde où se sont réfugiés, les presque 7
millions de Syriens chassés de leur pays depuis 2011. Et des milliers des
Syriens qui franchissent les frontières même à pied, et retournent dans
leur pays après un très long exil forcé. Mais aussi, des milliers de
Syriens qui cherchent leurs proches emprisonnés, torturés ou disparus dans
les geôles et dans les innombrables fosses communes du régime ! *
Ces terribles scènes de joie mais aussi d’indicible douleur humaine qui ne
peuvent que bouleverser et émouvoir profondément tout être humain tant soit
peu sensible, laissent pourtant de marbre ceux de par le monde -de droite
et d’extrême droite comme de gauche - qui ont peur et haïssent les révoltes
populaires et ne voient en elles que des « complots » des puissances plus
ou moins occultes. Faisant preuve d’une totale insensibilité, ceux-là
préfèrent ne rien dire de ces scènes de joie et de douleur du peuple syrien
en chair et en os. Pas un mot. Rien que des théories complotistes qui les
amènent à inventer actuellement une Syrie sans Syriens, où s’affrontent
uniquement des... intérêts géostratégiques étrangers. Exactement comme ils
avaient inventé et défendu hier une Syrie de rêve où le clan des Assad ne
massacrait pas ses sujets mais jouissait de leur soutien enthousiaste ! Et
ce faisant, ils se posent en négationnistes, *dignes successeurs et clones
de leurs si tristement célèbres ancêtres qui n’ont rien vu, les uns des
camps d’extermination nazis, et les autres des goulags staliniens !…*
Évidemment, ils ne voient rien parce qu’ils ne veulent pas voir ce qui
infirme leur vision du monde. Alors, ils remplacent la lutte de classes par
la lutte des camps impérialistes adverses, allant même jusqu’à découvrir
des vertus progressistes et...anti-impérialistes à l’un de ces camps non
moins barbare et impérialiste que l’autre ! Et comme ils veulent que leurs
actes soient conformes à leurs théories, ils deviennent les adorateurs et
les propagandistes de ces barbares et obscurantistes dictateurs
« anti-impérialistes » et n’hésitent pas à se mettre à leur service en
défendant leurs élucubrations réactionnaires et leurs crimes !
Alors ce n’est pas du tout surprenant qu’à la racine de leur dérive qui
fait d’eux des auxiliaires des dictateurs sanguinaires et réactionnaires,
se trouve le fait qu’ils ne croient pas en la capacité de ceux d’en bas de
se révolter et de faire des révolutions. C’est pourquoi *ils ne voient dans
les insurrections populaires que des « complots » et des manipulations des
masses ignares par les puissants* ! Comme par exemple dans le cas des
révoltes populaires du « *Printemps Arabe * », qu’ils réduisent à un...
« complot » des services américains. Ce qui les amène à proclamer que les
masses des opprimé*E*s ne sont, et ne peuvent être, que des simples
figurants de l’histoire. Et aussi et surtout, que seuls les tout puissants
services secrets impérialistes sont capables de faire l’histoire !
Manifestement, une telle profession de foi conspirationniste se situe aux
antipodes de l’affirmation de Marx que « *les hommes font leur propre
histoire* »...
Ce n’est donc pas un hasard que ce qui caractérise leur façon de penser le
monde actuel et d’agir en conséquence c’est* leur conception policière de
l’histoire.* C’est pourquoi leur première réaction face à un quelconque
mouvement populaire, c’est de se demander... « *qui est derrière lui ?* ».
Car il leur est impossible d’admettre que ceux d’en bas, les travailleurs,
les femmes, les jeunes ou les peuples opprimés puissent se révolter pour
prendre leur sort entre leurs mains, sans être manipulés par personne.
Voici d’ailleurs la raison qui explique -au moins en partie- leur aversion
pour les mouvements sociaux et altermondialistes qu’ils regardent toujours
avec suspicion, étant dans l’impossibilité de déceler... « qui est derrière
eux »…
Toutefois, force est de constater que leur conception policière de
l’histoire et leur insensibilité sont bien sélectives. Par exemple, ceux
qui d’habitude se disent antifascistes et n’hésitent pas de taxer de
« fascistes » ceux qui n’aiment pas (par exemple, le président Ukrainien
Zelensky), « oublient » et passent sous silence le fait -nullement
insignifiant- que l’organisateur du terrible appareil de répression du
régime des Assad a été *Aloïs Brunner,* le dirigeant nazi le plus recherché
après la chute du Troisième Reich. Bras droit d’*Adolf Eichman**n* et
qualifié -à juste titre- de “*boucher de Salonique*” par les très rares
survivants (seulement 4 % du total !) de la grande communauté juive de cette
ville appelée aussi “*J**érusalem des Balkans*”, Brunner qui a trouvé asile
à Damas auprès de *Hafez Assad* lequel l’a protégé bec et ongles jusqu’à sa
mort en 2010, a été un monstre sadique qui aimait torturer avec ses mains,
et a “enseigné” personnellement les pires tortures aux tortionnaires
syriens…
Les voilà donc maintenant, tous ces « amnésiques » complotistes et autres
compagnons de route du très sanguinaire et corrompu régime des Assad dont
ils « oubliaient » systématiquement les horreurs, qui font la fine bouche
devant les célébrations de peuple syrien enfin libéré de ses bourreaux.
Sans doute, c’est le comble de l’hypocrisie.(1) Oui, le peuple martyrisé de
Syrie aura un calvaire à surmonter. Mais, qui oserait prétendre que ceux,
la Russie de Poutine en tête, qui ont maintenu ce régime en vie en rasant
les villes syriennes et en massacrant par centaines de milliers leurs
habitants, ne soient pas les premiers et plus grands responsables de ses
malheurs d’hier et d’aujourd’hui ?
*Note*
*1.* Il a suffi que Deutsche Welle dénonce, preuves a l’appui, la diffusion
par Tik Tok de quelques photos et vidéos truqués des prisons de régime
syrien, pour que la plupart des grands médias grecs titrent que tout ce
qu’on raconte et montre sur les geôles-« boucheries » des Assad sont des
mensonges. Évidemment, ces médias grecs qui sympathisent depuis longtemps
avec Trump, Netanyahou et surtout avec M. Poutine, ont « oublié » de citer
la conclusion de l’enquête de DW. Le lecteur attentif comprendra le
pourquoi de cet « oubli » en lisant cette conclusion très instructive : « *La
diffusion de fausses informations sur les **atrocités **font
seulement les efforts visant à les documenter et à enquêter sur celles-ci,
mais elle entrave **également** que **leurs** auteurs **en * *soient tenus
pour responsables**. Une telle désinformation peut conduire à un phénomène
connu **sous le nom de déni des atrocités, où la crédibilité des
véritables violations des droits de l’homme est remise en question,
affaiblissant ainsi les efforts de justice et obscurcissant
la vérité".*Détail plus que éloquent qui montre que cette
« désinformation » fait, malheureusement, un tabac en Grèce* :* selon un
dernier sondage, les dirigeants étrangers les plus populaires en Grèce,
sont d’abord M. Poutine et ensuite M. Trump...
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d’aide financière à l’investissement.
Un message, un commentaire ?