Sébastien Dodge est un acteur, auteur et metteur en scène québécois.
Très cher Mathieu Lacombe
Très cher Mathieu Lacombe, ça fait un an ces temps-ci que nous avons amorcé notre résistance culturelle face à ce rouleau compresseur caquiste qui aime dont la culture commerciable à succès, les projets pharaoniques mal avisés et les pluies de chèques aux bons consommateurs.
Un an à résister, à proposer des solutions concrètes, à mettre sur un plateau doré toutes nos bonnes idées pouvant servir à redresser la situation pour des milliers d’artistes.
A expliquer comment il est important de renouer avec le public par l’éducation, par un passeport culturel soutenu par des ambassades culturelles de quartier, à taxer pour notre profit les Netflix de ce monde et comment il est plus qu’impératif de déclarer notre indépendance culturelle nationale.
Depuis un an, la plus grande coalition pour les arts vivants s’est organisée afin de défendre les demandes raisonnables qui assureraient la survie, même pas la croissance, la survie du milieu culturel à genoux.
Un an à discuter, à négocier, à demander, à proposer, à exiger. Nous avons ton oreille de ministre de la culture parait-il ? Et bien Mathieu, je sais que tu frétilles d’excitation quand on parle de hockey et de gros party historique de la St-Jean, mais aux dernières nouvelles, me semble que tu n’étais pas le ministre de la bière cheap pis des hot-dogs ? Non, tu es le ministre supposé chérir et protéger notre riche biodiversité culturelle. Alors va dire à papa Legault et à maman Girard de te donner plus d’argent de poche pour aider la culture la fin de semaine.
Car pour nous, les artisans des arts vivants, rien ne bouge. Rien. Nos conditions continuent de se dégrader, nos horizons s’amenuisent. Notre colère bouillonne.
Mais puisque la mathématique est importante, Mathieu, disons-le, 200 millions pour le CALQ est un minimum. Un seuil de survie. 200 millions pour l’ensemble du CALQ, c’est une broutille. Une poignée de change. On parle quand même ici de notre culture nationale en grand péril.
Oui, Mathieu, à cette demande de 200 millions. Évidemment, oui. Mais peut-on aussi penser que ces fonds pourrait servir à autre chose qu’à l’entretien du béton et à payer les factures d’électricité des institutions ?
Oui Mathieu, donnons plus de fond pour la création, l’exploration et les prises de risque. Tu sais surement que le risque créer le rendement.
Alors oui 200 millions, c’est une base élémentaire, on est tous d’accord.
Donc, ton cabinet et toi Mathieu, devez cesser de vous jouer de nos divisions dans les médias car ici, nous parlons tous d’une même voix : notre culture se meurt. Et si elle meurt, que pourrons-nous découvrir grâce à ton fameux concept de découvrabilité sur les plateformes numériques ? Nada.
Et je rajouterais, Mathieu, que si l’artisan de l’art vivant venait à disparaître, les scènes de théâtre seraient des condos, les musées seraient des condos, les bibliothèques des condos et les scènes musicales seraient poursuivies par tous les nouveaux propriétaires de condos.
Que les technocrates cessent de jouer leur petit jeu de politicaillerie alors que nous avons de plus en plus de difficultés à subvenir à nos besoins. Ça, c’est violent. Ça, c’est de la violence. Il en va de notre survie.
Car n’oublie pas, Mathieu, pas d’artiste pas d’institution culturelle, pas d’institution pas de culture, pas de culture pas de nation et pas de nation pas d’Assemblée Nationale.
Nous vaincrons.
Sébastien Dodge
Acteur et dramaturge
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