Édition du 17 décembre 2024

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Cultures, arts et sociétés

Revue de presse internationale

Revenir aux valeurs ?

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Combien de fois nous sommes nous posés cette même question depuis qu’à commencer cette crise éternelle : la détérioration de notre système économique social culturel et politique ne va t elle pas de pair finalement avec la détérioration de la qualité des personnes ?

C’est cette question que pose aujourd’hui toute l’édition d’El Pais à Madrid. Et le plus grand quotidien espagnol s’en explique : il s’agirait maintenant de comprendre vraiment d’où vient la crise mais pas en terme de macro économie ou en terme de politique globale, non, en terme de société.

Dans le modèle américain c’est la société qui décide de la valeur des individus : il y a les bons et ceux qui nuisent à la société et qui méritent pour cela l’emprisonnement voir la mort. En Espagne et dans l’Union Européenne la doctrine est différente, ce sont les mauvaises conditions de vie qui créent les criminels et c’est donc en améliorant les conditions de vie de tous que l’on lutte efficacement contre la criminalité, via des politique de réinsertion. D’un côté on pense que le mal est l’essence de certains individus qu’il faut écarter ; de l’autre, que la société est collectivement responsable de ce qu’elle subit.

Alors, interroge el Pais, si on applique ces deux modes de pensée à la crise on pose cette question : est ce l’ignominie des financiers qui a provoqué la crise de tout notre système ?
ou bien est ce tout système néolibéral qui a lui même provoqué l’ignominie des dits financiers qui ont finalement précipité notre chute ?

Difficile à dire n’est ce pas ? Mais ce qu’il y a de certain, reprend el Pais, c’est que dans les deux cas il y a ce même contexte : le contexte de la société du low cost dans laquelle tout est de courte durée, de l’obsolescence programmée des objets jusqu’aux relations, aux amitiés, aux amours que l’on veut brefs et que l’on multiplie.
Ceci finit par donner l’impression que rien n’a d’importance, que plus rien n’a de valeur et c’est en cela que nous traversons une crise de civilisation.

Un exemple dit El Pais : il y a seulement un demi siècle, la réputation, l’honneur était ce qui définissait le mieux un personne ; aujourd’hui chacun peut changer d’avis, mentir, fuir ses responsabilités. L’affaire du Concordia dont le capitaine a abandonné le navire en naufrage est un symbole fort de cette crise morale. Etre une personne honnête ne cadre plus dans cette société fractionnée, une société où apparemment nul n’a plus besoin de l’autre. C’est bien là, la base de la crise que nous traversons, car sans moralité il n’y a pas de confiance et sans confiance il n’y a pas de collectif donc plus de représentativité, donc plus de démocratie.

C’est ce à quoi il faut prendre garde continue encore El Pais... nous pensons vivre une révolution mais c’est une volte face, un retour en arrière !!!

Et c’est précisément ce que le nouveau gouvernement de droite nous propose, rajoute el Periodico qui comme toute la presse espagnole ce matin revient sur cette mobilisation qui a envahit hier 57 villes du pays contre la réforme du travail votée par le gouvernement de Rajoy.
Des centaines de milliers de personnes ont défilé sous la banderole non au Guantanamo du travail...
Non à cette réforme là qui fait des travailleurs des objets d’obsolescence programmée, non à la corruption non à l’austérité !
Cette réforme qui veut plus de flexibilité sur le marché du travail autorise notamment les entreprises fragilisées à revenir sur les accords collectifs
à modifier le temps de travail à faciliter les licenciements pour qu’ils deviennent moins couteux pour les employeurs. « Une marche arrière sociale incroyable » dénoncent les syndicats qui dans les colonnes d’el Pais confient leur surprise d’avoir vu autant de monde défiler hier en Espagne.

Mais c’est un sacrifice nécessaire clame Rajoy à la une d’el Mundo toujours en Espagne ; nous n’avons pas le choix dans un pays où le chômage frappe 23% de la population active, il faut faire des sacrifices.

Sacrifice austérité rigueur,tout cela est absurde et a montré son incurie ! Clament pourtant de nombreux journaux internationaux ce matin.
« Cette recette ne fonctionne pas ! » titre par exemple le New York Times. La semaine dernière la commission européenne l’a elle même signifié : les économies soumises à l’austérité entrent en récession ! On le savait déjà, 3 générations d’économistes et d’historiens nous l’ont expliqué mais en Europe on persiste, la crise grecque le montre.
Alors bien sûr écrit cet éditorialiste américain : je comprends que les experts et autres personnes d’influence puissent avoir du mal a admettre leurs erreurs, mais lorsque ce qu’ils prenaient pour la plus grande des sagesse devient folie destructrice il est temps de faire marche arrière non ?

Et il n’y a pas que le New York Times sur cette ligne... le pourtant très conservateur Daily Telegraph en Brande Bretagne se lance dans une diatribe similaire sous ce titre : comment Bruxelles détruit la Grèce et le reste de l’Europe... incompétente et maintenant insensible... l’Europe tombe désormais en pleine faute morale !

Une faute qui va emmener les grecs et beaucoup d’européens vers leur prochain cauchemar et il sera politique... poursuit Al jazeera. Saignés à blanc les citoyens européens peuvent non seulement tomber dans le populisme mais il y a pire encore, ils pourraient tout simplement refuser de reconnaitre l’état... et tomber collectivement dans l’illégalité... renchérit la BBC... là est le danger !

Le danger ou la sortie considère pour sa part la Gazeta Wyborzca en Pologne. On peut y voir aussi avec un œil plus optimiste a remise en cause de tout le système par le peuple avec un objectif : sauver l’essentiel, à savoir la démocratie et l’idée de la construction européenne. Cela, seuls les citoyens européens peuvent le faire ; et le quotidien polonais conclut : c’est donc sans doute les peuples qui sont en train de sauver l’Europe !

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