La mise à jour des données et la présentation de la méthode adoptée par les chercheurs de l’IRÉC montrent que la position de la Caisse demeure sensiblement la même que celle documentée dans la note de recherche, qu’il y a une contradiction entre certaines données fournies par la Caisse à la base de données « Thomson One » de Thomson Reuters et ce que l’on retrouve dans son Rapport et qu’enfin la Caisse a recours à une astuce pour présenter la compagnie Enbridge.
La mise à jour de la valeur des placements de la Caisse en entreprises cotées en bourse de l’industrie des sables bitumineux au 31 décembre 2011 montre qu’elle était de 5,8 milliards de dollars, soit 12,5 % du portefeuille en actions d’entreprises cotées en bourse. En examinant la part des entreprises du secteur des sables bitumineux dans les dix premiers titres du portefeuille de la Caisse, l’indice de concentration est similaire à celui noté précédemment, soit cinq titres sur les dix associés aux sables bitumineux, c’est plus de 10 % du portefeuille en actions de la Caisse.
Concernant les investissements au Québec, le chercheur demande à la CDP de rendre public ses chiffres plus récents concernant les placements de la Caisse au Québec. En se fiant à une publication de l’été 2011 de la Caisse « Point de vue, Hors série, Rôle de la Caisse dans le développement économique du Québec », la donne reste la même : la Caisse investit plus dans les sables bitumineux qu’elle ne le fait dans Hydro-Québec ou dans les entreprises québécoises cotées en bourse ou en placement privé. « Heureusement, constate le chercheur, son important portefeuille immobilier au Québec dépasse de loin les placements dans les sables et évidemment la part de titres de la dette du gouvernement du Québec ».
Sur le plan méthodologique, Éric Pineault a indiqué que le calcul est basé sur des données provenant de la base de données « Thomson One » de Thomson Reuters. Les informations sur le portefeuille de la Caisse proviennent donc de la Caisse elle-même. Il souligne également que dans le cas d’Enbridge, la Caisse présente dans son dernier rapport annuel de 2010 une participation de 62 500 actions. « Or, constate le chercheur, selon les données que la Caisse a elle-même déposée et que nous obtenons sur Thomson, ce montant au 31 décembre 2010 était de 69 400 000 actions, une différence extrêmement importante. L’impact en terme de valeur de placement est immense. Selon le Rapport annuel de la Caisse, ce n’est qu’un placement d’une valeur de 3,5 millions $ alors qu’en fait le placement au 31 décembre 2010 valait 1,96 milliard $ ».
Il a conclu la note avec la liste des entreprises comprises dans le groupe du secteur des sables bitumineux et en débusquant la méthode utilisée par la Caisse pour présenter la compagnie Enbridge. En effet, la Caisse souligne qu’elle est une entreprise somme toute périphérique puisque plus de 70 % de ses revenus proviennent du secteur gazier. Or, en mesurant non seulement sa participation dans un secteur avec son aspect économique, mais également avec sa composante de politique d’appui au développement du secteur, le portrait change du tout au tout.
« Qui connaît le débat entourant les perspectives de développement futur des sables bitumineux, explique le chercheur, sait le rôle déterminant que joue actuellement Enbridge en proposant deux voies de sorties essentielles pour le pétrole brut des sables bitumineux soit le projet Northern Gateway dans l’Ouest ou le projet Trailbreaker dans l’Est. Qui plus est, Enbridge et ses filiales transportent actuellement l’essentiel du pétrole des sables bitumineux vers les États-Unis et fournissent aux producteurs un réseau de pipelines en Alberta essentiel à l’extraction et au traitement de la ressource ».
Pour consulter le document : http://www.irec.net/upload/File/miseajourcdp150212.pdf