Il y a néanmoins quelque chose qui attire l’attention dans Il était une fois dans mon pays, le projet subventionné par la ville de Québec que La CASA vient de terminer et qu’elle présentait au centre Durocher le 27 novembre 2021 au grand public.
La culture comme facteur d’affirmation collective
Il s’agit en effet de l’importance accordée à la culture, ou plutôt aux cultures latino-américaines, et à la nécessité de les faire vivre et revivre et surtout connaître auprès du public québécois. Mais avec un seul et même objectif : en faire tout en même temps un facteur d’affirmation collective et une clef pour faciliter l’intégration dans une relation d’égalité et de réciprocité avec les membres de la société québécoise d’accueil. Après nous, ne faut-il pas savoir d’où l’on vient pour mieux choisir la direction que l’on souhaiterait prendre ?
Puisqu’à cause de la pandémie, il n’a pas été possible de mener le projet en présentiel et donc d’organiser des ateliers de danses et de contes et légendes ainsi qu’il était prévu au départ, on a modifié le projet initial en demandant à chaque communauté latino de participer à la conception d’une video de 8 minutes qui mettrait en valeurs les caractéristiques culturelles de son pays d’origine, notamment en contant dans sa langue une de ses légendes ainsi qu’en faisant apercevoir les danses qu’on y pratique. En plus du Québec qui y participait de plein droit, 7 pays latinos ou apparentés ont décidé de jouer le jeu : Argentine, Haïti, Colombie, Chili, Brésil, Mexique, Pérou.
Et il faut le dire, le résultat en a valu la chandelle. Et en ce sens, bravo à Rodrigo Rodriguez pour la qualité professionnelle de son travail de vidéaste ! Car non seulement le projet a permis de stimuler la créativité culturelle des familles latino-américaines impliquées (parents comme enfants) dans ces 7 projets, mais encore il a permis de réaliser des videos de qualité faisant connaître bien des particularités culturelles latino-américaines et qui pourront dorénavant être à la disposition, dans les bibliothèques de la ville, de ceux et celles, enfants comme parents, qui voudraient mieux connaître les langues comme les réalités culturelles des peuples latino-américains.
La richesse culturelle des peuples des Amériques
Entre la légende brésilienne du petit gnome Sacy qui fait tourner le lait et effraye les animaux, et celle du fantôme de l’érablière qui oblige le bouilleur d’érable québécois à faire amende honorable ; entre la tragique histoire d’amour des volcans mexicains Ixtacihualtl et Popocatépetl et l’histoire de la soupe au giraumon haïtienne célébrant l’indépendance ; ou encore entre la légende du lama argentin ou les combats chiliens de Trentren Vilu et Caicai VIlu, et la légende de l’Eldorado colombien ou de Manco Capac et Mama Ocllo du Pérou, on a pu ainsi découvrir un peu de la richesse culturelle de peuples des Amériques, en somme tout ce qui permet à un peuple de se lier ensemble et d’exister comme tel. Non pas par nostalgie, mais comme manière d’exister ici et maintenant dans la société d’accueil et de lui faire bénéficier de toute la richesse de ces cultures dont elle hérite et qu’elle peut ainsi combiner de manière originale à la sienne.
N’est-ce pas aussi ainsi que l’on pourra faire advenir cette culture métissée qui pourrait caractériser le Québec de demain et lui permettre de devenir ainsi éventuellement souverain et indépendant de la plus belle manière qui soit ?
Messages
1. Il était une fois dans mon pays, 12 décembre 2021, 20:59, par Victor-H. Ramos
D’abord mes félicitations à Pierre Mouterde pour cet article qui fait très bien ressortir l’objectif du projet "Il était une fois dans mon pays" à savoir, faire de la culture plurielle latino-américaine un facteur d’affirmation collective et, en même temps, une pièce maîtresse pour faciliter l’intégration dans une relation d’égalité dans la société québécoise. En réalité, la culture, dans ses différentes expressions, a occupé et occupe une place clef en Amérique Latine, cela depuis les temps de la colonie jusqu’à maintenant, comme un fait social fondamental d’affirmation créative et d’autodétermination collective et de construction de l’identité latino-américaine. L’Amérique Latine est le seul ensemble de pays qui partage une matrice culturelle commune, avec quelques différences, et dont ses diverses cultures nationales ont en commun un esprit, une "intelligence américaine" (Alfonso Reyes) de création de liens des différences, bref de synthèse enrichissante. Mouterde a soulevé l’importance de la création des liens entre les cultures autres et celle de notre société pour bâtir le Québec d’aujourd’hui et de demain plus riche et libre grâce aux sources culturelles diverses dont il bénéficie actuellement. La CASA latino-américaine depuis sa fondation en 1984 a toujours bâti des ponts culturels et sociaux entre les Latinos du Sud et les Latinos du Nord.
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