4 avril 2024 | tiré du site de la CSQ
https://www.lacsq.org/actualite/comment-reduire-les-inegalites-de-richesse-au-quebec/
Avec la crise du logement et les difficultés croissantes d’accès à la propriété, les effets concrets des inégalités de patrimoine et de richesse se font de plus en plus sentir. Alors que les inégalités de revenu peuvent être réduites par la fiscalité, les services publics et les luttes syndicales pour de meilleures conditions de travail, les inégalités de patrimoine explosent et passent pourtant sous le radar des politiques publiques et fiscales.
L’état des inégalités au Québec
Au Québec, en 2019, les 10 % des familles les plus riches accaparent, en moyenne, un revenu 9 fois plus élevé que celui des familles faisant partie des 40 % des plus pauvres. Or, ces mêmes familles les plus nanties possèdent, en moyenne, un patrimoine 76 fois plus élevé que celui des 40 % des familles les plus pauvres ! Qui plus est, les 20 % des familles les plus nanties possèdent 68 % de la richesse accumulée alors que les 40 % des familles les plus pauvres ne possèdent que 3 % du patrimoine.
Ces inégalités criantes ne sont pas neutres et touchent principalement les femmes, les locataires et les populations marginalisées.
Quels effets ?
Les effets des inégalités de richesse sont connus et bien réels. Par exemple, ce sont notamment d’importants déterminants des inégalités sociales de santé, de réussite scolaire et d’égalité des chances. Ainsi, les inégalités de richesse et de patrimoine contribuent à compromettre une mobilité sociale qui est de plus en plus en panne au Québec et au Canada.
Quels leviers d’action ?
On oublie souvent que les inégalités croissantes de richesse ne vont pas nécessairement de soi et sont le fruit de décisions collectives. Dit autrement, il s’agit d’une question foncièrement politique et morale. Si nous souhaitons ne pas reproduire les niveaux d’inégalités que l’on retrouve aux États-Unis, le laissez-faire ne peut perdurer.
Heureusement, des solutions existent ! Qu’on pense à l’amélioration des régimes de retraite publics, à la pleine imposition des gains en capitaux, à l’imposition d’une partie des gains en capital sur la vente de la résidence permanente, d’un impôt partiel sur les héritages de plus d’un million, etc. L’accroissement des inégalités n’est pas inévitable, il relève davantage d’un manque de volonté politique à agir sur ces causes.
Pourtant, selon un récent sondage, dont les résultats ont été présentés pendant l’évènement, la population québécoise est majoritairement favorable à plusieurs mesures visant à réduire les inégalités de richesse.
L’endettement comme générateur d’inégalités au Québec
3 avril 2024 | par Geoffroy Boucher et Sandy Torres
https://observatoiredesinegalites.com/endettement-inegalites-quebec/
Cette note d’analyse est la troisième d’une série explorant les liens entre les inégalités de patrimoine et de santé. Si l’étude du patrimoine dans sa globalité est éclairante à bien des égards, un examen plus approfondi de la dimension de l’endettement met en lumière certaines disparités, notamment en matière d’accès au crédit et de capacité d’emprunt. En quoi l’endettement influence les inégalités au Québec et plus particulièrement les inégalités sociales de santé ?
Faits saillants
- La dette des familles moins nanties est majoritairement composée (74 %) de dettes à la consommation. Pour les familles les mieux nanties, c’est l’inverse : la dette est principalement (78 à 86 %) de nature hypothécaire.
- Le prêt hypothécaire est le principal facteur d’accumulation de richesse pour un grand nombre de familles au Québec. De 1999 à 2019, la dette hypothécaire a augmenté de 154 milliards de dollars, alors que la valeur des actifs immobiliers a augmenté de 503 milliards de dollars.
- L’accès au crédit est toutefois inégal. 1 personne sur 5 ayant déjà fait une demande de crédit s’est déjà fait refuser celle-ci. Cette proportion est plus élevée chez les hommes (23,2 %), les personnes autochtones (38,5 %), les personnes racisées (28,4 %) et les personnes à plus faible revenu (25,6 %).
- Les personnes n’ayant pas accès au crédit dans les institutions financières se tournent parfois vers des prêts alternatifs à des taux d’intérêt très élevés. Au Québec, 3,7 % des personnes ont eu recours à des prêts alternatifs au cours des 24 derniers mois, tels que des prêteurs non bancaires en ligne, des prêteurs sur gages ou sur salaires. Cette proportion est plus élevée chez les femmes (4,3 %), les personnes racisées (7 %) et les personnes autochtones (9 %).
- Parmi les personnes ayant des dettes, 28 % éprouvent des difficultés de remboursement . Ces difficultés sont davantage observées chez les personnes qui ont eu recours au crédit pour pallier une situation difficile, telle qu’une perte d’emploi ou une maladie (70 %) ou une combinaison de difficultés économiques (62 %).
- Au Québec, les personnes ayant recours à l’endettement pour effectuer des dépenses courantes affichent un moins bon état de santé générale que celles n’y ayant pas recours. En effet, près du quart des ménages ayant un tel usage compensatoire du crédit perçoit sa santé comme mauvaise ou passable. Cette proportion est de 11 % chez les ménages qui n’ont pas recours à l’endettement pour effectuer des dépenses courantes.
- On observe une relation positive entre le niveau de stress autoévalué et la difficulté à rembourser ses dettes. Au Québec, le niveau de stress engendré par les dettes atteint une moyenne de 2,9 (sur une échelle de 1 à 10) chez les personnes ne présentant aucune difficulté à rembourser leurs dettes. Chez les personnes pour lesquelles le remboursement des dettes s’avère très difficile, le niveau de stress moyen grimpe à 9,8.
Pour lire l’étude : L’endettement comme générateur d’inégalités au Québec, cliquez sur l’icône :
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